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DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL. Les vacances estivales peuvent être l’occasion d’une prise de recul pour faire un point sur sa carrière et choisir une formation à suivre à la rentrée. Certaines questions sont utiles à se poser pour déterminer le créneau qui offrira la meilleure rampe de lancement à nos ambitions.
Prendre en compte ses besoins personnels
« Un choix professionnel est aussi personnel », souligne Gilles Turcotte, coach professionnel et expert en formation et gestion de changement établi à Boucherville, en Montérégie. C’est d’autant plus vrai depuis que le télétravail déstructure les milieux de travail, avec des effets sur l’organisation du temps et la gestion du stress. « Il faut se demander si l’on est prêt à faire entrer le travail dans son lieu de vie et comment le concilier avec sa réalité personnelle », prévient-il.
C’est d’ailleurs un critère personnel qui a conduit Olivier Perreault-Jacques à s’inscrire à un DEP de 14 mois en charpenterie-menuiserie à l’École professionnelle de Saint-Hyacinthe, qui débutera en novembre. « Je suis parti de Montréal en décembre dernier, car c’était devenu très difficile économiquement », confie le diplômé de l’École d’ébénisterie d’art de Montréal qui a travaillé trois ans comme adjoint à la production dans l’entreprise d’économie sociale Le Boulot vers. En quittant la métropole, le jeune artisan ébéniste a réalisé que les débouchés seraient plus nombreux, et les salaires plus généreux, en construction et rénovation. Le financement de 475 $ par semaine offert par le gouvernement du Québec dans le cadre de de l’Opération main-d’œuvre, qui soutient des secteurs stratégiques comme la construction, lui permet de réorienter sa carrière tout en lançant un « atelier d’ébénisterie artisanale maison, pour le plaisir ».
Privilégier les compétences transférables
« On ne parle pas assez d’un facteur que j’appellerais “l’étendue” en gestion de carrière », estime Mathieu Guénette, conseiller d’orientation organisationnelle à Montréal, qui a créé et anime le balado de développement personnel Les Ambitieux.
Les formations centrées sur une technique pointue — un logiciel, par exemple — ont un champ d’application et une « durée de vie » plus limités que d’autres sur des compétences plus générales, telle la gestion de l’innovation. « Si l’on veut être polyvalent dans notre monde de plus en plus complexe, il faut arrêter d’avoir peur de l’abstrait », lance le conseiller. Il encourage les travailleurs à développer en priorité des compétences générales qui ne deviennent pas désuètes avec le temps et qui permettent de s’adapter. Comme l’automatisation des emplois entraînera le besoin de compétences davantage axées sur un rôle que sur un secteur ou un outil en particulier, « il vaudra mieux être agile dans un marché changeant », anticipe-t-il.
La directrice générale de la formation continue à l’Université Concordia, Isabel Dunnigan, observe également que les métiers et les défis évoluent rapidement. « Optimiser sa capacité de transfert, sa flexibilité et l’applicabilité de ses compétences dans tous les contextes — y compris ceux que nous ne connaissons pas encore — devrait être un objectif », avance-t-elle.
Bien se connaître
« Il faut être conscient de ses forces et de ses limites et avoir l’intention de mettre sa formation en pratique », estime André Amyot, directeur talent et culture à Contrôles Laurentide. L’approche pratique de la formation « Gestionnaire performant » d’ETS Formation, le service de perfectionnement et de formation continue de l’École de technologie supérieure, a d’ailleurs été déterminante lorsqu’il a choisi de la proposer à une quarantaine de gestionnaires en 2021 et 2022, qui ont pu la suivre au sein de l’entreprise. « La méthodologie d’ETS Formation était très adaptée, car ce sont des personnes qui ont besoin de simulations, de scénarios, et de participer en équipe », explique-t-il. Ce programme axé sur des compétences humaines répondait aussi aux besoins de la plupart des gestionnaires nouvellement promus (ingénieurs, techniciens, personnes en service à la clientèle), qui n’avaient pas été formés au leadership et à la gestion, souligne André Amyot. Il s’apprête d’ailleurs à proposer la même formation à une cohorte d’employés à fort potentiel, afin de les préparer à éventuellement devenir gestionnaires.
« Je vois trop souvent des personnes voulant monter une échelle qui n’est pas la leur », observe pour sa part Mathieu Guénette, qui aide ses clients à préciser leur profil à l’aide de tests d’intérêts. Gilles Turcotte invite également les siens à évaluer leur tolérance au risque. « On doit de plus en plus apprendre à travailler sans les balises claires que nous avions auparavant, notamment parce qu’on manque de gestionnaires », constate-t-il. Mieux vaut donc se renseigner sur les tendances dans le secteur d’activité vers lequel on souhaite se diriger. « S’il faut être constamment en mode d’autoformation par exemple, cela suppose d’avoir un esprit d’initiative et d’innovation », rappelle-t-il.
Trois questions qui peuvent orienter son choix de formation
● Les compétences développées dans les programmes (humaines ou spécialisées) sont-elles transférables ?
● La formation donne-t-elle des occasions d’apprendre par la pratique (courts stages, projet terrain) et ses modalités sont-elles souples (hybrides, en partie asynchrones) ?
● Les acquis antérieurs (études, expérience de vie personnelle et professionnelle) seront-ils reconnus comme des atouts complémentaires au terme de la formation choisie ?
Source : Isabel Dunnigan, directrice générale de la formation continue à l’Université Concordia