Vincent Trépanier, Jade Trépanier et Thomas Thivierge ont fondé Pickpack, une entreprise qui offre des emballages réutilisables jusqu'à 50 fois. (Photo: courtoisie)
INDUSTRIE DE L’EMBALLAGE. Le contenant d’un produit en dit long sur l’organisation qui est derrière. En particulier, il reflète son engagement envers les principes d’écoresponsabilité — pour le meilleur et pour le pire. Voici comment tirer parti des emballages verts pour se démarquer et verdir son image d’entreprise.
L’emballage sert bien sûr à protéger un produit — mais pas seulement. Vendeur silencieux, il est un outil de communication important, explique Deny Bélisle, professeur en marketing à l’Université de Sherbrooke.
« Dans un contexte de magasinage “libre-service”, comme au supermarché ou à la pharmacie, il n’y a pas de vendeur pour transmettre au client l’image de marque et lui expliquer les caractéristiques d’un produit. L’emballage vient donc remplacer le vendeur », dit celui qui est également cofondateur du groupe de recherche en marketing sensoriel (MARS).
L’emballage en dit long sur l’image d’entreprise, et peut communiquer implicitement ou explicitement le positionnement de l’entreprise en ce qui a trait à l’écoresponsabilité de celui-ci.
« Se prétendre vert est toutefois assez facile, et c’est justement parce qu’il est difficile de se démarquer à cet égard que l’écoblanchiment est un problème », note Deny Bélisle. Cela dit, il existe quand même des manières d’envoyer un signal que notre emballage est vraiment vert.
Une de celles-ci consiste à faire appel à des certifications, comme l’attestation Écoresponsable du Conseil des industries durables, qui vient confirmer les démarches d’écoconception et les attributs écoresponsables des emballages.
Se distinguer par son sérieux
Le lait La Pinte, basé à Ayer’s Cliff, en Estrie, est un bon exemple d’emballage qui communique un positionnement écoresponsable, illustre Deny Bélisle. Fait de verre plutôt que de carton ou de plastique, la bouteille est consignée et peut donc être réutilisée par l’entreprise de sorte à limiter l’empreinte écologique du produit.
« C’est une belle façon de poser un geste concret, dit le professeur. Ici, on ne dit pas seulement “Nous sommes écoresponsables”, on ne fait pas d’écoblanchiment, on communique un sérieux à travers l’emballage lui-même. »
Aux yeux des consommateurs, la bouteille de verre amène une crédibilité parce qu’il y a un effort supplémentaire à réaliser pour organiser la consigne et la réutilisation.
Cette approche est d’autant plus gagnante qu’elle permet au produit de se distinguer clairement sur les tablettes de l’épicerie. « Quand on arrive dans le rayon du lait, on remarque rapidement cet emballage-là, dit Deny Bélisle. C’est qu’il est très différent des autres, qui ont tous la même forme, le même matériau, et même parfois des couleurs qui se ressemblent. »
Très minimaliste et épuré — on lit seulement « La Pinte », « Lait/Milk » et « 1L » sur le devant de la bouteille — cet emballage laisse parler le contenant et véhiculer les valeurs de l’entreprise.
Le défi du web
Dans un contexte de vente en ligne, l’emballage peut aussi jouer un rôle sur le plan de l’image d’entreprise. Il faut toutefois s’y prendre différemment.
Par exemple, il est possible de recourir à un emballage réutilisable pour la livraison. C’est ce qu’a fait l’entreprise PickPack, basée à Granby, en offrant deux emballages, un petit et un plus gros, qui permettent de livrer des objets de tailles différentes allant par exemple jusqu’aux bottes et manteaux d’hiver.
Réutilisables 50 fois, les emballages doivent être renvoyés à l’entreprise via Postes Canada, avec qui collabore PickPack. « C’est un concept européen qu’on a voulu implanter ici. Fabriqués à partir de polyéthylène, nos emballages sont ensuite recyclés par Exxel Polymère, à Bromont, une fois qu’ils sont en fin de vie », explique Jade Trépanier, cofondatrice et copropriétaire de l’entreprise qui s’apprête à mettre en circulation 10 000 emballages.
Les clients de PickPack sont variés, et vont des friperies en ligne aux marques de vêtements en laine écoresponsable, comme Timininous, en passant par les magasins de sport et de plein air. « Ce sont généralement des entreprises avec des clients qui sont plus conscientisés aux enjeux environnementaux », dit Jade Trépanier.
Bego, par exemple, une marque de chaussures et accessoires véganes et écoresponsables basée sur la Rive-Sud de Montréal, fait d’ailleurs appel à PickPack depuis l’automne dernier pour cette raison.
« L’écoresponsabilité, c’est dans l’ADN de notre entreprise, on prône l’écologisme, le véganisme, alors c’est sûr qu’on veut des emballages qui sont aussi écoresponsables », explique la propriétaire, Audrée Lacombe-Pruneau.
En plus d’asseoir son engagement envers l’environnement, offrir aux clients la possibilité d’utiliser un emballage réutilisable lui permet de faire d’une pierre deux coups. Car si elle doit payer 3 $ pour le PickPack, la clientèle obtient en échange un cadeau, comme une pince à cheveux en fibre de blé d’une valeur de 8 $, et une carte-cadeau de 5 $.
« C’est bon pour l’environnement, et ça l’encourage à revenir faire affaire avec nous », note la propriétaire.
Un plan triplement gagnant.