Alcoa fonde beaucoup d’espoirs en Elysis, cette coentreprise qu’elle a fondée en 2018 avec Rio Tinto et qui développe actuellement une technologie permettant de produire de l’aluminium sans émettre de GES. (Photo: 123RF)
EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE. À travers le Québec, plusieurs entreprises ont déjà commencé à décarboner graduellement leurs activités afin d’optimiser leur consommation d’énergie et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Et le travail n’est pas terminé. Voici comment deux d’entre elles s’y prennent.
Alcoa
Avec ses alumineries établies à Baie-Comeau, Bécancour et Deschambault, Alcoa est l’une des plus importantes émettrices de gaz à effet de serre (GES) du Québec. Mises ensemble, ces trois installations ont produit 1,9 million de tonnes de CO2 en 2021, soit l’équivalent de la consommation annuelle moyenne d’environ 560 000 voitures à essence.
Olivier Charest, directeur énergie chez Alcoa, fait cependant remarquer que la production d’aluminium s’est grandement décarbonée au fil des décennies. « Une tonne d’aluminium produite au Québec génère beaucoup moins de CO2 qu’auparavant », a-t-il souligné lors d’un panel animé par la rédactrice en chef du journal Les Affaires, Marine Thomas, dans le cadre de l’événement Avenir énergie. « Notre but, c’est de continuer, tout en sachant que plus ça avance, plus c’est difficile d’aller chercher de gros gains. »
Pour atteindre ses objectifs de réduction d’émission de GES — 30 % d’ici 2025 et 50 % d’ici 2030, par rapport à 2015 — Alcoa fonde beaucoup d’espoirs en Elysis. Cette coentreprise qu’elle a fondée en 2018 avec Rio Tinto, avec le soutien financier d’Apple et des gouvernements du Québec et du Canada, développe actuellement une technologie permettant de produire de l’aluminium sans émettre de GES. La commercialisation est prévue pour la fin de la décennie.
« 2030, c’est demain matin. Notre ambition, c’est pour les prochaines décennies. On veut implanter cette technologie dans nos différentes usines », a lancé Olivier Charest sur la scène du Théâtre St-James. Est-ce à dire que, dans ce cas-ci, la technologie va nous « sauver » ? a demandé Marine Thomas. « La technologie existe et va nous sauver », a-t-il répondu sans hésiter.
Bridgestone Joliette
Éclairage au LED, modernisation du système de chauffage et de ventilation, mur solaire passif pour chauffer ses installations en hiver, réduction de la consommation de gaz naturel, récupération de la chaleur générée par ses activités industrielles : c’est grâce à une série de mesures — plutôt qu’à une technologie salvatrice — que l’usine Bridgestone de Joliette est parvenue à réduire ses émissions de GES au cours des dernières années, a expliqué sa chef environnement, France Veillette, lors du même panel.
« Dans l’ensemble des Amériques, nous sommes l’usine qui émet le moins de CO2 et qui est la plus efficace, par unité de production », a-t-elle souligné, en ajoutant que ces différentes actions ont permis de réduire de près de 20 % la consommation d’énergie des installations.
Un « comité énergie » formé d’experts techniques et des membres de la direction a d’ailleurs été mis sur pied pour « surveiller la progression de la décarbonation et de l’efficacité énergétique des opérations », souligne une étude de la Fédération des chambres de commerce du Québec qui s’est intéressée à ce cas particulier.
Malgré des progrès considérables, France Veillette ne veut pas en rester là. « On peut continuer à s’améliorer, dit-elle. Nous sommes ouverts à toutes les possibilités pour réduire notre empreinte énergétique. » La firme évalue par exemple la possibilité d’installer une serre sur le toit de l’usine afin de capter une partie des émissions de CO2 qu’elle génère.
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Mode d’emploi pour la décarbonation
Les entreprises qui cherchent à décarboner leurs activités et à réduire leur consommation d’énergie ont accès à des ressources spécialisées pour les aider. La Fédération des chambres de commerce du Québec a fait appel à la firme Dunsky pour produire à l’automne 2022 un guide en sept étapes clés, de la planification stratégique jusqu’à la mise en œuvre et le suivi du plan établi. Le Conseil patronal de l’environnement du Québec a lui aussi publié en mars dernier un document s’adressant aux entreprises de toutes les tailles et de tous les secteurs d’activités qui cherchent à atteindre la carboneutralité.