Nami Fixations: miser sur les forces des autres pour grandir
Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑octobre 2023Nami Fixations a choisi l'impartition pour la fabrication, l'emballage et la livraison de ses ancrages destinés aux terrasses. (Photo: 123RF)
Pourquoi faire quelque chose lorsque d’autres peuvent le faire bien mieux? Voilà un peu le modèle d’affaires de Nami Fixations, qui se distingue dans le créneau des ancrages pour des terrasses.
La PME, fondée en 2014 par Jean-François Bouchard, ne les fabrique pas, ne les emballe pas et ne les livre pas non plus. Elle impartit tout ce travail pour se concentrer sur le développement de marché, les ventes et le service à la clientèle.
«Approximativement 98% de nos affaires se font par courriel, dont toutes les commandes, précise l’entrepreneur qui consacre environ de 20 à 30 heures par semaine à ses tâches en plus d’occuper un autre emploi. Mon système ERP (logiciel intégré de gestion des ressources) est virtuel et je ne vois à peu près jamais les produits. On se déplace seulement pour faire des formations aux nouveaux distributeurs. Cela limite les frais fixes. Je n’aurais pas eu la croissance que j’ai sans ça.»
Environ 70% de ses pièces sont importées d’Asie par l’intermédiaire de Métallifer, à Saint-Apollinaire, dans Chaudière-Appalaches. «C’est un importateur industriel, précise Jean-François Bouchard. Il a ses contacts en Asie. Lorsqu’il reçoit les pièces, il les inspecte pour voir si elles sont conformes.»
Ces morceaux sont ensuite expédiés à Dexterra, une entreprise d’économie sociale de Sainte-Marie, en Beauce, qui se charge de faire l’emballage, l’étiquetage et la livraison des commandes.
«Moi, je reçois des demandes de mes distributeurs ou de ma boutique en ligne, j’envoie un bon de préparation à Dexterra, qui va l’expédier en fonction des conditions du client, explique Jean-François Bouchard. Pour mon commerce web, ce sont de petites commandes de dix unités et moins, tandis que pour les distributeurs, c’est au moins 25 unités.»
L’autre 30% des ancrages est produit localement par Soudure mobile MB, de Saint-Lambert-de-Lauzon, qui les envoie ensuite à Princeville, à Galvanisation Québec. Une fois ce processus terminé, le tout s’en va à Dexterra, qui s’occupe des dernières étapes.
«En profitant du champ d’expertise de mes partenaires, c’est comme si j’avais le crémage de chacun d’entre eux, illustre le patron de Nami Fixations. Mes frais fixes sont presque seulement liés aux salaires versés à mes trois employés, dont deux à temps plein, ainsi qu’à moi. Le reste, c’est le concept d’utilisateur-payeur. Si je commande, je paye, si je ne commande pas, je ne paye rien.»
Il précise que cette approche lui donne de la flexibilité tout en réduisant les risques. «Si je voulais faire les pièces, il me faudrait acheter de la machinerie, louer un local et embaucher des gens dans un domaine qui n’est pas ma spécialité, ajoute-t-il. L’investissement de départ serait immense. Quand tu démarres une entreprise, tu n’as pas beaucoup de vente et que des dépenses, donc mon modèle a permis de limiter mes coûts de lancement et c’est beaucoup plus simple à gérer.»
En expansion
L’homme d’affaires mentionne aussi que ces alliances sont gagnant-gagnant. Par exemple, ses trois livraisons par semaine avec Dexterra permettent à cette dernière d’obtenir de meilleurs volumes de transport et ainsi des prix de camionnage avantageux. Ces économies sont en partie refilées à Nami Fixations, qui payerait au moins le double si elle engageait directement un camionneur.
Ses ancrages, qui ont été conçus pour préserver le revêtement d’une maison lors de la pose d’une terrasse, sont distribués dans environ 125 magasins, notamment dans des chaînes comme Canac, Patrick Morin, BMR et Home Hardware.
«On a une croissance de 30% à 40% des revenus annuellement, affirme-t-il. Je vais garder ce rythme-là.»
Jean-François Bouchard pourrait grandir encore plus vite en vendant à de gros joueurs comme Home Depot ou Lowe’s, mais il n’est pas prêt à faire ce pas, puisque les volumes et les cahiers de charge seraient exigeants pour sa PME. «La bonne nouvelle, c’est qu’on a plusieurs marchés à ouvrir tels les Maritimes et l’Ontario, poursuit-il. À plus long terme, on vise aussi les États-Unis.»