Le Cybercab, robotaxi de Tesla, enfin dévoilé mais laisse les experts sur leur faim
AFP|Mis à jour le 11 octobre 2024Le Cybercab, véhicule coupé à deux places et aux portes-papillon, va devoir surmonter des obstacles techniques et réglementaires avant de pouvoir embarquer ses premiers clients. (Photo: AFP)
Le robotaxi de Tesla, baptisé Cybercab, a enfin été présenté au public, mais le manque de détails concernant un véhicule dont la production devrait commencer «avant 2027» a déçu et l’action du constructeur automobile était sanctionnée vendredi sur les marchés.
Vers 18H00 GMT, l’action chutait de 8,11% à la Bourse de New York.
Le taxi électrique sans conducteur, dépourvu de volant et de pédales, doit être commercialisé à moins de 30 000 dollars américains ($US), rechargeable par induction et «dix à vingt fois» plus sûr qu’une voiture conduite par un humain, a affirmé Elon Musk, patron de Tesla, lors de la présentation intitulée «We, Robot» aux studios de cinéma Warner à Los Angeles.
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Tesla espère donner en 2025 le départ de la conduite «complètement autonome, sans supervision» au Texas et en Californie avec les modèles existants, avant de commencer la production de masse du Cybercab.
«J’ai tendance à être un peu optimiste en ce qui concerne les délais, mais en 2026, donc oui, avant 2027», a poursuivi le patron du spécialiste des véhicules électriques, précisant que cinquante exemplaires existaient déjà.
Une vingtaine d’entre eux ont sillonné les rues des décors de cinéma pendant la soirée.
Le Cybercab, véhicule coupé à deux places et aux portes-papillon, va devoir surmonter des obstacles techniques et réglementaires avant de pouvoir embarquer ses premiers clients.
Les robotaxis, d’une manière générale, doivent convaincre de leur fiabilité et de leur sécurité.
«Petit salon»
«Dans un monde autonome, on peut considérer la voiture comme un petit salon. (…) Vous pourrez faire tout ce que vous voulez tant que vous serez dedans et, quand vous en sortirez, vous serez arrivés à destination», a décrit Elon Musk.
L’événement, annoncé initialement le 8 août, avait été repoussé à jeudi soir, Elon Musk invoquant notamment «un important changement de design à l’avant».
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Au cours de cette présentation suivie en direct sur internet par plus de deux millions de personnes, le milliardaire a aussi dévoilé le Robovan, un véhicule autonome aux airs de gros grille-pain censé transporter vingt passagers ou des marchandises. Sans donner de précision, notamment de calendrier.
Plusieurs robots humanoïdes Optimus ont également défilé, dansant, interagissant avec les centaines d’invités et faisant le service.
Selon Elon Musk, ils pourront un jour effectuer entre autres des tâches domestiques, pour un prix compris entre 20 000 et 30 000$US. Là encore, pas de calendrier.
«Bien que nous soyons convaincus de la réussite de Tesla dans l’autonomie et la robotique humanoïde, nous sommes repartis déçus du manque de détails et de la brièveté de la démonstration du Cybercab», ont commenté les analystes de Deutsche Bank.
Selon eux, la présentation très attendue n’a été en réalité qu’une «grande fête» ayant pour thème «la vision d’Elon Musk pour le futur».
Un même sentiment de frustration émanait de nombreux analystes du secteur.
«Qu’avons-nous vu et entendu hier? Nous avons vu deux « concept cars » aux designs très attrayants (…) avec des aptitudes de conduite autonome inconnues», ont tancé ceux de JPMorgan.
«We, underwhelmed» (Nous, déçus), titrait une note de TD Cowen, en référence au thème de la soirée. Tesla «s’est concentré sur sa vision à long terme» au lieu des détails à court terme, déploraient ses analystes.
Concurrence
Tesla affiche plusieurs années de retard sur Waymo de Google (Alphabet) et Cruise du géant automobile General Motors (GM), qui circulent depuis 2021.
Selon Garrett Nelson, analyste de CFRA Research, «Tesla ne possède toujours pas d’autorisation pour faire des tests de véhicules autonomes» sur le réseau routier.
Bardés de caméras et de lidars (lasers de détection), les robotaxis suscitent des débats intenses sur les avancées et les risques qu’ils représentent.
Le Cybercab ne dispose pas de lidars, Elon Musk estimant les caméras jumelées à un «cerveau artificiel» suffisantes.
Le défi est avant tout technologique, pour atteindre le plus haut niveau d’autonomie, considéré comme l’équivalent du conducteur humain. Selon S&P Global Mobility, ce ne sera pas avant 2035.
Uber, géant mondial du VTC, a conclu des partenariats avec moult développeurs de véhicules autonomes, en particulier Cruise et Waymo, et WeRide aux Émirats arabes unis. Il propose déjà des Waymo à Phoenix pour trajets et livraisons.
Son action profitait du désenchantement provoqué par Tesla, et bondissait de 9,83%, tout comme son concurrent Lyft (+9,43%).
Contrairement aux véhicules conduits par des humains, les robotaxis peuvent circuler 24 heures sur 24, sans tomber malades, sans faire grève, sans pause et des études montrent qu’ils sont moins accidentogènes.
En revanche, sur une route non balisée ou en plein blizzard, ils pourraient atteindre leurs limites.