Chez Diacarb, un atelier d’usinage spécialisé dans la production en série de petites composantes complexes et précises (Photo: courtoisie)
EFFICIENCE MANUFACTURIÈRE. Déformer des métaux et alliages a beau être l’un des plus vieux métiers du monde, cela ne veut pas dire qu’il est low tech pour autant. Parlez-en à Stéphane Boisjoli, président de Laval Poinçons et Matrices (LPM), qui se spécialise dans l’estampage et le matriçage, deux procédés de forgeage à chaud. Depuis cinq ans, la PME boisbriannaise d’une trentaine d’employés a pris un virage majeur : celui de l’industrie 4.0. « Nous avons rajeuni notre outillage et nous sommes procuré de nouveaux logiciels. Désormais, nous assurons une gestion par données grâce à de nombreux tableaux de bord », raconte ce forgeron des temps modernes.
L’année dernière, LPM a par exemple fait l’acquisition d’une presse d’une capacité de 560 tonnes pour la production automatisée de pièces industrielles. Grâce à des investissements de ce type, la PME a minimisé les pertes de temps, notamment en réduisant significativement les arrêts de travail. « Nos machines brisent moins parce que nous assurons une maintenance serrée en amont, explique le président. Cela serait impossible sans les nombreux indicateurs que nous avons instaurés. »
Cette capacité à mieux lire dans l’avenir est payante. Depuis trois ans, le chiffre d’affaires de LPM est passé de 4,5 à 7 millions de dollars, « avec une belle profitabilité à la clé », assure le dirigeant.
Une croissance qui a permis à Stéphane Boisjoli d’embaucher des spécialistes, dont un des opérations, chose qu’il ne pouvait se permettre auparavant. « Je ne dépends plus de firmes externes pour obtenir des réponses à mes questions, souligne-t-il. J’ai des employés à l’interne qui sont payés pour trouver des solutions rapidement et m’aider à les appliquer, ce qui est encore une fois synonyme de gains en efficience. »
Ce cercle vertueux se trouvera renforcé par l’accélération prochaine de la robotisation au sein de l’entreprise, un projet rendu possible l’embauche récente d’un ingénieur en automatisation.
Opérer 24/7
Si tout va bien, cet ensemble de mesures devrait se traduire chez LPM par une hausse marquée du nombre d’heures d’opération par machine. C’est du moins ce qui est arrivé chez Diacarb, un atelier d’usinage spécialisé dans la production en série de petites composantes complexes et précises – les joints rotatifs des produits d’assistance de l’entreprise de robotique Kinova, c’est eux ! Dans les dernières années, la PME montréalaise de 40 employés a implanté une cellule intelligente de tournage. C’est-à-dire une tour numérique, une machine de mesure de coordonnées, une nettoyeuse à pièces, un robot et un logiciel d’analyses dimensionnelles qui travaillent en étroite collaboration dans l’usine de Diacarb.
« Cela nous permet d’usiner des pièces 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, même la nuit, sans aucune personne présente dans l’usine, indique son président, Steve Bissonnette. Nous augmentons ainsi notre capacité de production, sans rien sacrifier à la qualité des composantes fabriquées. » Cet investissement de 2,5 millions de dollars a permis à la PME d’accélérer son rythme de production d’environ 35 % pour certaines composantes, tout en conservant un faible taux de rejet. Un exploit rendu possible par le fait que la ligne de production peut maintenant fonctionner de 7000 à 8000 heures par année, plutôt que de 1500 à 2000 comme c’était le cas auparavant.
De fait, Diacarb est désormais en bonne position pour cogner à la porte de gros joueurs de l’industrie du transport. Des discussions à cet effet seraient d’ailleurs en cours avec Taiga Motors, un fabricant québécois de produits récréatifs électriques. « Nous en sommes encore à l’étape de l’optimisation de nos procédés, prévient toutefois Steve Bissonnette. Il faut aussi accompagner la main-d’œuvre dans cette transformation, s’assurer qu’elle suit le rythme et développe de nouvelles compétences. » L’intelligence artificielle et l’automatisation, c’est bien beau. Or, il faut encore des êtres humains derrière les machines pour les opérer. On n’y échappe pas.
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Place à la téléprésence manufacturière
Une nouvelle entreprise de Farnham, Holo Robots, se lance dans la commercialisation de robots de téléprésence. L’idée derrière ses produits : permettre à un employé qui travaille à distance d’assurer une présence physique en direct sur son lieu de travail, comme s’il y était.
Ces robots sont en ce sens idéaux pour les superviseurs d’usine qui, pandémie oblige, bossent de la maison. Dotés d’une autonomie d’environ six heures, ils sont équipés de capteurs 3D, de caméras et de microphones, et se commandent à l’aide d’un téléphone intelligent ou d’un ordinateur.
« Ces appareils ne remplacent pas le présentiel ; ils se veulent plutôt un outil pour faciliter le télétravail », précise Julien Depelteau, copropriétaire d’Holo Robots. Ce dernier est si convaincu par le produit qu’il a implanté quatre robots de téléprésence dans ses autres entreprises, Flexpipe et TinkTube.
(Photo: courtoisie Holo Robots)