Des manifestants à une marche «Stop Climate Horror», le 31 octobre 2021, à Édimbourg, Royaume-Uni. (Getty Images)
Les pays du G20 n’arriveront pas les mains vides à la conférence de Glasgow sur le climat, mais les engagements sur lesquels ils se sont entendus dimanche à Rome laissent sur leur faim les organisations de défense de l’environnement.
Une déclaration qui va légèrement au-delà de l’accord de Paris sur l’objectif de limitation du réchauffement climatique à +1,5 °C, avec un engagement à ne plus subventionner les centrales au charbon à l’étranger. Mais pas de date claire pour sortir complètement du charbon ou des énergies fossiles ni pour arriver à la neutralité carbone.
«Si le G20 était une répétition en costumes pour la COP26, alors les leaders mondiaux ont raté leur réplique», a estimé Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International. Et de dénoncer un communiqué final du G20 «faible, manquant d’ambition et de vision».
«Tout ce que nous avons vu, c’était des demi-mesures plus que des actions concrètes», a renchéri Friederike Röder, vice-présidente de Global Citizen.
Après leur sommet romain, les dirigeants du G20 partiront directement pour Glasgow, où s’est ouvert dimanche la conférence climat de l’ONU, une réunion de deux semaines considérée comme cruciale pour l’avenir de l’humanité. Et le signal qu’allait envoyer ce groupe, qui réunit les principales économies développées (UE, États-Unis) mais aussi de grands émergents comme la Chine, la Russie, l’Inde ou le Brésil, était d’autant plus attendu que ces pays représentent 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Ils peuvent « faire le succès ou enterrer l’espoir de garder l’objectif de à +1,5 °C à portée », a commenté Alok Sharma, président de la COP26 qui accueillera lundi plus de 120 dirigeants du monde à Glasgow.
Le projet de communiqué final du G20 consulté par l’AFP, négocié jusqu’au bout de la nuit de samedi à dimanche, réaffirme l’objectif de l’accord de Paris de 2015, à savoir « maintenir l’augmentation moyenne des températures bien en dessous de 2 °C et poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5 °C au-dessus des niveaux pré-industriels ».
Mais il insiste en ajoutant: « Conserver (l’objectif de) 1,5 °C à portée nécessitera des actions et des engagements significatifs et efficaces de tous les pays ». Soit un « langage plus fort » qu’en 2015, ont assuré à l’AFP deux sources participant aux négociations.
Neutralité carbone « au milieu du siècle »
Les pays du G20 se sont également entendus pour mettre fin « à l’octroi de financement public à l’international pour de nouvelles centrales électriques au charbon d’ici la fin de 2021 ». Il ne donne pas en revanche d’objectif pour l’abandon du charbon au niveau national. Beaucoup de pays, notamment émergents, restent très dépendants de cette source d’énergie pour leur production électrique, a fortiori dans le contexte actuel de crise énergétique mondiale.
Pas de date précise non plus pour atteindre la neutralité carbone. Le G20 évoque seulement « le milieu du siècle ». Un horizon moins précis que l’horizon de 2050 voulu notamment par la présidence italienne du G20, « mais tout à fait significatif, considérant la diversité des pays qui participent au G20 », selon la présidence française. La Chine notamment s’est jusqu’ici seulement engagée pour 2060.
La COP26 est « le dernier et le meilleur espoir » de parvenir à limiter le réchauffement de la planète à +1,5 °C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, a déclaré son président, le Britannique, Alok Sharma à l’ouverture de cette conférence dimanche en Écosse. Pendant la pandémie de Covid-19, « le changement climatique n’a pas pris de vacances. Tous les voyants sont au rouge sur le tableau de bord du climat », a-t-il ajouté.
« L’humanité est face à des choix difficiles, mais clairs », a de son côté déclaré la responsable climat de l’ONU, Patricia Espinosa. « Nous pouvons soit choisir de reconnaître que continuer les choses telles qu’elles sont ne vaut pas le prix dévastateur que nous devons payer et mettre en place la transition nécessaire, ou alors accepter de participer à notre propre extinction », a-t-elle prévenu.
Les derniers engagements de réduction des émissions des États de la planète mèneraient vers un réchauffement « catastrophique » de +2,7 °C, selon l’ONU.
Le pape, très sensibilisé sur les sujets environnementaux, a de son côté invité dimanche à prier pour le succès de la COP26, depuis ses fenêtres au palais apostolique au Vatican. « Prions pour que le cri de la terre et le cri des pauvres soient entendus », a-t-il déclaré après la prière de l’Angélus, et pour que « cette rencontre puisse donner des réponses efficaces ».