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Emballage: les entreprises passent à l’action

Amélie Légaré|Édition de la mi‑juin 2024

Emballage: les entreprises passent à l’action

(Photo: 123RF)

EMBALLAGE: PASSER À L’ACTION. Chaque entreprise a ses propres réalités sur le terrain et doit naviguer différemment dans cette période de grand changement pour l’industrie de l’emballage. Certaines misent sur des investissements en R-D et des tests en interne pour réussir à être les premières à trouver des solutions novatrices. D’autres se tournent vers des partenaires pour concrétiser des idées ou pour bénéficier des avancées technologiques disponibles. 

Si la rentabilité et l’originalité ont longtemps guidé les décisions des entreprises en matière d’emballage, elles doivent aujourd’hui souvent revoir leurs pratiques pour des questions de santé et d’écoresponsabilité, qui sont au cœur des discussions des équipes de gestion et des consommateurs. 

Geneviève Dionne, directrice principale de l’écoconception et de l’écomodulation à Éco Entreprises Québec (EEQ), confirme qu’il existe de belles collaborations entre les acteurs des différentes industries pour arriver à trouver des avenues viables et écoresponsables. «C’est un gros paquebot, mais les entreprises sont vraiment engagées», affirme-t-elle. 

Des solutions de rechange au plastique

La Stratégie de réduction et de gestion responsable des plastiques au Québec (2024-2029) du gouvernement vise à restreindre l’utilisation des produits en plastique à usage unique non essentiels sur le marché afin de privilégier les matières recyclables. Plusieurs villes et municipalités ont emboîté le pas, notamment pour bannir les sacs en plastique. 

Certains matériaux compostables et plastiques biodégradables n’ont pas toujours les conditions environnementales nécessaires à leur dégradation en fin de vie et finissent par contaminer les sols. Les acteurs de l’écosystème sont donc activement à la recherche de solutions pour remplacer les matériaux posant des problèmes, tels que la styromousse ou le polychlorure de vinyle (PVC).

« Il y a un malus sur le PVC qui entre en vigueur cette année pour des enjeux de santé et de sécurité, parce qu’il y a beaucoup d’alternatives sur le marché. Plusieurs entreprises l’ont déjà banni », affirme Geneviève Dionne d’EEQ.

Les emballages en carton peuvent aider à diminuer l’empreinte écologique de l’industrie alimentaire, mais certaines questions importantes demeurent.

«Il faut garder les produits frais et consommables, garder l’imperméabilité de l’emballage et la durée de vie. On est toujours confronté à ces quatre problèmes par rapport au plastique, qui assure une plus grande durée de vie des produits, explique Maryline Crête, directrice des ventes et actionnaire de Trans Graphique Packaging. Est-ce que les compagnies sont prêtes à assumer certains coûts liés au changement d’emballage pour pouvoir être écologiques? On essaie de trouver des alternatives pour se rapprocher du plastique.» 

Selon Geneviève Dionne, le plastique souple a ses qualités, mais présente également des défis à la fin de son cycle de vie. «On n’a pas les solutions. Ce ne sera pas réglé le 1er janvier 2025. Mais pour être capable d’y travailler, il faut que les entreprises et que les citoyens déposent dans le bac. Il nous faut un gisement critique, il faut qu’on sache ce qu’il y a sur le marché et il faut qu’on travaille avec les conditionneurs. Il y a des filières matures et des filières en développement. Ça va prendre du temps. » 

Privilégier l’économie circulaire

Depuis 2022, Éco Entreprises Québec est mandaté par le gouvernement du Québec pour planifier la modernisation de la collecte sélective, qui vise à être en vigueur le 1er janvier 2025. L’équipe va négocier les contrats avec les centres de tri et travailler en partenariat avec les municipalités. En plus d’être l’organisme de gestion désigné pour la collecte, EEQ accompagne également les entreprises dans le développement et la gestion de solutions en économie circulaire. 

« L’objectif est de donner une seconde vie aux matériaux qu’on collecte. À travers nos accompagnements, on va contribuer à réduire à la source et on va remettre en question certains concepts », précise Geneviève Dionne. La directrice invite les entreprises à voir l’emballage comme un tout qui doit protéger un produit, pouvoir demeurer accessible pour le consommateur et être recyclé ou revalorisé afin de favoriser la circularité pour « éliminer les matériaux qui n’ont pas de débouchés ». 

«Les années 1990 ont fait mal, dit-elle. Le marketing a donné plusieurs rôles à l’emballage. Maintenant, il brille, il fait de la musique et il chante. Je pousse beaucoup l’entreprise à revenir vers l’aspect de sobriété. Je challenge beaucoup les équipes marketing. […] Il y a plusieurs façons d’innover avec des matériaux et des emballages existants qui ont besoin d’évoluer. »

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