(Photo: 123RF)
ÉNERGIE. Le Canada est depuis longtemps reconnu pour son expertise en matière d’énergie renouvelable. Les énergies éoliennes et solaires sont les sources d’électricité qui connaissent la plus forte croissance au pays. La remise en question planétaire provoquée par la pandémie pourrait fort bien être de bon augure pour les entreprises de ce secteur qui carbure aux innovations.
Au fil des décennies, le principal producteur d’électricité de la province s’est constitué un portefeuille de sources variées d’énergie renouvelable.
Sa division Hydro-Québec Production affichait l’an dernier une puissance installée totalisant 37 243 mégawatts (MW). Selon le rapport annuel 2019 de la société d’État, la part du lion de cette puissance provient de ses 62 centrales hydroélectriques (36 700 MW). S’y ajoutent 543 MW divisés entre 24 centrales thermiques, soit 23 centrales au diesel des réseaux autonomes, incluant les Îles-de-la-Madeleine, et la centrale au gaz naturel de Bécancour.
Les quelque 10 683 MW de puissance installée restants sont constitués des sources d’approvisionnement de sa division Hydro-Québec Distribution auprès de producteurs privés d’énergie renouvelable.
Cette énergie regroupe principalement les approvisionnements de 41 parcs éoliens, de 9 centrales de cogénération à la biomasse, de 4 centrales de cogénération au biogaz et de 7 petites centrales hydroélectriques.
La centrale hydroélectrique de Churchill Falls, au Labrador, procure 5 428 MW de cette énergie supplémentaire, mais relève toutefois d’Hydro-Québec Production.
Actuellement, la division Production de la société d’État a uniquement un projet hydroélectrique en cours, soit la centrale la Romaine-4, de 245 MW, sur la Côte-Nord. Elle devrait être mise en service au cours des deux prochaines années.
«Nous n’avons pas d’autres projets prévus en hydroélectricité», souligne Marc-Antoine Pouliot, chef du service des médias et des affaires publiques à Hydro-Québec.
Une initiation solaire
Hydro-Québec Production fait toutefois ses premiers pas dans le secteur de l’énergie solaire, et ce, grâce à deux projets qui devraient être mis en service d’ici la fin de l’année.
Il s’agit d’une centrale solaire située à La Prairie, sur le site de l’ancienne centrale thermique de La Citière, et d’une centrale solaire à Varennes, plus précisément à l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ).
Dotée d’une puissance installée de 8 MW, la centrale de La Prairie aura une superficie de 150 000 m2, soit l’équivalent de 28 terrains de football américain. Plus petite, celle de l’IREQ aura une superficie de 56 000 m2, ce qui représente «seulement» 10 terrains de football, pour une puissance installée de 1,5 MW.
Ces deux projets aideront Hydro-Québec Production à déterminer si elle doit ou non ajouter davantage d’énergie solaire dans son portefeuille de projets. «C’est une possibilité, mais nous n’avons pas encore la réponse», dit Marc-Antoine Pouliot, en précisant que les coûts de production de cette source d’énergie sont un peu plus élevés.
Depuis 2010, les coûts de production de l’énergie solaire ont chuté de 80 %, passant de 37,8 cents à quelque 6,8 cents américains le kilowattheure (9 cents canadiens), selon le magazine allemand PV Magazine, spécialisé dans la production d’énergie solaire.
Pour mettre les choses en perspective, le coût marginal d’Hydro-Québec production pour son dernier projet, la Romaine, s’élève à 6,8 cents. Et le prix moyen des projets soumis lors du dernier appel d’offres d’Hydro-Québec Distribution dans le secteur éolien, en 2014, se chiffrait à 6,3 cents.
L’énergie solaire est donc de plus en plus compétitive, mais pas autant que l’hydroélectricité et l’énergie éolienne.
Entreprises dans le vent
Malgré tout, Hydro-Québec Production n’a pas l’intention de se lancer dans la production d’énergie éolienne au Québec. «Non, ce n’est pas envisageable», laisse tomber Marc-Antoine Pouliot.
Il explique que la décision a été prise il y a 20 ans de laisser cette filière à des producteurs privés de la province. Cela a permis le développement de Boralex et d’Innergex, deux entreprises québécoises qui sont maintenant actives sur les marchés étrangers, notamment aux États-Unis.
En février, la société d’État a d’ailleurs investi 661 millions de dollars sous la forme d’un placement privé dans Innergex, afin d’investir conjointement avec elle dans des projets d’énergie verte à l’extérieur du Québec.
Pour sa part, Hydro-Québec Distribution accélérera le pas pour lancer de nouveaux appels d’offres. La division estime qu’elle pourrait manquer d’électricité d’ici cinq ans en raison de la hausse de la demande, notamment parce que Québec veut électrifier les des transports, comme l’indiquait récemment à La Presse son responsable des approvisionnements en électricité, Dave Rhéaume.
Marc-Antoine Pouliot confirme que cette division cherche à s’approvisionner auprès de diverses sources, de l’éolien au solaire, en passant par la biomasse et la petite centrale hydraulique. «On est en consultation auprès de l’industrie», affirme-t-il.
De nouveaux appels d’offres seront donc nécessaires. La société d’État pourrait aussi renouveler des contrats existants avec des producteurs privés afin de prolonger la durée des approvisionnements, tout en essayant de réduire les prix.