En août 2022, Me Stéphanie Auclair quittait un grand bureau pour fonder Altalex, à Québec. (Photo: courtoisie)
DROIT DES AFFAIRES. La compétition est forte pour recruter des avocats en droit des affaires actuellement. Cela ne veut pas dire pour autant que les cabinets et les entreprises revoient tous leurs critères à la baisse. Dans ce contexte ultra compétitif, que faut-il pour être un candidat attirant ?
Les attentes des employeurs envers les compétences informatiques des candidats montent en flèche ces dernières années, et le droit des affaires n’y échappe pas. Les firmes d’avocats investissent dans des technologies qui automatisent certaines tâches, notamment la collecte de données à grand volume, l’examen, les traductions, les processus répétitifs et de plus en plus la génération de documents. L’évolution numérique du droit dépasse donc le simple recours aux technologies de conférence virtuelles.
« La pandémie a accéléré le virage numérique et les avocats n’étaient pas nécessairement en avant de la parade de ce côté, en particulier les plus expérimentés, qui doivent s’ajuster », souligne Dominique Tardif, présidente de l’agence de recrutement d’avocats et de notaires ZSA Québec.
Répondre aux attentes
Si les jeunes peuvent sembler avoir un pas d’avance sur leurs collègues plus âgés dans la transition numérique, ils rencontrent d’autres défis ailleurs. « Les cabinets recherchent des avocats qui montrent une assez bonne tolérance au stress, parce qu’il y en a énormément dans un bureau », note Caroline Haney, propriétaire de Haney recrutement juridique.
Les firmes s’attendent aussi à ce que leurs avocats acceptent de travailler beaucoup, ce qui entre parfois en conflit avec les désirs des plus jeunes, pour qui le maintien d’un équilibre entre la vie personnelle et professionnelle est primordial. « Les jeunes avocats doivent comprendre que le modèle d’affaires des cabinets et les revenus des avocats restent encore beaucoup basés sur la vente d’heures, poursuit la recruteuse. S’ils souhaitent toucher un salaire à la hauteur de leurs espérances, ils ne peuvent pas nécessairement “puncher” à 17 heures. »
Dominique Tardif ajoute de son côté que les clients, qui paient le gros prix pour les services du cabinet, ont eux aussi des attentes. « C’est moins populaire qu’avant l’idée de faire de longues heures ou d’être disponible le samedi matin, mais quand le client appelle, on doit lui répondre », souligne-t-elle. Elle remarque que les bureaux s’efforcent de donner de la flexibilité à leurs employés, mais qu’en fin de compte, préserver la relation avec le client demeure le plus important.
Compétences transversales
Les compétences non techniques (soft skills) gagnent aussi en importance en raison d’un contexte économique plus compliqué, qui fait grimper le stress des dirigeants d’entreprise et qui les rend parfois plus émotifs. « Les avocats doivent savoir se mettre dans la peau de leurs clients et surtout arrimer leurs connaissances légales à la réalité d’affaires du client, explique Caroline Haney. Ce n’est pas toujours aussi facile que l’on croit et j’entends souvent des dirigeants d’entreprise se plaindre d’avoir été mal compris par leurs avocats. »
Pour y arriver, on doit faire preuve d’écoute, certes, mais également se montrer curieux et lire sur l’industrie dans laquelle le client évolue. Acquérir des connaissances de base sur certains aspects du monde des affaires est en outre extrêmement utile au moment où les avocats deviennent plus des conseillers d’affaires que de simples ressources légales. « Un avocat d’affaires qui dispose de certaines connaissances en comptabilité et en fiscalité, par exemple, peut voir apparaître certains enjeux plus vite, ce qui joue en sa faveur », illustre Dominique Tardif.
Des candidats exigeants
Reste que ce n’est peut-être pas du côté des qualités recherchées par les employeurs que l’on a vu les plus gros changements au cours des dix dernières années. « Ce qui a le plus changé, ce sont les exigences des jeunes candidats envers leurs employeurs », croit Dominique Tardif.
Selon elle, plus de jeunes qu’avant s’attendent à un soutien efficace de leurs employeurs en ce qui concerne leur apprentissage et la progression de carrière. Ils recherchent également un milieu de travail agréable et se montrent très sensibles au niveau de reconnaissance qu’on leur accorde.
« Le salaire reste important, mais il ne fait plus nécessairement foi de tout, et le plaisir au travail compte aussi beaucoup », précise la recruteuse.