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Retenez la date du 1er août!

John Plassard|Publié le 28 juin 2024

Retenez la date du 1er août!

(Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Lorsqu’on parle d’investissement dans des énergies plus vertes, on pense souvent à un rendement potentiel à court/moyen terme avant de penser aux répercussions de la pollution sur la nature. Pourtant, la situation, quel que soit le calcul, devient de plus en plus grave et ne laisse que peu de doute quant à la dégradation de notre terre. Synthèse et analyse d’une situation dont (presque) plus personne ne parle.

Les faits

Lorsque vous serez en vacances en train de siroter un cocktail en août prochain, souvenez-vous de la date du 1. Pas parce que c’est la fête nationale suisse, mais parce que le 1er août marquera cette année le Earth Overshoot Day, le jour où la demande de l’humanité en ressources écologiques dépasse les ressources que la Terre peut régénérer au cours de l’année. Ceci est bien évidemment à mettre sur le compte de la pollution.

Rappelons que le concept de pollution est défini comme l’introduction de contaminants nocifs dans l’environnement qui altèrent négativement notre cadre de vie. La prévalence généralisée de la pollution environnementale a commencé avec la naissance de la révolution industrielle et n’a pas ralenti depuis.

Au fil des ans, les économies et les populations ont continué à croître, tout comme la pollution de l’environnement.

Il en résulte un grave problème mondial qui continue d’affecter la biodiversité, les écosystèmes et la santé humaine dans le monde entier.

Si la pollution peut prendre plusieurs formes, telles que la lumière et le bruit, les trois principaux types de pollution sont la pollution de l’air, la pollution des sols et la

pollution de l’eau. L’homme contribue chaque jour à chacun de ces types de pollution.

Qu’est-ce que le Earth Overshoot Day ?

Au fil des décennies, l’empreinte écologique et carbone de l’homme a progressivement augmenté, alors que la biocapacité de la Terre, c’est-à-dire sa capacité à régénérer les ressources, a considérablement diminué.

C’est pourquoi le Earth Overshoot Day est arrivé de plus en plus tôt, passant du 30 décembre 1970 au 29 juillet 2020, année de la pandémie, puis au 22 août.

En 2020, l’année de la pandémie, le 29 juillet a été repoussé au 22 août, mais, bien que 2024 représente un léger changement positif par rapport au 28 juillet de 2022, la tendance est à la stagnation plutôt qu’au progrès.

Le concept de l’Earth Overshoot Day a été conçu pour la première fois par Andrew Simms, du groupe de réflexion britannique New Economics Foundation, qui s’est associé à Global Footprint Network en 2006 pour lancer la première campagne mondiale de l’Earth Overshoot Day. Le WWF, la plus grande organisation de protection de la nature au monde, participe à l’Earth Overshoot Day depuis 2007.

Pourquoi le 1er août?

Pour déterminer la date du Jour du dépassement de la Terre, Global Footprint Network calcule le nombre de jours que la biocapacité de la Terre peut fournir pour la consommation de l’humanité, comme expliqué sur cette page. La méthodologie s’appuie sur la dernière édition des Comptes nationaux de l’empreinte et de la biocapacité, qui présente inévitablement un «décalage» avec le temps présent en raison des procédures de compte rendu des Nations Unies.

Pour combler ce « décalage » et déterminer le Jour du dépassement de la Terre pour l’année en cours, Global Footprint Network établit des lignes de tendance à partir

des données des comptes nationaux de l’empreinte et de la biocapacité et étends ces lignes de tendance à l’année en cours. Lorsque cela est possible, des données plus récentes (Global Carbon Project, Agence internationale de l’énergie (AIE), etc.) sont incorporées pour renforcer l’évaluation des années « manquantes ». Le rapport de recherche téléchargeable présente ces ensembles de données et cette méthodologie.

Le résultat de toutes les extrapolations de données et de tous les facteurs analysés a permis de conclure que le Jour du dépassement de la Terre (Earth Overshoot Day) 2024 aura lieu le 2 août.

Comment investir dans la thématique?

