Transition énergétique: des occasions d’affaires à saisir
Karl Rettino-Parazelli|Publié le 05 juillet 2023Andrée-Anne De Gagné, directrice générale de GAAMA (Photo: courtoisie)
EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE. Réduire la consommation d’énergie d’une entreprise et décarboner ses activités peut se faire de manière rentable en l’espace de seulement quelques années, assurent des spécialistes du secteur qui invitent les chefs d’entreprises à saisir les occasions d’affaires qui se présentent actuellement à eux.
« Avec les subventions disponibles, selon les industries et les projets sélectionnés, le retour sur investissement est de deux ans et moins. C’est vraiment très rentable, il n’y a pas de raison de ne pas le faire », a affirmé sans détour la directrice générale de GAAMA, Andrée-Anne De Gagné, lors d’un panel organisé dans le cadre de l’événement Avenir énergie. Sa firme a notamment pour mission d’aider les industriels à réduire leur consommation d’énergie.
La directrice du développement des affaires de l’organisme à but non lucratif Nergica, Hélène Filion, a plutôt estimé que le retour sur investissement des entreprises qu’elle outille en matière d’énergies renouvelables s’échelonne en moyenne sur 5 à 10 ans. Son organisation peut par exemple aider une entreprise à installer des panneaux solaires pour diminuer ou éliminer complètement sa consommation de diesel, et ainsi économiser à terme d’importantes quantités de carburant tout en réduisant son empreinte carbone.
Motivations variées
Selon Andrée-Anne De Gagné, les entreprises qui se lancent dans un processus de décarbonation le font avant tout pour réduire leurs frais d’exploitation (en diminuant notamment leur facture énergétique), pour avoir accès à du financement grâce aux subventions disponibles — « elles peuvent ainsi garder du capital pour d’autres projets », souligne-t-elle — et demeurer « attractive » sur le marché.
Un sondage Léger, commandé à l’automne 2022 par le « laboratoire d’idées indépendant » Québec net positif, révèle que la vaste majorité des entreprises québécoises (85 %) croient qu’elles ont un rôle central à jouer dans la réduction des émissions de GES, mais que plus d’une entreprise sur deux n’a mis en œuvre aucune action au sein de ses opérations pour atteindre cet objectif.
Fait intéressant, les PME et les grandes entreprises passent surtout à l’action en ayant en tête la crise climatique, mais la pression qu’elles subissent ne provient pas du même endroit. Les premières sont surtout talonnées par leurs employés, tandis que les secondes sont avant tout influencées par les normes, les lois ou les réglementations en vigueur.
Petit et grand pas
Selon Anne-Josée Laquerre, directrice générale et co-initiatrice de Québec net positif, il est essentiel d’avoir un grand plan stratégique de décarbonation à long terme, mais toute entreprise devrait aussi agir concrètement, à court terme. « Chaque jour, dans les entreprises du Québec, il se prend des décisions d’affaires qui peuvent influencer la trajectoire de l’organisation », dit-elle. Lors de l’achat d’un nouvel équipement ou du développement d’un nouveau produit, on peut par exemple considérer le type d’énergie utilisée et l’impact sur les émissions de GES, illustre-t-elle.
Chose certaine, ce ne sont pas les occasions de décarbonation et d’amélioration de l’efficacité énergétique qui manquent, signale Andrée-Anne De Gagné, de GAAMA. « Il y a 15 ans, un ingénieur d’expérience m’avait dit : “tu vas voir, un jour on aura fait tout ce qui est possible” » raconte-t-elle. Mais à mesure que le temps passe et que les procédés, les connaissances et les technologies évoluent, des occasions surgissent.
Aujourd’hui, quand elle visite certaines entreprises, elle est encore en mesure de proposer des solutions visant à réduire leur consommation d’énergie de 20 à 40 %. « Je dis à mes clients : “faites-le, parce que les autres vont le faire”. »