Catherine Ouimet, nouvelle directrice générale du Barreau (Photo: courtoisie)
DROIT DES AFFAIRES. Au terme de deux ans de travail, le Barreau du Québec a lancé en juin le Guide des meilleures pratiques écoresponsables pour les services juridiques. Ce nouvel outil, réalisé en collaboration avec le Jeune Barreau de Québec et le Centre québécois de développement durable (CQDD), a pour objectif d’encadrer la profession autour des questions environnementales, de placer la lutte contre les changements climatiques au cœur des dossiers stratégiques prioritaires du Barreau et d’encourager les avocats à devenir des agents de changement dans la société.
Responsabiliser le milieu
Si l’idée d’encourager des pratiques plus consciencieuses au sein du droit peut sembler aller de soi, l’organisation a mis un certain temps pour articuler la problématique propre au droit, se souvient Me Catherine Ouimet, nouvelle directrice générale (DG) du Barreau. Au-delà de la simple consommation d’énergie et de papier dans les bureaux, l’impact du monde juridique sur l’environnement devait être clairement formulé pour que la profession se sente le plus concernée possible, dit l’avocate.
« À la base, on avait reçu une demande de la part du Jeune Barreau de Québec, composé de jeunes avocats de dix ans et moins de pratique dans la région de la capitale, de se pencher sur le sujet, dit la DG. Et on s’est vraiment posé la question de notre rôle dans ce défi-là. La réponse est venue de nos membres, car à l’assemblée générale annuelle de 2022, 72 % d’entre eux ont approuvé une motion pour que le Barreau creuse la question. »
Articulé autour de 17 enjeux, spécifiques à la profession ou non, comme l’éthique des affaires, la gouvernance, la gestion de l’eau et de l’énergie, le guide fait près de 40 pages. Rédigé dans un langage accessible, il est organisé selon trois « niveaux de progression » : d’abord, l’engagement des avocats dans leur propre pratique, dans leur interaction avec les clients, puis à l’égard de la société.
Ce travail a permis de mettre en lumière le rôle des avocats dans la défense de l’environnement, celui « d’influenceur », dit Me Catherine Ouimet. « Ce qu’on essaie de faire avec ça, c’est de les influencer à avoir des meilleures pratiques, oui. Mais on est allés un peu plus loin, c’est-à-dire qu’on a aussi essayé de concevoir comment l’avocat, lui, dans sa pratique, peut conseiller son client. Donc on a voulu jouer sur cette influence auprès des clients, sans bien sûr intervenir dans la relation avocat-client. »
Être un exemple
Le troisième niveau de progression met en lumière l’influence de la profession sur un plan plus sociétal. « On sait que les avocats sont présents dans différentes sphères de la société, donc on voulait qu’ils sentent aussi une certaine mission de donner l’exemple, dit-elle. Ils jouissent d’une grande influence, notamment dans l’implantation de politiques publiques. Le troisième pôle s’applique aux interventions dans l’espace public, auprès des sphères décisionnelles. C’est ce troisième pilier qui touche plus à l’impact social de la profession. »
Pourquoi était-il important de mettre de l’avant ce rôle d’influence pour l’organisation ? « Tout le monde ne croyait pas que les avocats ont nécessairement une responsabilité sociale importante, répond Me Catherine Ouimet. Alors on voulait rendre visible ce pouvoir qu’ils ont et les encourager à l’utiliser à bon escient en mettant en lumière de grands enjeux sociaux et planétaires, comme c’est le cas pour l’environnement ».
Faites ce que je dis, et ce que je fais
Il allait de soi pour le Barreau qu’il fallait que ces valeurs soient incarnées à la maison également. Le processus menant à la rédaction du guide a donc été pluriel, et a inclus une enquête sur les pratiques de l’ordre, un calcul de son bilan carbone et de ses sources d’énergie. « C’était très important d’agir en premier à l’interne, pour avoir un sentiment d’exemplarité, dit la DG. Le Barreau se veut une organisation qui évolue avec la société, un employeur, un citoyen corporatif. C’était important que l’on réduise notre empreinte. »
La beauté du Guide des meilleures pratiques écoresponsables pour les services juridiques est son accessibilité, dit Me Catherine Ouimet. « N’importe quelle entreprise peut le consulter et s’en inspirer. Il vise les bureaux d’avocats, mais ce sont des connaissances dont tous peuvent bénéficier. »
L’organisation ne souhaite pas s’arrêter là et veut poursuivre la réflexion. « On va instaurer des formations pour les membres et garder nos comités. On a un mandat d’amélioration pour notre bilan environnemental. Ça fait maintenant partie des dossiers stratégiques en continu ».