Distillerie Arsenal a mis la main sur des inventaires, notamment 700 barils de gins, de whiskey et d’acerum, ainsi que sur les recettes de fabrication et les logos de la Distillerie du St. Laurent. (Photo: courtoisie)
En faillite, la Distillerie du St. Laurent verra ses produits survivre, car la marque a été achetée par un jeune joueur de l’industrie, la Distillerie Arsenal de Québec.
Les locaux de Pointe-au-Père à Rimouski ainsi que les équipements ne font toutefois pas partie de la transaction de cette entreprise qui s’est protégée de ses créanciers en mars 2023 avant de fermer ses portes définitivement en mai. Elle traînait une dette qui s’élevait à environ 13,5 millions de dollars.
Distillerie Arsenal a mis la main sur des inventaires, notamment 700 barils de gins, de whiskey et d’acerum, ainsi que sur les recettes de fabrication et les logos de la Distillerie du St. Laurent.
«On a tout pour continuer dans le même esprit que cette marque-là qui a beaucoup d’histoire, a affirmé en entrevue François Nolin, copropriétaire de la Distillerie Arsenal. Ce sont des pionniers dans notre industrie, de vrais artisans qui utilisent des produits locaux. On voyait cela comme un bon modèle qu’on désire poursuivre.»
Le restaurateur s’est dit soulagé que ce fleuron reste entre les mains de Québécois à la suite de cette liquidation menée par un syndic.
«On a su que des Chinois étaient intéressés, dit celui qui est aussi cofondateur des restaurants et de la microbrasserie Archibald. On ne voulait pas que ces produits partent à l’étranger.»
Miser sur la polyvalence
Même si son restaurant n’est ouvert que depuis septembre et que ses gins et son rhum ne sont pas encore vendus à la SAQ, la Distillerie Arsenal a tout l’équipement nécessaire pour distiller les spiritueux.
Évoluant dans une industrie qui connaît des difficultés depuis deux ans, l’entreprise de Québec compte sur sa polyvalence pour tirer son épingle du jeu. «On était déjà sensibilisé aux problématiques, mentionne l’entrepreneur. C’est pour cela que notre modèle d’affaires est différent. La grande majorité des distilleries au Québec n’ont qu’une source de revenus: la SAQ. Donc, si la SAQ vend moins ton produit, tu deviens démuni.»
Par conséquent, la Distillerie Arsenal veut imiter Archibald en créant une émotion liée à ses produits. Pour y arriver, elle a ouvert un restaurant et une boutique qui engrangeront également des revenus. Installée dans les anciens locaux de l’usine de munitions Saint-Malo en basse-ville de Québec, elle souhaite organiser des visites pour que les intéressés puissent en apprendre davantage sur l’histoire des lieux, dont le rôle des femmes pour produire des armes durant la Deuxième Guerre mondiale, mais aussi sur la fabrication de gin et de whisky, tout en proposant des ateliers de mixologie.
«Avec un restaurant de 230 places, la boutique qui vend nos produits et les visites organisées, on compte générer des revenus et diffuser la marque», précise François Nolin.
L’acquisition de la marque de la Distillerie du St. Laurent ainsi que ses inventaires accélérera assurément la croissance de la Distillerie Arsenal qui a lancé trois gins et un rhum épicé et qui travaille sur un whisky qui prendra quelques années avant de mûrir. Elle est pourra également compter sur les produits St. Laurent, soit quatre gins, deux whiskeys et un acerum.
«Cette acquisition ne change rien à notre plan, mais on arrive avec un portefeuille beaucoup plus large, estime François Nolin. On vient de gagner des galons en termes de reconnaissance de notre marque qui est toute jeune.»