Batterie: croire qu’on peut réussir sans subventions est «naïf»
La Presse Canadienne|Publié le 22 septembre 2023Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, s’est porté à la défense des subventions versées aux entreprises étrangères pour développer la filière batterie. (Photo: La Presse Canadienne)
Bromont — Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, s’est porté à la défense des subventions versées aux entreprises étrangères pour développer la filière batterie.
Le président et chef de la direction de la Banque Nationale, Laurent Ferreira, a critiqué, jeudi, les subventions gouvernementales versées aux entreprises étrangères, notamment pour développer la filière batterie.
«Mon point là-dessus, c’est que quand on donne des subventions aux compagnies étrangères, c’est qu’elles vont directement dans la poche des actionnaires étrangers qui ne sont principalement pas canadiens, a dit M. Ferreira en entrevue, jeudi, en marge d’une présentation devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Je doute de ce modèle, à plus long terme, dans la création de richesse.»
M. Fitzgibbon a «respectueusement» réagi aux propos de l’homme d’affaires lors d’une mêlée de presse, le lendemain à Bromont. Il a répondu que le patron de la Banque Nationale «n’apprécie pas le rôle du gouvernement».
«S’il n’y avait aucune subvention du gouvernement, il y aurait zéro dans la filière batterie au Canada. Ça serait aux États-Unis.»
Le ministre croit que le débat philosophique entre les partisans du laissez-faire et les adeptes de l’interventionnisme est intéressant. Il place le gouvernement Legault «au milieu» entre les deux pôles. «Ce que le gouvernement du Québec a décidé de faire, nous, on y croit, c’est de dire: “choisissons les secteurs où ça vaut la peine”.»
«Les gens qui pensent qu’au Québec on ne devrait rien faire, les gens (entreprises) vont venir (quand même), c’est naïf (de le croire).»
Plus tard sur la plateforme X, le ministre a ajouté qu’il voyait le «monde de la même façon» lorsqu’il travaillait, lui-même, à la Banque Nationale dans les années 2000. Son expérience au gouvernement l’a convaincu qu’il fallait être «agressif» et faire des «offres ciblées». «Faut pas être dupe et donner trop, mais on ne rattrapera jamais l’écart de richesse en appliquant simplement des théories académiques.»
L’intervention de M. Ferreira survient au moment où les gouvernements déploient des milliards de dollars pour attirer des entreprises étrangères dans la filière batterie.
Le Canada pourrait consacrer près de 13 milliards de dollars (G$) dans le projet de Volkswagen, qui veut construire une usine de batteries pour véhicules électriques à St. Thomas en Ontario. L’aide à Stellantis pourrait atteindre 15G$ pour son usine de batteries de Windsor.
Le Québec n’est pas en reste. Ottawa et Québec ont accordé une aide de 640 millions de dollars (M$) pour l’usine de Ford à Bécancour. Celle de GM-Posco, pour sa part, a profité d’un soutien de près de 300M$ des deux ordres de gouvernement.
Le gouvernement Legault serait sur le point d’officialiser la construction d’un projet du fabricant de cellules suédois Northvolt dans la Vallée-du-Richelieu et une importante aide budgétaire est anticipée.
M. Fitzgibbon a d’ailleurs évoqué sans la nommer cette annonce. «Si l’annonce se fait la semaine prochaine, comme on pense, je ne vais pas la divulguer à l’avance, je reviendrai avec des chiffres pour montrer c’est quoi l’impact de cette filière.»
Par Stéphane Rolland