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ENTREPRENEURIAT: L’APPORT DES TPE. Les très petites entreprises (TPE) constituent la grande majorité du tissu économique du pays. Pourtant, leur importance est souvent négligée. Les Affaires se penche sur ces entreprises, dont le nombre atteint presque le million.
Selon Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE), le pays comptait 1,18 million d’entreprises avec employés en décembre 2017, dont près de 98 % avaient moins de 100 employés. Parmi elles, plus de la moitié (53,8 %) avait moins de quatre employés, et près de trois sur quatre (73,4 %) en avaient moins de neuf. Les proportions sont similaires au Québec, province dans laquelle on retrouvait 137 000 microentreprises (de un à quatre employés) et 41 000 très petites entreprises (de cinq à neuf employés) en 2014, d’après les données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
Par ailleurs, entre 2010 et 2014, la contribution moyenne au produit intérieur brut (PIB) canadien des entreprises de moins de 100 employés était de 38,4 %.
«Il est important de faire connaître ces chiffres pour sensibiliser les gens sur la vraie nature de notre économie», souligne Simon Gaudreault, directeur principal de la recherche nationale à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui se revendique comme la plus grande association de PME du pays, avec 110 000 membres – un cinquième au Québec -, dont 70 % sont des entreprises de moins de 10 salariés.
Malgré tout, l’importance des très petites entreprises est bien souvent sous-estimée. Il n’existe d’ailleurs même pas de consensus sur la définition et la taille officielle d’une «petite entreprise» au Canada. Entre autres parce qu’elles sont très hétérogènes. «Ce sont des entreprises présentes dans toutes sortes de secteurs et qui ont toutes sortes d’ambitions», résume Stéphane Pronovost, chef de la recherche à la Direction de l’intelligence économique de Développement économique Canada.
«Il est presque impossible de les classer ; elles n’ont pas nécessairement des méthodes de gestion que l’on peut immédiatement reconnaître. Leurs données sont moins facilement accessibles que pour les grandes entreprises, et une grande part des ressources d’une petite entreprise est liée à la psychologie du dirigeant. Ce sont autant de raisons qui expliquent qu’il y a si peu d’études sur le sujet», indique pour sa part Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME (INRPME).
Quelques points communs
En scrutant par secteurs, on se rend compte malgré tout que cinq industries représentent plus de la moitié (64,5 %) de tous les emplois au sein des entreprises de 1 à 19 employés au Québec : le commerce (23 %, soit 222 000 employés), les services d’hébergement et de restauration (13,8 %), les soins de santé et d’assistance sociale (11,2 %), la construction (8,5 %) et la fabrication (8 %).
«Il y a celles qui n’arrivent pas à grandir, celles qui n’ont pas la vocation de grandir – comme un salon de coiffure ou un restaurant – et celles qui ne veulent pas grandir», précise M. Laurin. «On a tendance à voir la taille d’une petite entreprise comme une contrainte, alors que c’est le reflet de ce qu’elle cherche à obtenir», ajoute Marc Duhamel, son confrère à l’UQTR et à l’INRPME. «Il ne faut pas les voir comme des entreprises qui manquent d’ambition ou de dynamisme, plaide quant à lui M. Gaudreault. Elles offrent des services de proximité qui créent de la vie et de l’emploi dans les quartiers.»
Hommes d’expérience
Malgré leur forte hétérogénéité, l’Institut de la statistique du Québec a tenté de dresser, en 2017, quelques contours du portrait des dirigeants des petites entreprises de la province à partir des données de l’Enquête sur le financement et la croissance des petites et moyennes entreprises de 2014. L’Institut souligne notamment que moins de 15 % des entreprises de 5 à 19 employés appartiennent à des femmes – une proportion qui tombe à moins de 6 % pour l’ensemble des PME. Le reste est détenu par des hommes, que ce soit en exclusivité (62,2 %), en majorité (12,2 %) ou à parts égales (11,1 %).
En matière de scolarité, la répartition est assez équilibrée pour ce même type d’entreprise entre des diplômés du secondaire ou inférieur (28,9 %), du collégial (33,4 %) ou universitaire (37,8 %). Soulignons que dans les entreprises de 100 à 499 employés, la proportion de dirigeants qui détiennent un diplôme universitaire grimpe à 70,8 %.
Notons aussi que plus des trois quarts des propriétaires de petites entreprises cumulent plus de 10 ans d’expérience. Peu étonnant quand on sait que plus de la moitié (57,4 %) des propriétaires de PME au Québec a plus de 50 ans, et que seulement 16,9 % ont moins de 40 ans. Près de 64 % des PME québécoises ont d’ailleurs été créées il y a plus de 10 ans, comparativement à 7,3 % il y a moins de 2 ans.
Ce qui soulève la question de la succession de ces propriétaires gestionnaires. «Le repreneuriat sera l’un des enjeux majeurs du Québec au cours des cinq à dix prochaines années», note d’ailleurs le professeur Duhamel. De nombreuses occasions à saisir, donc.