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Calcule ça: transmettre la passion des maths aux entrepreneurs

Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑octobre 2023

Calcule ça: transmettre la passion des maths aux entrepreneurs

Helene-Sarah Becotte a fondé Calcule ça, un site web gratuit destiné aux entrepreneurs qui fournit des équations pour les aider à mieux gérer leur PME. (Photo: courtoisie)

Les entrepreneurs se penchent trop souvent sur les chiffres lorsque les affaires vont mal. Helene-Sarah Becotte aimerait bien y remédier afin que les mathématiques soient au cœur des décisions dès le départ.

C’est pour cette raison qu’elle a récemment lancé Calcule ça, un site web gratuit destiné aux entrepreneurs qui fournit des équations pour les aider à mieux gérer leur PME.

Celle qui a eu la piqûre tardivement pour les mathématiques voudrait inoculer aux entrepreneurs ce qui est devenu pour elle une passion. «Je n’ai pas toujours aimé les maths, confie-t-elle en entrevue. Je trouvais que c’était inutile à mon existence. J’ai même coulé deux cours au cégep dans ce domaine.»

Mais à l’université, un déclic est survenu lorsqu’elle a compris que les chiffres et les données pouvaient avoir des applications bien concrètes. «On devait optimiser le trajet de livraison de camions, se remémore celle qui a finalement décroché un doctorat en mathématiques. On utilisait les maths pour avoir la meilleure solution. Cela m’avait frappé de constater comment cela aidait pour la prise de décision.»

C’est dans cet esprit que cette mère de deux enfants s’est lancée dans la mise sur pied de calcule.ca durant son dernier congé de maternité: «Ma mission est d’outiller les entrepreneurs et de les doter de compétences mathématiques qui sont aussi essentielles que celles qu’ils possèdent pour faire rouler [leur] entreprise.»

 

De son propre vécu

La fondatrice de la firme de consultation GRISDD, qui solutionne des problèmes d’affaires par des modélisations mathématiques, déplore qu’un manque de recul, l’intuition ou des données incomplètes guident encore ceux qui dirigent leur propre destinée professionnelle. Elle s’est donc inspirée de son emploi pour développer ces outils qui s’adressent surtout aux travailleurs autonomes, aux solopreneurs ou aux microentreprises.

Le plus important, selon elle, est ce qu’elle appelle le «budget-temps». «C’est celui qui est le plus “claque dans la face” par rapport à tes pratiques en entreprise, s’exclame-t-elle. Tu n’as qu’à rentrer trois informations: 1 — le temps que tu veux travailler dans ta semaine; 2 — le nombre de semaines vacances que tu veux prendre dans ton année; 3 — le salaire après impôt que tu souhaites avoir.»

L’entrepreneur peut ainsi déterminer le nombre d’heures disponibles à facturer aux clients, ainsi que le montant du chiffre d’affaires nécessaire pour atteindre ses objectifs.

«L’outil ne donne pas un tarif horaire exigé à ton client, mais il offre de la clarté, affirme-t-elle. C’est de l’investigation mathématique. Peut-être que je travaille trop, peut-être que je passe trop de temps sur quelque chose qui ne fournit pas de la valeur, comme de la tenue de livres.»

Helene-Sarah Becotte estime que les entrepreneurs se rendent souvent compte, grâce à cet exercice, que de comprimer les dépenses se révèle très rentable.

 

Un début

Parmi les autres formules qu’elle présente, une d’elles permet d’estimer les ventes à partir de la stratégie de marketing tandis qu’une troisième calcule le nombre de contrats et de clients qui peuvent être pris mensuellement tout en évitant les heures supplémentaires. Il y en a également une qui permet à ceux qui songent à offrir des formations d’estimer si cela en vaut la peine financièrement.

Avec toute cette trousse, Helene-Sarah Becotte espère que les entrepreneurs analyseront plus les tenants et aboutissants de leurs actions. Mais elle juge aussi que son initiative devrait être plus comprise par ceux, dans l’écosystème, qui guident les start-ups et les PME.

«Il y a plusieurs aspects que j’apporte qui sont très appliqués, précise celle qui a offert des formations chez Capitale entrepreneur. Ces conseillers qui accompagnent les entrepreneurs auraient intérêt à mieux les comprendre et à les faire connaître.»

Elle estime que ce qui est en ligne présentement ne représente qu’un dixième de ce qu’elle voudrait transmettre. Elle compte par exemple développer des outils pour évaluer la rentabilité ainsi que les offres de service. «J’ai un grand rêve de démocratisation et de vulgarisation afin de propulser la connaissance mathématique chez les entrepreneurs.»