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Solaire: l’appel d’offres doit exiger du contenu local, dit l’AQPER

François Normand|Publié le 19 septembre 2024

Solaire: l’appel d’offres doit exiger du contenu local, dit l’AQPER

Adopté en août 2022 en pleine pandémie, l’IRA renforce les exigences de contenu local dans plusieurs secteurs, dont la production d’énergie verte, limitant ainsi le potentiel d’exportation de composants et d’équipements de nos entreprises aux États-Unis. (Photo: Boralex)

Les premiers appels d’offres pour 300 mégawatts (MW) d’énergie solaire qu’Hydro-Québec lancera d’ici le 31 décembre doivent avoir des exigences de contenu local au moins équivalentes à celles de l’Inflation Reduction Act (IRA) aux États-Unis, affirme l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER).

Ce mercredi, le gouvernement Legault a publié un décret balisant le premier bloc d’énergie solaire ouvert au secteur privé au Québec. Hydro-Québec devra lancer un premier appel d’offres d’ici le 31 décembre pour acquérir au moins 50% de cette capacité, puis un second appel d’offres pour acquérir l’autre moitié au plus tard le 31 décembre 2026.

De plus, ce bloc d’énergie solaire photovoltaïque de 300 MW doit être raccordé au réseau principal d’Hydro-Québec au plus tard le 31 décembre 2029. Au Canada, on retrouve des parcs d’énergie solaire privés en Alberta et en Ontario, mais pas encore au Québec.

En entrevue à Les Affaires, le PDG de l’AQPER, Luis Calzado, indique qu’il n’a pas en tête de pourcentage précis de contenu local. En revanche, il estime le Québec doit avoir une logique de réciprocité avec le marché américain en matière d’exigences.

«Il faut au moins celles de l’IRA (Inflation Reduction Act) pour le contenu local», insiste-t-il, en ajoutant que l’AQPER souhaite aussi que les appels d’offres prohibent les composants fabriqués dans les pays où on viole les droits de la personne.  

Adoptée en août 2022 en pleine pandémie, l’IRA renforce les exigences de contenu local dans plusieurs secteurs, dont la production d’énergie verte, limitant ainsi le potentiel d’exportation de composants et d’équipements de nos entreprises aux États-Unis.

Ces exigences forcent donc les producteurs québécois d’énergie renouvelable actifs au sud de la frontière, comme Innergex ou Boralex, à s’approvisionner davantage sur le marché américain ou à prendre des participations dans des parcs solaires locaux.

De 40 à 100% de contenu local aux États-Unis

On peut comprendre pourquoi, à la lumière des exigences de contenu local pour les projets d’énergie solaire publiées par le département américain du Trésor et de l’Internal Revenue Service (IRS).

Ainsi, les produits en acier et en fer doivent être fabriqués à 100% aux États-Unis. Quant aux produits manufacturés (incluant les modules photovoltaïques), ils doivent être fabriqués à 40% aux États-Unis, et ce, pour les projets dont la construction commence avant la fin de 2025.

En revanche, à compter de 2026, ce pourcentage grimpe à 55%.

Sans désirer fermer le marché québécois à la concurrence étrangère, Luis Calzado estime que les exigences de contenu local dans les appels d’offres d’Hydro-Québec sont essentielles pour maximiser les retombées économiques au Québec.

«On veut que les Québécois en profitent et que l’industrie québécoise puisse développer ce programme solaire», dit-il.

Une quarantaine d’entreprises membres de l’AQPER sont impliquées dans le comité «Solaire», selon le site web de l’organisme. Outre Boralex et Innergex, on y trouve d’autres noms connus comme Énergir, Kruger Énergie ou EDF Renouvelables, une filiale de la française EDF.

Taille, localisation et prix de cette énergie solaire  

Par ailleurs, en matière de puissance installée, l’AQPER souhaite que les appels d’offres que lancera Hydro-Québec d’ici la fin de l’année soient de 5MW et plus.

«Ça permettrait aux entreprises de réaliser des économies d’échelle», fait remarquer Luis Calzado, en soulignant que les parcs solaires dans le monde font habituellement de 5 à 10MW.

Selon lui, ces futurs parcs solaires peuvent être implantés partout au Québec, mais à la condition de ne pas être trop loin du réseau de transport et de distribution d’Hydro-Québec. Par conséquent, ces futurs parcs devraient davantage se retrouver dans le sud de la province.

On peut en installer par exemple sur la surface inoccupée de sites d’enfouissement ou sur des terres agricoles — parfois, les panneaux solaires permettent aux animaux de la ferme, comme des vaches, de se protéger du soleil.

Enfin, quant aux coûts de production de cette énergie, ils ont baissé ces dernières années, la rendant de plus en plus compétitive par rapport à d’autres sources.

Par exemple, en Ontario, le coût de production de l’énergie solaire s’élève à 8,1 cents le kilowattheure (KW/h), selon une estimation l’Ontario Clean Air Alliance Research, publiée en janvier.

À titre de comparaison, le coût moyen de production des huit soumissions retenues par Hydro-Québec pour le dernier appel d’offres d’énergie éolienne de 1 550 MW, en janvier, s’élève à 7,8¢ (excluant le transport et le rééquilibrage), selon les données de la société d’État.