L’avocat d’affaires, un allié de choix pour les jeunes pousses
Céline Gobert|Édition de la mi‑septembre 2022Pour Me Richard Laramée, associé directeur du cabinet en droit des affaires DS Avocats, il est clair que, dès le début de l’aventure entrepreneuriale, l’avocat est un partenaire d’affaires. (Photo: 123RF)
DROIT DES AFFAIRES. Les avocats d’affaires sont depuis longtemps des alliés de choix pour les entrepreneurs en démarrage. Au-delà de l’aide qu’ils apportent à leurs clients pour gérer la « paperasse », ils vont surtout leur permettre de développer une solution juridique personnalisée en fonction de leur stratégie d’affaires. Le Québec s’étant récemment doté d’un plan en entrepreneuriat de trois ans qui vise à favoriser l’entrée sur le marché de nouvelles entreprises, Les Affaires se penche sur la relation privilégiée qui s’établit entre ces deux partenaires.
« Avec son expérience et sa connaissance des pratiques du marché, l’avocat a un rôle d’éducation à jouer auprès de l’entrepreneur », explique Me Marie-Eve Ferland, associée à Novalex.
« Un fondateur doit bien connaître son entreprise, en plus d’avoir une vision claire, affirme celle qui compte près de 15 ans d’expérience en droit des affaires. L’avocat va l’aider à se poser les bonnes questions, que ce soit en matière de terminologie, de gestion des risques ou de structure de financement. »
Pour Me Richard Laramée, associé directeur du cabinet en droit des affaires DS Avocats, il est clair que, dès le début de l’aventure entrepreneuriale, l’avocat est un partenaire d’affaires.
« Les entrepreneurs sont excessivement intelligents, mais ils ne peuvent pas être des experts en tout, note-t-il. Les avocats vont leur permettre d’éviter certaines erreurs. On va leur expliquer l’importance d’avoir une incorporation ou bien une convention d’actionnaires, par exemple. »
Des choix personnalisés
L’un des premiers choix que le fondateur devra faire concerne la forme juridique de son entreprise : individuelle, société de personnes ou société par actions ?
Selon qu’il souhaite ouvrir un cabinet en service-conseil ou bien un restaurant, il n’optera pas pour la même structure. Ou peut-être que oui. Dans tous les cas, l’avocat l’aidera à décrypter les rouages du cadre juridique afin qu’il puisse faire un choix éclairé.
Le tout de façon personnalisée, rappelle Me Emmanuelle Paradis, avocate chez KPMG. « L’avocat va présenter les divers avantages et inconvénients en fonction de la situation de l’entrepreneur, dit-elle. Il y a certains contextes où son client devra prendre en compte des règlementations spécifiques à son cadre de travail, entre autres dans le secteur de la construction. »
Pour Me Ludovic Tremblay, fondateur du cabinet Consilium Services juridiques, chaque entreprise et chaque entrepreneur est différent. « Quand un client vient me voir, je m’assure aussi que, fiscalement et selon le contexte, ses choix ont du sens », souligne-t-il. Le juriste va notamment déterminer s’il est intéressant pour l’entrepreneur d’opter ou non pour l’incorporation, à la lumière de son chiffre d’affaires ou de sa vision à long terme.
Me Paradis et Me Tremblay ont d’ailleurs tous deux participé à la conception de la troisième édition du « Guide de démarrage de l’entreprise », publié en juillet dernier par le Jeune Barreau de Montréal (JBM), qui vise à vulgariser en 120 pages l’information juridique nécessaire aux entrepreneurs.
Un guide que la présidente du JBM, Me Alexandra Paquette, estime en adéquation avec la mission d’accessibilité à la justice de son organisme. « L’avocat peut s’y référer ou bien l’envoyer à son client, note-t-elle. Qui plus est, au sein de la profession, de plus en plus d’avocats démarrent leur propre cabinet, donc il leur sera également utile. »
Bâtir la confiance
La confiance d’un client ne se gagne pour autant pas en un claquement de doigts. Encore faut-il la bâtir.
Me Ferland privilégie pour ce faire une approche d’égal à égal. « Comme j’ai aussi été entrepreneuse, j’ai conscience de ce qu’implique le démarrage d’une entreprise ; je connais l’anxiété et les nuits blanches, les bons coups et l’adrénaline. »
De plus, l’avocate sait mettre à profit les confidences que lui font ses clients sous le couvert du secret professionnel. « On peut avoir des discussions honnêtes durant lesquelles on nous partage beaucoup d’informations sur des enjeux d’affaires, mais également sur des enjeux humains. Elles sont précieuses et vont teinter notre conseil juridique. »
Me Laramée estime quant à lui que la capacité d’écoute est le meilleur ciment de la confiance entre un avocat et un entrepreneur. « Il faut que l’avocat soit généreux de son temps et laisse les entrepreneurs lui communiquer leur passion, croit-il. C’est le plus important pour bâtir une relation à long terme. »
D’ailleurs, pour définir le rôle de l’avocat d’affaires, Me Marie Laure Leclercq, avocate-conseil au sein du cabinet De Grandpré Chait, évoque le terme anglais trusted advisor. C’est-à-dire conseiller de confiance.
« La confiance, c’est la base des relations humaines, rappelle-t-elle. Au-delà des chiffres et des papiers, il y a l’humain. En une fraction de seconde, le client nous regarde et se demande : “Est-ce que je peux lui faire confiance ?” » À son avis, il n’y a pas de truc pour faire bonne impression. « Je crois que la compétence, la réputation et les résultats jouent pour beaucoup. ».