Après la pandémie, des avocats ont pu constater un certain engouement de la part des Québécois pour une consommation plus locale. (Photo: 123RF)
Le marché du luxe, bien qu’encore en développement, s’ancre de façon plus marquée depuis les dernières années dans le paysage québécois. Qualité, proximité avec le client, vente à l’étranger… plusieurs caractéristiques sont importantes pour les entrepreneurs du luxe d’ici.
«Le Québec est une véritable plaque tournante et touche à la fois les marchés européens et américains», explique Me Cindy Ho, avocate associée à DS Avocats. Même constat du côté de Me Vincent Routhier, avocat associé au même cabine : le Québec et le Canada sont des «confluents des deux grands marchés de la planète». Selon lui, l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (UE) et l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) ouvrent les plus grands marchés du monde «favorisant ainsi la créativité québécoise». Grâce à cela, dit-il, « un produit québécois peut atteindre 800 millions de consommateurs. »
Selon les deux avocats, le marché du luxe au Québec connaît donc son succès principalement grâce à l’exportation, mais pas seulement. Après la pandémie, ils ont pu constater un certain engouement de la part des Québécois pour une consommation plus locale. «Postpandémie, ça n’a pas été facile pour le marketing de masse, explique Me Routhier. Les gros conteneurs de marchandises venus de Chine ne pouvaient plus se rendre jusqu’au port de Montréal. Ainsi, les gens se sont tournés davantage vers le plus beau, le plus fin, le plus local et le plus dispendieux».
Même explication du côté de Me Ho qui a vu ses clients, pour la plupart des entrepreneurs ou des professionnels, investir ailleurs que dans des périples à l’étranger. «Le budget voyage ayant été coupé, ils se sont intéressés à d’autres choses et ont pu investir dans des produits de luxe, plus qu’auparavant.». De plus, l’explosion des ventes en ligne, en raison de la crise sanitaire, a aussi favorisé le marché québécois. «Beaucoup ont eu l’occasion d’enfin se faire connaître localement et à l’international», ajoute l’avocate.
Un marché en pleine croissance
«Le marché du luxe au Québec n’est pas complètement développé, mais il est en pleine expansion», pense pour sa part Me Nathaly Vermette, avocate au sein de DS Avocats. Ces dernières années, elle a observé un intérêt plus grand dans son domaine de spécialité, l’accès à la propriété intellectuelle. «Beaucoup plus de personnes ont voulu enregistrer leur marque pour des produits de luxe», constate-t-elle. Selon Me Vermette, plusieurs entreprises misent sur la valeur de cette propriété. «Un des plus gros actifs pour une entreprise, après l’immobilier, c’est son savoir-faire, sa marque de commerce, ses connaissances…»
L’immobilier a lui aussi une «grande valeur» au Québec et s’avère «très compétitif» selon Me Ho. «Comparativement à la région de Toronto ou de Vancouver, Montréal, et le Québec sont encore des endroits accessibles, avec des taux plus intéressants en termes d’accès aux capitaux», affirme-t-elle.
Influenceurs et réseaux sociaux
Pour Me Ho, le Québec se démarque dans certaines industries, par exemple les vêtements. «Les gens investissent dans la qualité pour des manteaux qui contrent le froid par exemple ; c’est une industrie très technique et souvent locale», ajoute-t-elle.
Durant la pandémie, les habitudes d’utilisation des technologies ont quotidiennement exposé les consommateurs aux produits de luxe notamment à travers les influenceurs et les réseaux sociaux selon Me Nathaly Vermette.
«Cela a eu pour effet d’augmenter significativement les ventes locales, mais ça a également inspiré les créateurs locaux qui ont pu créer des produits de luxe inspirés par ce qui se faisait ailleurs dans le monde».
La créativité d’ici a aussi pu tirer profit de l’augmentation de l’utilisation d’internet pendant la crise sanitaire. «Bon nombre d’entreprises canadiennes et québécoises ont eu l’occasion de se tourner vers les ventes en ligne, explique Me Vermette. Ça leur a permis de se faire connaître davantage, localement mais aussi à l’international».