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Canada: la réputation en matière de batteries est en progression

La Presse Canadienne|Publié le 21 novembre 2022

Canada: la réputation en matière de batteries est en progression

Le ministre Champagne n’a pas dit quelles autres directives viendraient, mais a fait allusion à des annonces supplémentaires. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Le ministre fédéral de l’Innovation, François-Philippe Champagne, vante à nouveau cette semaine les prouesses du Canada en matière de chaîne d’approvisionnement en batteries en Asie, mais cette fois, il a une nouvelle vantardise dans sa poche arrière.

La société de recherche BloombergNEF a propulsé la position du Canada dans son classement mondial annuel des pays producteurs de batteries devant tout le monde sauf la Chine.

«C’est quelque chose que je vais beaucoup utiliser lors de mon voyage en Asie, pour dire que nous avons ce dont l’Asie a besoin», a déclaré François-Philippe Champagne.

L’enquête classe 30 pays ayant une présence significative dans l’industrie, que ce soit dans l’extraction de matières premières à la production de batteries et de leurs composants.

La première version en 2020 a classé le Canada au quatrième rang et en 2021 au cinquième rang, après la chute de la production minière et la montée des obstacles réglementaires.

Mais le Canada a annoncé des investissements de plus de 15 milliards de dollars au cours des 10 derniers mois dans des domaines allant de l’extraction et du traitement de minéraux essentiels à la fabrication de composants de batteries, à la production de véhicules électriques et à la première giga-usine du pays.

Cela a aidé le Canada à dépasser la Suède, l’Allemagne et les États-Unis, même avec les investissements massifs de ces derniers en vertu de la Loi sur la réduction de l’inflation.

«Je pense que c’est un coup de circuit pour le Canada dans le sens où la vision était vraiment de construire un écosystème de la mine au recyclage, et maintenant il prend forme et ce que nous faisons maintenant, c’est de l’optimiser», a soutenu le ministre Champagne.

Ses voyages cette semaine au Japon et en Corée du Sud, ainsi que les escales prévues la semaine prochaine en Allemagne, vont dans ce sens. Il a déjà rencontré à plusieurs reprises des acteurs clés de l’industrie dans ces pays, tant au Canada qu’à l’étranger, mais il dit qu’il se concentre sur la consolidation de ces relations et continue de faire valoir la présence du Canada sur le terrain.

La chaîne d’approvisionnement des batteries comporte de nombreux maillons, à commencer par l’extraction des matières premières telles que le lithium, le nickel, l’aluminium et le cuivre utilisés pour fabriquer les batteries. Ces minéraux et métaux sont ensuite raffinés afin de pouvoir être utilisés pour fabriquer les composants des batteries, à savoir les cathodes, les anodes et les électrolytes.

Les composants sont ensuite assemblés pour fabriquer des cellules de batterie, qui ressemblent aux mêmes piles alcalines non rechargeables que la plupart des consommateurs connaissent, puis des giga-usines s’occupent d’emballer ces cellules en grand nombre pour fabriquer des ensembles de batteries qui alimentent tout, des ordinateurs portables aux téléphones cellulaires en passant par les voitures électriques.

Le rapport de BloombergNEF examine tous ces éléments de la chaîne d’approvisionnement, ainsi que la demande du produit final et la gestion de l’environnement.

Le Canada obtient l’une des meilleures notes en matière de maintien de la chaîne d’approvisionnement verte, en partie grâce à un approvisionnement généreux en énergie renouvelable, mais aussi à la réglementation environnementale sur l’exploitation minière. L’enquête de BloombergNEF a également crédité le Canada pour ses efforts visant à stimuler l’activité minière.

Le Canada est toujours à la traîne en ce qui concerne la fabrication de cellules et de composants de batterie et pour la demande locale de véhicules électriques, mais il y a eu de nombreuses annonces au cours de la dernière année améliorant les deux.

Empêcher la Chine de dominer l’industrie

À la suite d’un voyage pour rencontrer des acteurs de l’industrie en Allemagne le mois dernier, le ministre du Développement économique de l’Ontario, Vic Fedeli, a déclaré à La Presse Canadienne que l’un des principaux arguments de vente du Canada est son accès aux matières premières nécessaires à la fabrication de batteries.

«Ils parlent de nos minéraux essentiels et c’est à ce moment-là que nous savons que nous avons leur véritable intérêt, car il existe un nombre limité de producteurs actifs de minéraux essentiels en dehors de la Chine», a-t-il expliqué.

Bien que le Canada ne soit le plus grand producteur d’aucun des principaux métaux et minéraux nécessaires aux batteries, il est l’un des rares endroits au monde capable de tous les produire.

Le Canada et ses alliés tentent également d’empêcher la Chine d’utiliser sa domination dans l’industrie de la chaîne d’approvisionnement des batteries pour exercer son influence sur la politique mondiale. Ils ont comparé cette situation à celle de l’Europe qui dépend trop de la Russie pour son approvisionnement en gaz.

Ayant commencé à investir dans le domaine il y a plus de dix ans, la Chine abrite désormais les trois quarts de toute la capacité de fabrication de cellules de batterie et 90% de la production d’anodes et d’électrolytes.

Sa production de minéraux bruts n’est toujours pas la plus élevée, mais elle a investi massivement dans des mines d’autres pays, y compris au Canada, pour amener ces produits en Chine pour le raffinage et l’utilisation dans la fabrication. L’agence scientifique U.S. Geological Survey a indiqué que la Chine avait produit environ 4% du nickel mondial l’année dernière, mais en avait raffiné plus des deux tiers.

Elle a extrait environ 14% du lithium produit en 2021, mais en a raffiné 59%.

Le Canada commence à prendre des mesures pour limiter l’influence de la Chine au sein de la chaîne d’approvisionnement nationale. Plus tôt ce mois-ci, François-Philippe Champagne a déclaré que le Canada limiterait l’implication des entreprises publiques étrangères dans le secteur des minéraux essentiels et, une semaine plus tard, a ordonné à trois entreprises chinoises de vendre leurs intérêts dans de petites entreprises canadiennes.

Mais il y en a bien d’autres, dont la seule mine de lithium actuellement en exploitation au Canada. La mine Tanco au Manitoba appartient en effet à la société chinoise Sinomine Resource Group.

Le ministre Champagne n’a pas dit quelles autres directives viendraient, mais a fait allusion à des annonces supplémentaires.

«Je serai comme un faucon examinant ces transactions pour m’assurer que nous protégeons la sécurité nationale et économique des Canadiens», a-t-il déclaré.