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L’hydrogène en cours d’expérimentation

Anne-Marie Provost|Édition de la mi‑septembre 2021

L’hydrogène en cours d’expérimentation

« Si l’hydrogène peut être produit d’une autre façon, encore plus verte, comme le solaire, ce sera bienvenu. » (Photo : Flash Dantz pour Unsplash)

EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE. Des expérimentations et des recherches sont en cours au Québec et dans le reste du pays afin de développer de nouvelles sources d’énergie renouvelable, dans le but de repenser notre façon de se transporter et de se chauffer.

L’hydrogène connaît par exemple un essor de popularité à travers le monde. Au Québec, l’hydrogène dit vert – puisqu’il est produit à partir d’énergies renouvelables – suscite de l’intérêt dans le cadre de la stratégie de transition énergétique. Pour preuve, en janvier dernier, le gouvernement provincial a annoncé un investissement de 15 millions de dollars pour soutenir le développement de cette filière.

Mondialement, la méthode la plus répandue de production d’hydrogène utilise des énergies fossiles, un procédé polluant. Il peut également être produit grâce à l’électrolyse de l’eau, donc à partir de l’hydroélectricité, une solution plus propre qui est privilégiée au Québec.

Des chercheurs de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) à Varennes ont toutefois développé une nouvelle méthode pour générer ce type d’énergie : le soleil et des électrodes nanostructurées. « Si l’hydrogène peut être produit d’une autre façon, encore plus verte, comme le solaire, ce sera bienvenu », lance My Ali El Khakani, spécialiste des nanomatériaux et professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Avec des collègues, il a publié une étude à ce sujet en novembre dernier dans la revue Solar Energy Materials and Solar Cells.

L’utilisation de l’énergie solaire a ses avantages. « Nous n’avons pas besoin de barrages, seulement de panneaux photovoltaïques », mentionne Ali El Khakani. L’impact environnemental est donc moins grand. Les électrolyseurs industriels sont également très énergivores et nécessitent de grands investissements.

L’hydrogène vert existe sur le marché des véhicules équipés de piles à combustible. Mais comme véhicules légers peuvent déjà compter sur la batterie électrique, son avenir réside dans l’industrie du transport lourd, donc du camionnage, des autobus, des trains des bateaux et des avions. La densité énergétique élevée de l’hydrogène est alors d’un grand intérêt, ajoute My Ali El Khakani. « L’hydrogène peut stocker jusqu’à trois fois plus d’énergie que ce que permet l’essence », note-t-il.  

 

Se chauffer à l’hydrogène vert

Pour Michel Letellier, PDG d’Innergex, l’hydrogène vert est un bon moyen d’intégrer de l’énergie renouvelable dans des processus industriels. Il le voit également comme une bonne option pour le chauffage des bâtiments, dans l’objectif de remplacer le gaz naturel.

« Ce qu’on espère faire comme entreprise, c’est de s’associer à des fournisseurs de gaz et de leur offrir d’installer des systèmes éoliens, du solaire et des électrolyseurs, explique-t-il. Notre but serait de fournir partiellement leurs pipelines en énergie provenant d’hydrogène vert. Ça s’en vient bientôt. » Innergex travaille effectivement à l’élaboration de projets-pilotes en Colombie-Britannique, destinés à trouver des façons de produire de l’hydrogène vert à coût compétitif, en vue de l’introduire dans des réseaux de distribution d’énergie.

Selon Michel Letellier, le prix de production de cette énergie verte baissera et pourra concurrencer celui du gaz naturel. « Il faudra éventuellement mettre le vrai “prix carbone” du gaz naturel, insiste-t-il. Les producteurs ont été très bons pour dire qu’il s’agit d’une énergie propre, mais ça reste un combustible fossile. »