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Gabriel Fortin

L'entrefilet de JosFinance

Gabriel Fortin

Expert(e) invité(e)

La stratégie Legault ou l’art de perpétuer l’échec

Gabriel Fortin|Mis à jour le 02 octobre 2024

La stratégie Legault ou l’art de perpétuer l’échec

Le premier ministre François Legault (Photo: Andrej Ivanov / AFP / Getty Images)

EXPERT INVITÉ. François Legault a pris les rênes du Québec en 2018 avec l’ambition d’enrichir les Québécois. Il s’est présenté comme premier ministre de l’Économie et il voulait mettre en place les conditions propices afin d’attirer des investissements privés dans la province.

Pour ce faire, son gouvernement a modifié la mission et la structure d’Investissement Québec pour permettre à la société d’État de prendre plus de risques. Avec la bénédiction du premier ministre Legault et sous la gouverne du superministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, le bras financier de l’État a multiplié les investissements dans des entreprises d’ici et d’ailleurs.

Le projet phare des ambitions économiques de François Legault est sans contredit la filière batterie dont Pierre Fitzgibbon a joué le rôle d’architecte. Pour François Legault et Pierre Fitzgibbon, le salut économique du Québec devait passer par la création d’un nouveau secteur économique voué à la production de batteries pour véhicules électriques.

Entre Ford, Lion Électrique, Taïga, Northvolt, GM et Volta, le gouvernement québécois a distribué près de 2,5 milliards en aide financière de toutes sortes sans compter les centaines de précieux mégawatts d’électricités réservés à ces entreprises.

Mais au-delà des ambitions, il faut aussi des résultats et à cet égard le bilan de François Legault est misérable.

Lion électrique et Taïga sont au bord de la faillite et l’entreprise Northvolt, dans laquelle Québec a investi près d’un milliard, fait face à de sérieux problèmes financiers faisant craindre pour son avenir. Seules les usines de Ford et GM à Bécancour, ainsi que Volta à Granby semblent encore sur les rails.

Un pari irresponsable

À l’Assemblée nationale, les différents partis d’opposition tirent à boulets rouges sur le gouvernement de François Legault l’accusant d’avoir fait un pari irresponsable en investissant dans des entreprises n’ayant pas fait leurs preuves. Dans les faits, la stratégie d’investissement mise en place par François Legault et la CAQ n’est pas étrangère à celle des libéraux ou des péquistes lorsqu’ils étaient au pouvoir.

Sous les libéraux de Philippe Couillard, 1,3 milliard de dollars a été englouti dans la C-Series de Bombardier, et sous Pauline Marois, le gouvernement péquiste a perdu un demi-milliard dans la cimenterie McInnis. Malheureusement, la liste des mauvais investissements publics est longue.

En fait, François Legault ne fait que perpétuer une vieille mentalité québécoise héritée de la Révolution tranquille selon laquelle l’État doit être un acteur économique de premier plan plutôt que de se contenter de dicter les règles du jeu. En intervenant sans cesse dans l’économie sous le prétexte de vouloir créer de la richesse, le gouvernement ne fait que multiplier les échecs et, finalement, appauvrir les Québécois.

L’État québécois ne peut pas et ne pourra jamais être un acteur économique à succès, et ce, pour plusieurs raisons.

D’abord, les tentatives de centralisation économique, où l’État dirige les ressources vers des objectifs définis, ont échoué partout où elles ont été appliquées. Malheureusement, les décisions d’investissement du gouvernement ne reposent pas sur la rentabilité économique ou les préférences des consommateurs, mais plutôt sur des considérations politiques ou bureaucratiques.

Par ailleurs, ces décisions sont prises par des bureaucrates ou des politiciens n’ayant aucun intérêt propre en jeu, provoquant ainsi une indifférence décisionnelle. Les conséquences d’un mauvais investissement n’étant pas assumées par ceux qui prennent les décisions, la rigueur avec laquelle celles-ci sont prises devient discutable.

Enfin, les subventions et les prêts gouvernementaux faussent le marché. Ils perturbent le rôle des prix et masquent la réalité économique en permettant à des entreprises non rentables de continuer à fonctionner même si la demande réelle pour ses produits est insuffisante. En soutenant ces entreprises, le gouvernement crée une concurrence déloyale, nuit à l’innovation et freine la croissance économique durable.

Si François Legault et les autres partis politiques à l’Assemblée nationale avaient réellement à cœur la création de richesse au Québec, ceux-ci légiféreraient pour mettre un terme à la capacité de l’État québécois d’intervenir dans l’économie par la distribution de subventions et de prêts aux entreprises. Seul un marché libre guidé par le choix des consommateurs et où les entraves à l’entrepreneuriat sont minimales peut assurer l’enrichissement durable des Québécois.