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Fini les conduites d’eau et de gaz rompues avec Géodar

Emmanuel Martinez|Édition de septembre 2024

Fini les conduites d’eau et de gaz rompues avec Géodar

Le capteur aimanté conçu par ­Géodar, qui détecte les tuyaux enfouis sous terre, est accroché au bras de la pelle mécanique. Il émet des ondes qui scrutent ce que l’opérateur ne peut pas voir. (Photo: 123RF)

ENTREPRENEURIAT. Tous les jours dans le monde, une excavatrice rompt des conduites d’aqueduc ou de gaz, ce qui entraîne des pertes d’eau potable, des émissions dangereuses de combustibles et des réparations coûteuses.

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Trop fréquents, ces accidents pourraient devenir chose du passé grâce à la start-up montréalaise Géodar. Elle a conçu un capteur aimanté afin de détecter les tuyaux enfouis sous terre. Accroché au bras de la pelle mécanique, il émet des ondes qui scrutent ce que l’opérateur de machine lourde ne peut pas voir.

« L’intelligence artificielle analyse les données en temps réel, explique le fondateur et PDG de Géodar, Charles Gauthier. S’il y a un tuyau, le capteur se met à clignoter en rouge et à lancer une alarme sonore pour prévenir un dégât. »

Ayant lui-même travaillé comme opérateur de pelle mécanique durant ses études, le jeune homme de 26 ans a eu l’idée de créer ces capteurs en étant témoin d’un accident causé par une excavatrice. « Un opérateur a accroché une conduite de gaz et cela a coûté 300 000 $ à l’entrepreneur, dit celui qui a grandi à Sainte-Ourse en Mauricie. Le problème dans le domaine de la construction, c’est qu’on se fie à des archives incomplètes pour savoir où sont les tuyaux enfouis. »

En plus de prévenir des accidents, il souligne également que son appareil permet de gagner en productivité puisqu’un opérateur qui sait qu’il y a un tuyau sous terre pourra travailler plus efficacement avec cet outil qu’en y allant à tâtons.

Un emballement encourageant

Même s’il évolue dans un domaine moins prisé par le capital de risque, l’entrepreneur n’a pas eu de difficulté à susciter de l’engouement pour son projet.

« Des investisseurs me couraient après parce qu’on a su démontrer qu’il y a un excellent marché pour une solution novatrice », explique-t-il. Il a cependant refusé une offre en juin, car il estimait que les évaluations et les conditions pour accueillir du capital n’étaient pas assez favorables. Il compte donc attendre un peu et renégocier cet automne une meilleure entente pour lui, puisqu’il aura alors en main les résultats des expérimentations effectuées avec la firme de construction Michaudville.

Puisque des excavatrices et des tuyaux enfouis se retrouvent partout, Géodar vise le monde, soit le Canada, les États-Unis et l’Europe pour commencer. Elle espère vendre 500 unités en 2028, afin d’atteindre des revenus d’environ 40 millions de dollars cette année-là.

En attendant, Charles Gauthier a réussi à financer le développement de son innovation conçue à Montréal à même ses économies ainsi que des aides gouvernementales. Des membres de son équipe ont aussi contribué. « On est dans un champ technologique assez nouveau, croit-il. Il n’y a pas beaucoup d’expertise des capitaux de risque là-dedans. Ils sont donc plus craintifs à investir. Cependant le hardware recommence à devenir plus sexy. Les gens sont tannés des logiciels B2B. »

Le fait que l’entreprise ait réussi à créer ce capteur après n’avoir été fondée qu’en 2022 a été bien accueilli. « On a surpris les experts dans le domaine, note le PDG. Cela a impressionné les investisseurs de voir notre équipe atteindre ses objectifs et réussir à livrer un produit presque prêt à être commercialisé. »

Trouver son premier client

La PME Michaudville a accepté d’acheter le capteur de Géodar afin d’être la première à l’essayer cet été. Cette association a été cruciale pour la start-up.

« J’avais déjà travaillé pour Michaudville, donc je les ai contactés, précise l’homme d’affaires qui étudie l’ingénierie mécanique à l’École de technologie supérieure. C’est la plus grosse compagnie de construction sur la Rive-Sud. Elle avait une ouverture à essayer de nouvelles technologies. »

Selon lui, les expérimentations sont très concluantes. Le même capteur a été testé sur plusieurs excavatrices et la start-up est en train d’accroître sa précision.

Elle espère donc effectuer quelques modifications afin de le peaufiner à la fin du projet pilote en octobre. Ensuite, elle désire récolter de l’argent pour entamer la production et la vente de sa technologie qu’elle veut commercialiser vers la fin de l’an prochain.

Et les capteurs de Géodar pourraient se retrouver dans d’autres domaines que la construction. La jeune pousse est en pourparlers avec la Défense nationale qui s’intéresse aux capacités de ces outils de détection du sous-sol.