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Otonomi, démocratiser l’adoption du solaire

Philippe Jean Poirier|Édition de septembre 2024

Otonomi, démocratiser l’adoption du solaire

Solutions Otonomi veut contribuer à bâtir une industrie de l'énergie solaire viable, au-delà du marché «hors réseau» où le Québec est cantonné. (Photo: Adobe Stock)

EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE. Avec ses plateformes d’estimation des coûts d’un projet d’installation de panneaux solaires, l’entreprise montréalaise Otonomi veut participer à bâtir une industrie de l’énergie solaire viable, au-delà du créneau « hors réseau » dans lequel le Québec est actuellement cantonné.

Le marché « hors réseau », qui existe depuis une trentaine d’années, est constitué de propriétaires de chalets, de bateaux et de VR non raccordés au réseau d’Hydro-Québec, qui décident de poser des panneaux solaires pour alimenter leurs installations. « Ce n’est pas connu du grand public, mais le Québec est une des régions dans le monde où il y a le plus de connaissances sur l’alimentation solaire hors réseau », dit Floréal Villanova, PDG et co-fondateur de Solutions Otonomi.

« Au Québec, l’électricité est si peu chère que les projets de panneaux solaires ont de la difficulté à être rentables pour les particuliers branchés au réseau d’Hydro-Québec », ajoute-t-il pour expliquer le choix de son entreprise de développer son expertise dans le marché « hors réseau », lors de sa fondation en 2021.

En 2021, Solutions Otonomi a donc créé une première plateforme web nommée Otonomi PV, qui aide les professionnels à calculer les coûts d’un projet solaire en fonction des besoins et de la réalité d’un client ». Ce calcul, « plus compliqué qu’il n’y paraît », selon l’entrepreneur, doit tenir compte de la taille, de l’orientation et de l’inclinaison de la toiture, de l’ombrage des arbres et des bâtiments environnants. Mais aussi des appareils que l’on compte brancher à cette source énergétique, de même que des technologies choisies — incluant la batterie, l’onduleur et la taille des panneaux. Le logiciel permet de produire rapidement une estimation à partir de quelques questions clés.

L’entreprise a ensuite développé une seconde plateforme, baptisée Otonomi DX, destinée à l’usage exclusif des consommateurs. Elle est d’ores et déjà intégrée aux sites d’une centaine de clients vendeurs, de représentants et de distributeurs. « Lorsqu’un particulier veut démarrer un projet solaire, il se pose plusieurs questions et les professionnels s’embarquent généralement dans des heures de discussion. Notre plateforme aide le client à comprendre les possibilités qui s’offrent à lui, et l’aide à déterminer ses besoins en fonction de sa situation particulière. »

Depuis peu, la jeune entreprise produit aussi un balado sur l’énergie solaire. « Nous donnons la parole à un professionnel de l’industrie. Nous voulons démocratiser l’utilisation de l’énergie solaire auprès des particuliers. » Plus largement, l’entreprise veut participer au développement d’un marché « branché réseau », comme on le voit dans le reste du Canada, aux États-Unis et en Europe. « L’hydroélectricité, c’est une bénédiction, mais ça nous a rendus un peu paresseux sur l’adoption du solaire. Il faut maintenant rattraper notre retard. »

Promouvoir et encadrer

En ce moment, Floréal Villanova affirme qu’il y a une « toute petite centaine » de professionnels du solaire à travers la province. Et ils sont tous débordés de travail. « Nous, nous voulons les équiper avec des outils numériques pour les aider dans leur quotidien. » La plateforme professionnelle développée par Otonomi (Otonomi PV) s’adresse exclusivement aux fabricants, aux distributeurs, qu’aux installateurs indépendants de panneaux solaires. Dans la feuille de route de son développement logiciel, l’entreprise compte éventuellement lancer une version 3 de son application, qui permettra de calculer la rentabilité d’un projet « réseau ». 

D’ici là, Floréal Villanova aimerait que le gouvernement place des balises pour mieux encadrer le secteur de l’énergie solaire. « Ce qu’il faudrait, c’est que le gouvernement crée une certification québécoise, stipulant qu’un professionnel a passé une formation adéquate et qu’il est en mesure de faire un travail de qualité. » Selon lui, il faudrait également ajouter des contrôles techniques, comme il en existe en Ontario et dans d’autres provinces — qui confirment la conformité d’une installation. « Autrement, ça ouvre la porte à de mauvaises pratiques et ça créera de la méfiance envers le secteur », fait-il valoir.