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Lallemand, à l’écoute des inquiétudes climatiques

Philippe Jean Poirier|Édition de septembre 2024

Lallemand, à l’écoute des inquiétudes climatiques

Sami Saïdi, directeur de l’usine de la rue Préfontaine à Montréal (Photo: courtoisie)

EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE. Après avoir investi dix ans d’efforts pour réduire le bruit, les odeurs, le trafic et la luminosité de ses opérations dans le quartier Hochelaga, l’usine montréalaise de levures Lallemand se concentre aujourd’hui à réduire son empreinte carbone à travers une série de projets d’efficacité énergétique. Portrait.

À la tête d’une entreprise centenaire fondée en 1923, la direction de Lallemand réfléchit actuellement à son legs. « La quatrième génération se prépare à prendre la relève avec une volonté de préserver l’environnement », explique Sami Saïdi, directeur de l’usine de la rue Préfontaine à Montréal. En 2020, l’usine a amorcé un virage pour réduire son empreinte carbone et impact environnemental. Et donc, en quatre ans, elle a mené une dizaine de projets d’efficacité énergétique en partenariat avec Hydro-Québec.

Le premier projet d’importance a été de remplacer des suppresseurs à roulement standard par des suppresseurs à roulement magnétique, beaucoup moins énergivores. Un investissement de 294 283 dollars — remboursé à la hauteur de 43 % par la société d’État —, qui, en contrepartie, a permis à l’usine de réduire sa facture électrique de 26 % (soit une économie de 53 167 $ par année).

Parmi les autres projets, Lallemand a eu l’idée d’utiliser l’air froid extérieur pour abaisser la température des chambres froides pendant la saison hivernale. « Ce n’est pas le projet qui nous a apporté la plus grande réduction de consommation, reconnaît le directeur d’usine. En même temps, je crois que ça tombe sous le sens d’utiliser les ressources de la nature. Nous, c’est le genre de chose qu’on fait de plus en plus : essayer de regarder le problème différemment et d’être créatifs dans notre façon de voir le monde. »

Au-delà des bénéfices financiers, Sami Saïdi voit surtout ces initiatives comme un engagement envers la collectivité québécoise. « Il y a actuellement une pénurie d’énergie au Québec, surtout l’hiver durant les périodes de pointes. Et donc, optimiser notre consommation électrique, c’est une façon de faire notre part en rendant à nouveau cette énergie disponible sur le réseau. » Dans ce même esprit, Lallemand participe également au programme de Gestion de la demande de puissance (GDP) aussi appelé « gestion de la pointe » d’Hydro-Québec, depuis 2022, en stoppant ou en ralentissant ses opérations par périodes de grand temps froid.

Cap sur l’empreinte carbone

Réduire la consommation d’énergie hydroélectrique, c’est bien ; toutefois, cela ne pèse pas lourd dans la balance de l’empreinte carbone. C’est pourquoi l’usine de la rue Préfontaine a inscrit dans son plan de décarbonation un objectif de réduction de sa consommation de gaz naturel. « Le gaz que l’on brûle pour nos chaudières génère du CO2 », rappelle le directeur d’usine, en mentionnant que l’usine consomme environ six millions de mètres cubes de gaz par année.

Lallemand a trois projets de récupération d’énergie en cours avec Énergir. « La fermentation est une réaction exothermique, signifiant que ça génère de l’énergie, explique-t-il. Auparavant, lorsque nous chauffions pour obtenir la fermentation, nous perdions l’énergie dans l’air. Or, désormais, on a de plus en plus de projets de récupérer cette énergie-là et de préchauffer l’eau que l’on va utiliser. Pour nous, c’est une avenue qui est très porteuse. » L’année dernière, l’usine Préfontaine a réduit de 10 % ses émissions de gaz à effet de serre. Et elle s’attend à cumuler des réductions de 20 à 25 % dans les cinq prochaines années. « Ces initiatives vont avoir un impact majeur sur notre empreinte carbone », insiste-t-il.

Le directeur d’usine évoque la possibilité de participer à un quatrième projet, qui est à l’étude chez son fournisseur de gaz naturel. « Énergir veut récupérer l’eau chaude de sites industriels pour chauffer des résidents des quartiers en développement. L’eau serait transportée dans des conduites et elle servirait ensuite à chauffer des installations », explique-t-il. 

Dans les derniers mois, l’entreprise a organisé une séance d’information en partenariat avec Hydro-Québec (événement Hilo) pour sensibiliser les employés à l’importance de réduire leur consommation d’énergie personnelle. Et elle en planifie une seconde à l’automne. « Nous le faisons dans une perspective d’éducation, précise Sami Saïdi. Un employé sensibilisé sur le sujet aura le réflexe de poser des gestes au quotidien autant à l’usine qu’à la maison », croit-il. Voilà comment Lallemand parvient à rallier ses employés à sa cause.