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Les formations en technologies en vogue

Isabelle Delorme|Publié le 15 juin 2022

Les formations en technologies en vogue

Les certificats en cybersécurité déjà proposés par Polytechnique Montréal ont accueilli 34 personnes en 2015 et 490 en 2021. (Photo: 123RF)

DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL. Les demandes d’expertise dans les domaines techniques (hardskills) ont augmenté de près de 10 % par rapport à 2020, constate la plateforme Boomrank dans son Baromètre de la formation continue 2021. La cybersécurité et l’intelligence artificielle (IA) sont particulièrement prisées.

Les formations en technologies deviennent nécessaires aux travailleurs, car ceux-ci les utilisent de plus en plus à toutes les sauces, observe Yves Blanchet, chargé de cours à l’Université de Montréal et chercheur à l’Observatoire compétences-emplois. « La pandémie vient d’accélérer cette tendance », précise-t-il. Les formations permettant aux employés de travailler à domicile sont devenues à la mode pour retenir la main-d’œuvre. Dans le secteur manufacturier, les entreprises doivent former leur personnel à l’utilisation accrue de la robotisation et de l’automatisation, note également le professeur.

Yves Blanchet (Photo: Cassiane Blanchet)

Du côté de Polytechnique Montréal, « le numérique s’est imposé au cours des 10 dernières années comme un pilier aussi important que les mathématiques pour tous les ingénieurs », constate Pierre Baptiste, directeur des affaires académiques et de l’expérience étudiante. Ainsi, près de 1 800 personnes sont inscrites à des formations dans ce domaine qui inclut l’IA, les données massives, l’industrie 4.0, l’Internet des objets, la robotique et l’automatisation. « Aucun secteur industriel ou de services n’y échappe et tous les ingénieurs et techniciens doivent y être formés », estime le directeur.

L’établissement commence aussi à répondre aux besoins de formation en développement durable exprimés par son milieu professionnel. Ce domaine devient un autre socle incontournable dans tous les types de génies, croit Pierre Baptiste. Polytechnique Montréal travaille d’ailleurs sur un nouveau certificat en environnement, mais il faudra attendre encore un peu pour que les formations dans ce domaine se multiplient au Québec. Malgré l’encouragement du gouvernement à prendre conscience des besoins de formation dans le domaine de l’environnement, Yves Blanchet n’observe pas encore de changement notable sur le terrain. 

En revanche, les formations permettant de se familiariser avec l’IA ont le vent en poupe, observe le chercheur. « Elles permettent aux employés de comprendre ce qu’est l’IA et de l’utiliser dans leur milieu de travail. » 

C’est cette compétence que Jean-François Leblanc, ingénieur de procédé chimique à l’usine de Sorel-Tracy de Rio Tinto Fer et Titane, est allé chercher en participant à un atelier de deux jours de l’organisme Moov AI. « Cette formation augmente mon bagage et mon horizon. Elle me permet aujourd’hui d’identifier des potentiels pour amener nos procédés chimiques à un autre niveau en termes d’automatisation », se réjouit celui qui a proposé à sa direction trois idées de projets de développement en IA dans son usine. Le projet retenu contribuera à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

 

La cybersécurité explose

« Les entreprises ont pris conscience du danger des fraudes, dont certaines – comme celle subie par Desjardins – ont été très médiatisées », remarque Yves Blanchet, qui note également un engouement pour les formations en cybersécurité. Polytechnique Montréal s’apprête à ouvrir en septembre une nouvelle maîtrise professionnelle dans ce domaine. Les certificats en cybersécurité déjà proposés ont accueilli 34 personnes en 2015 et 490 en 2021. « C’est une explosion ! », résume Pierre Baptiste, pour qui les besoins de formation sur le terrain d’ingénieurs et de techniciens sont évidents et touchent toutes les entreprises. 

La formule rapide des certificats est très adaptée pour se former dans des technologies qui demandent des mises à jour fréquentes, souligne-t-il. Or pour garder leur emploi, en changer, ou obtenir une promotion, les employés devront continuer à se former dans les années à venir. « La technologie est omniprésente et changeante, rappelle Yves Blanchet. La transformation a été plus rapide pendant la pandémie, mais elle va se poursuivre ensuite. »