Cette question peut paraître mal placée, car nous n’avons aucune velléité à investir dans la dégradation de la mère Nature comme vous pouvez l’imaginer.

Ce qui nous intéresse ici, c’est plutôt de constater que la liquidation des stocks de ressources écologiques et l’accumulant des déchets dégagent principalement du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Le mot (l’ennemi) est lancé : le dioxyde de carbone, plus communément employé sous sa formule moléculaire CO2.

S’il y a plusieurs moyens de combattre (réduire ?) le CO2, il y a en a 2 principaux qui sortent du lot (dont nous avons parlé à plusieurs reprises) :

La capture du carbone:

On dénomme CCS la succession des opérations qui vont, du captage du CO2, principalement lors de la combustion des sources fossiles (charbon, produits pétroliers, gaz naturel), à son transport par gazoduc puis à son stockage géologique dans des gisements d’hydrocarbures ou des aquifères salins profonds.

Le sigle CCS, en outre, tend de plus en plus à devenir CCUS pour «carbon capture utilization and storage», car une partie du carbone destiné au stockage pourrait être utilisé plus largement qu’il ne l’est usuellement.

Séparer le CO2 des autres gaz (oxygène, vapeur d’eau, azote) est indispensable parce qu’il n’entre que pour 5 à 15 % dans la composition des fumées et qu’il serait hors de question de comprimer et stocker les 80 % restants.

Dans le secteur de l’énergie, un exemple de cette approche est l’EOR+, qui combine la récupération assistée du pétrole (EOR) avec la monétisation de la séquestration du carbone. Dans le cadre de l’EOR+, le carbone est extrait de l’air ou retiré directement des entreprises émettrices de carbone et transféré dans un puits de pétrole.

Ce carbone est ensuite poussé dans le sol, ce qui fait remonter le pétrole. Le carbone est stocké sous terre dans les poches de roche où se trouvait le pétrole, tandis que le pétrole est produit avec une empreinte carbone beaucoup plus faible.

Cela réduit considérablement l’intensité de carbone du pétrole extrait et, si l’on tient compte du carbone séquestré, il est possible d’obtenir un pétrole net négatif, c’est-à- dire un pétrole qui séquestre plus de carbone qu’il n’en émet lors de son extraction et de sa consommation.

Le carbone bleu:
Le carbone bleu désigne le carbone stocké dans les écosystèmes côtiers tels que les mangroves, les herbiers marins et les marais salants.

Ces écosystèmes ne couvrent que 1 % des fonds marins, mais peuvent stocker jusqu’à 10 fois plus de carbone par unité de surface que les forêts terrestres.

Le carbone bleu est ainsi appelé parce qu’il est stocké dans les organismes vivants marins ou côtiers et dans les sédiments qui les recouvrent.

Les écosystèmes à carbone bleu sont essentiels à la santé de notre planète. Non seulement ils stockent le carbone, mais ils fournissent également des services essentiels tels que la purification de l’eau, la protection des côtes et l’habitat de la vie marine.

Au cours de la dernière décennie, les scientifiques ont découvert que les prairies marines, les marais intertidaux et les forêts de mangroves comptent parmi les puits de carbone les plus intenses au monde. Cela signifie que les compensations de carbone bleu peuvent éliminer d’énormes quantités de gaz à effet de serre.

Un projet de compensation de carbone bleu devrait voir ses crédits carbone s’échanger à un prix élevé.

Cela s’explique par les importants effets positifs de second ordre, tels que les effets positifs sur les coraux, les algues et la biodiversité marine (requins, baleines, tortues de mer, etc.) qui ont été si négativement affectés par des activités telles que la surpêche et l’agriculture.

Synthèse

La prise de conscience des investisseurs que le 1er août 2024 marquera le Earth Overshoot Day, le jour où la demande de l’humanité en ressources écologiques dépasse les ressources que la Terre peut régénérer au cours de l’année est cruciale. En effet, plus on en parle, plus on prendra conscience que des solutions doivent être trouvées rapidement. La séquestration de carbone et le carbone bleu peuvent faire partie de celles-ci.