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Encore! Biomatériaux: une jeune pousse veut remplacer le plastique

Amélie Légaré|Édition de la mi‑juin 2024

Encore! Biomatériaux: une jeune pousse veut remplacer le plastique

Les deux cofondateurs de la startup Encore ! Biomatériaux, Alexandre Savard, responsable du développement technologique, et Nicolas Jourdan-Gassin, responsable du développement des affaires et du marketing, proposent un matériau entièrement compostable et biodégradable pour la conception d’emballages à durée de vie limitée. (Photo: Courtoisie)

EMBALLAGE: PASSER À L’ACTION. Prendre conscience de l’étendue de la pollution émanant de l’industrie du plastique a inspiré la création de la startup Encore! Biomatériaux. Les deux cofondateurs, Alexandre Savard, responsable du développement technologique, et Nicolas Jourdan-Gassin, responsable du développement des affaires et du marketing, proposent un matériau entièrement compostable et biodégradable pour la conception d’emballages à durée de vie limitée. 

En œuvrant dans le domaine du recyclage du plastique pendant et après ses études, Alexandre Savard a constaté que ce ne sont pas tous les types de plastique qui sont recyclés et que, finalement, l’industrie du recyclage favorise l’utilisation du produit vierge.

«On parle d’environ 9% du plastique dans le monde qui est recyclé. Face à ce constat, je cherchais à développer des matériaux qui sont biosourcés et qui vont avoir une durée de vie adaptée à leur temps de décomposition», précise-t-il. Créer un produit qui viendrait remplacer le plastique constituait à ses yeux «une solution à toute cette pollution». 

Si Encore ! Biomatériaux a officiellement vu le jour en 2022, la question du plastique tient à cœur au dirigeant depuis plusieurs années. Il avait même lancé un projet étudiant qui consistait à extraire les microplastiques des plages. « On avait développé une machine et on était allés à Hawaii pour nettoyer les plages. Mes amis ont lancé une entreprise qui fonctionne encore et qui se nomme Hoola One. »

Afin de concrétiser son idée, le visionnaire a mis la main à la pâte afin de développer le matériau, qu’il a fait évoluer lui-même dans un petit local, en mode essais-erreurs. Une fois arrivé à un résultat viable, il a approché différents incubateurs et instances en entrepreneuriat innovant. Nicolas Jourdan-Gassin s’est joint à l’entreprise pour prendre en charge le développement des affaires et le marketing afin de faire connaître le produit.   

Se propulser grâce à l’écosystème

Encore! Biomatériaux est présentement incubée chez 2 Degrés, qui se spécialise en technologies propres. L’équipe collabore également avec Innofibre, un CCTT qui leur donne accès à de l’équipement et les aide à caractériser leur produit.

«De fil en aiguille, on développe des partenariats en fonction de nos besoins. On est en train de parler à des partenaires pour automatiser notre production. Cela va nous permettre d’être compétitifs sur le plan des coûts avec les solutions en plastique et les solutions pour les emballages», affirme Alexandre Savard. 

Grâce à une subvention, les deux partenaires d’affaires pourront acquérir de l’équipement et lancer leur production semi-automatisée cet été.

«L’emballage, c’est une commodité. On veut être capables d’être compétitifs en automatisant notre production le plus possible.»

Par la suite, ils souhaitent débuter avec une petite production, valider leurs hypothèses de coût et vendre de premiers produits pour voir la réponse de la clientèle. «C’est une étape super excitante», confie l’entrepreneur. 

Une composition 100 % organique

Jusqu’à présent, Encore! Biomatériaux se concentre sur les résidus de drêche de bière pour former son liant biosourcé et biodégradable. «Ce qu’on aime faire, c’est prendre le rebut d’une industrie et le réinjecter dans cette industrie. On cible des microbrasseries et on aurait un premier projet de vente de sous-verres et de portes-cannettes en drêche de bière. On a de premiers prototypes pour ces pièces et on va chercher à les commercialiser au courant de l’année», confie Alexandre Savard. Ils comptent par la suite intégrer des coquilles ou du marc de café comme substances organiques.

«On va penser à des produits connexes de l’industrie, les verres et couvercles à café, par exemple.» Ils vont également considérer les aiguilles des sapins jetés après les Fêtes ou les résidus de fleuristes pour intégrer «des fleurs aux emballages».  

«On se distingue aussi des bioplastiques parce que ce sont des matières naturelles et si on les traite à la mauvaise place ou si on les échappe dans la nature, ils vont finir par se dégrader quand même», ajoute le cofondateur. Une fois mis en terre, la jeune pousse vise que son produit se dégrade en moins de 30 jours.

Une vision d’avenir durable

À plus long terme, l’équipe de Encore! Biomatériaux aimerait approcher des distributeurs pour la vente de ses produits, même si elle apprécie la proximité avec le client final au lieu d’une tierce partie. Alexandre Savard souhaite profiter des connaissances acquises dans le cadre de ce projet et continuer de faire de la recherche afin de pouvoir accéder à de nouveaux marchés et cibler plus largement l’industrie de l’emballage. Il est même ouvert à utiliser son expertise afin de développer de nouveaux matériaux pour d’autres entreprises.

«Il y a des propriétés qui vont lui être propres et cela demande quand même un certain temps de développement. […] Certains enjeux comme la résistance à l’humidité, c’est quelque chose qui revient et qu’on travaille beaucoup, mais qu’on arrive à faire.»

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