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«Imaginer les emballages de demain»

Amélie Légaré|Édition de la mi‑juin 2024

«Imaginer les emballages de demain»

Le professeur à l’École de design de l’UQAM et directeur du programme de design graphique, Sylvain Allard, a intégré la notion d’écoconception au programme. (Photo: Courtoisie)

EMBALLAGE: PASSER À L’ACTION. Une entreprise qui revoit son concept d’emballage une fois que son produit est sur le marché doit non seulement revenir sur la table à dessin, mais également faire appel à des fournisseurs différents, réaliser des tests sur d’autres matériaux et prévoir une nouvelle calibration au niveau de la production. Il devient donc pertinent de s’intéresser à l’écoconception en amont.  

Le professeur à l’École de design de l’UQAM et directeur du programme de design graphique, Sylvain Allard, s’intéresse aux emballages depuis une vingtaine d’années. Il a intégré la notion d’écoconception au programme.

« À l’époque, c’était un mot abstrait. Les gens ne savaient pas exactement de quoi il s’agissait. Il y avait peu de réflexions et cela m’étonnait de voir comment cet objet incontournable du quotidien avait peu d’attention au niveau du design et de son poids environnemental », indique le professeur.

Depuis, il réalise avec ses étudiants des projets d’exploration, d’expérimentation et de création en toute liberté pour « imaginer les emballages de demain ». 

Dans leurs créations, il leur propose de s’inspirer de la nature qui est remplie « d’emballages naturels », tout en respectant les barèmes généraux de l’écoconception, notamment la quantité, le choix et la recyclabilité de la matière. Ensemble, ils utilisent leurs connaissances pour réfléchir à toutes les étapes en fonction des principes de l’analyse du cycle de vie.

« Chaque détail, la quantité de matière, la fonctionnalité, la recyclabilité, la fin de vie de l’emballage. Ce sont des choses auxquelles il faut penser en amont et non pas une fois qu’on les a créés. Les problèmes sont beaucoup plus difficiles à régler une fois que le produit est sur le marché », admet le professeur Sylvain Allard. 

Emballage du futur 

On entend de plus en plus parler d’emballages intelligents et régénératifs, mais la durée de vie et la recyclabilité viennent ajouter des contraintes au développement de la technologie. 

En collaboration avec un client, l’Institut des communications graphiques et de l’imprimabilité (ICI), un centre collégial de transfert de technologies associé au Collège Ahuntsic, planche d’ailleurs sur un concept d’étiquettes intelligentes depuis plusieurs années. L’équipe utilise des étiquettes conventionnelles sur lesquelles elle imprime, entre autres, une antenne et une source d’énergie connectées à une puce intégrée pour « fournir des renseignements sur la traçabilité ». Toutes les composantes des étiquettes sont imprimées par des procédés rotatifs conventionnels avec des encres fonctionnelles et conductrices, sauf la puce. La technologie peut ainsi fournir de l’information sur les fluctuations de température, l’humidité, les vibrations, les chocs ou permettre de valider le sceau d’authenticité d’un produit.

«Cette nouvelle fonctionnalité peut être imprimée par les procédés d’impression classiques. L’étiquette devient intelligente parce qu’on lui ajoute différentes fonctions interactives», précise Ngoc Duc Trinh, directeur général adjoint et directeur de la recherche et des services techniques à l’ICI. Toutefois, un support en polyéthylène téréphtalate (PET) est préférable au papier sur le plan des performances électroniques et l’impression se fait avec des encres fonctionnelles qui peuvent être à base de métaux. 

«Comme toute technologie, certaines composantes ont une charge environnementale plus élevée que d’autres. Parmi ces dernières, les encres conductrices et le substrat sur lequel on imprime (PET)», affirme Mirko Torres, responsable des projets et des retombées sur l’enseignement à l’ICI.

Synergie dans le milieu de la recherche

Ce constat a fait naître deux autres projets de recherche pour l’ICI, qui a travaillé en collaboration avec d’autres centres collégiaux de transfert de technologies (CCTT). Avec Innofibre, un CCTT spécialisé en revalorisation de fibres cellulosiques, l’équipe étudie l’effet de ces nouvelles composantes sur la recyclabilité des boîtes. 

« On a optimisé les étiquettes de sorte que lorsqu’elles entrent dans le circuit de revalorisation des fibres cellulosiques à l’étape de mise en pâte, elles se décollent des boîtes, sans endommager les fibres, ce qui empêche qu’elles entrent dans le circuit de revalorisation. Ainsi, il n’y a aucun changement à faire en tant que tel au procédé de recyclage », ajoute Mirko Torres. 

Avec Coalia, un autre CCTT expert en plasturgie, ils ont démontré qu’ils pouvaient utiliser du PET recyclé sans avoir à se limiter au matériel vierge. « C’est même une bonne façon d’aller réduire l’impact environnemental de nos produits. »

L’équipe de l’ICI a acquis de nombreuses connaissances sur le procédé grâce au projet. Ultimement, ces étiquettes intelligentes pourraient servir pour différentes applications dans l’alimentaire, dans le pharmaceutique, dans l’aéronautique, et dans l’agriculture. 

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