Selon la présidente et propriétaire, Zara-Emmanuelle Villani, les donneurs d’ordres font évoluer l’industrie en demandant aux entreprises de se conformer à certaines normes. (Photo: Courtoisie)
EMBALLAGE: PASSER À L’ACTION. Comment demeurer écoresponsable quand on produit 750 millions d’enveloppes par année à l’aide de machines qui roulent à haut débit, 24 heures sur 24? Enveloppe Concept a fait des normes environnementales une priorité au fil des années, au point que la présidente considère sa PME comme un modèle à suivre.
Comme plus important fabricant canadien privé d’enveloppes, l’entreprise a fait le choix d’obtenir deux certifications: la norme ISO-9001, qui assure un système de gestion de qualité, et celle de la FSC (Forest Stewardship Council) pour la gestion durable des forêts. Selon la présidente et propriétaire, Zara-Emmanuelle Villani, les donneurs d’ordres font évoluer l’industrie en demandant aux entreprises de se conformer à certaines normes. Le gouvernement et les institutions financières exigent la certification FSC pour leurs enveloppes. Toutefois, l’entreprise a emboîté le pas en décidant d’opérer presque en totalité avec du papier certifié.
«On est audité annuellement. On doit prouver la traçabilité de notre produit. On reçoit notre papier et il y a une documentation. Les gens qui nous ont vendu [un produit] sont certifiés, de la personne qui a fait la coupe d’arbre, jusqu’à la réception», précise la gestionnaire.
Zara-Emmanuelle Villani constate d’ailleurs un changement de culture au sein de l’industrie. «Il y a 15 ans, quand je faisais un pitch de vente, je parlais surtout du service et de nos produits. Je passais très vite la partie sur l’environnement. Aujourd’hui, c’est le contenu principal de ma présentation et c’est là qu’on a le plus de questions. Maintenant, les gens nous demandent comment nos opérations s’assurent de suivre les normes ESG. On s’aperçoit qu’on les suivait depuis longtemps, mais sinon on se questionne et on se repositionne.»
L’environnement au cœur des opérations
Enveloppe Concept recycle, récupère ou réutilise ses matières premières. Ses rejets de papier vont vendus à une tierce partie, qui les utilise pour produire du papier hygiénique ou essuie-tout. « Il n’y a pas un bout de papier chez Enveloppe Concept qui est mis à la poubelle, affirme Zara-Emmanuelle Villani, qui a pris les rênes de l’entreprise de son père en 2022, après y avoir évolué durant plusieurs années. Le fournisseur d’encre va la recycler et nous la redonner. On utilise cette encre pour faire la teinte intérieure. L’encre n’est jamais rejetée et elle est réutilisée à l’infini. »
Au sein de leurs installations, la consommation d’eau et d’énergie a été diminuée de façon radicale grâce à des investissements. Même la chaleur provenant des compresseurs et des pompes à eau est récupérée pour chauffer l’usine l’hiver. « Notre mission, c’est de guider les gens vers des produits plus écoresponsables, mais le plus important et intéressant, c’est que depuis très longtemps, Enveloppe Concept s’assure d’une éthique écologique du cycle de vie de son produit, surtout dans ses opérations. »
Afin de répondre à la demande, l’entreprise offre à sa clientèle des enveloppes en papier recyclé à différents degrés. « Un papier blanc recyclé à 100% va être beaucoup plus cher qu’un papier avec de la matière recyclée à 30%. Une fibre recyclée est beaucoup plus coûteuse qu’une fibre vierge », admet Zara-Emmanuelle Villani. Le film de plastique sur l’enveloppe peut aussi être offert recyclé à un coût plus élevé, mais la gestionnaire se fait rassurante: « Il y a des organisations qui prennent la décision d’utiliser des produits recyclés à 100%. »
L’importance du réseau d’affaires
Pendant la pénurie de papier en 2022, Enveloppe Concept a réussi à se tirer d’affaire grâce à son réseau et à ses relations. «J’achetais du papier entre autres en Europe, mais avec la guerre en Ukraine, les coûts d’énergie ont augmenté et le prix du papier a explosé. Cela me mettait à risque comme compagnie», confie la propriétaire. Après la crise, l’entreprise s’est adaptée en multipliant les fournisseurs dans différents pays et en proposant de nouvelles solutions à ses clients. «Ça n’a pas été facile, mais après une année comme 2022, je pense que tous les gestionnaires qui utilisent le substrat du papier se disent qu’ils peuvent passer au travers de tout.»
Au moment où ces lignes étaient écrites, Zara-Emmanuelle Villani s’apprêtait à se diriger vers le salon d’imprimerie drupa, en Allemagne, pour s’inspirer des domaines de l’emballage et de l’imprimerie, ainsi que dans la gestion de ses opérations.
«Il ne faut pas regarder, comme gestionnaire et entrepreneur, seulement ce qui se passe dans notre industrie ; il faut regarder dans les autres industries ce qui est fait pour essayer de s’améliorer et partager des pratiques d’affaires entre nous.»