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Solution : demeurez flexible et à l’affût des changements de loi
Au Canada, moins de 1 employé sur 10 rêve de revenir au bureau à temps plein. Oui, seulement 8 % des télétravailleurs actuels disent vouloir travailler uniquement dans un environnement de bureau à l’avenir, et 62 %, préférer travailler de la maison plus souvent qu’auparavant, selon un récent sondage de la firme de logiciels et de technologies numériques VMware Canada.
C’est que ceux qui y ont goûté ont adopté le télétravail : ils sont 74 % à considérer que la pandémie du nouveau coronavirus a montré que le travail à distance était possible. Mieux, ils sont 60 % à affirmer que l’absence de déplacement quotidien entre le domicile et le bureau leur a donné «plus de temps et plus d’énergie pour le travail». Bref, c’est à leurs yeux un gain en bonheur et en efficacité.
Mais voilà, nombre d’employeurs ne voient pas les choses de la même façon. Un sondage de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec montre en effet que seulement 17 % des employés de la région de Québec feront encore du télétravail en décembre 2020 – une chute de 40 points de pourcentage par rapport à mars -, les employeurs n’étant pas convaincus de la pertinence de cette façon de travailler et tenant mordicus à faire revenir leurs troupes au bureau. C’est que pas moins de 24 % de ces employeurs affirment avoir enregistré une baisse de productivité «significative» depuis que leurs employés télétravaillent…
C’est évident, on peut s’attendre à un véritable bras de fer entre les employeurs et les employés nouvellement séduits par le télétravail.
«Quelqu’un ne peut pas continuer de travailler à la maison si son employeur lui demande de revenir au bureau, à moins d’une situation particulière présentant un danger pour sa santé, sa sécurité ou son intégrité physique, dit Olivia Girouard, avocate, du cabinet Loranger Marcoux, à Montréal. Mais à partir du moment où l’employeur respecte les règles et directives sanitaires émises par la Direction de santé publique, il n’y a pas, à première vue, de « danger » au sens de la Loi sur la santé et la sécurité au travail (LSST), si bien que l’employé n’a dès lors d’autre choix que de revenir au bureau.»
À supposer qu’un employé fasse malgré tout la forte tête, que risque-t-il ? «Sans justification valide, il commettrait de l’insubordination, explique l’avocate. Il pourrait faire l’objet de mesures disciplinaires pouvant aller jusqu’au congédiement pour motif sérieux.»
Fin de la discussion ? Pas sûr… «D’une part, le décret numéro 689-2020 du 25 juin 2020 précise que « … lorsqu’une prestation de travail peut être rendue à distance, le télétravail à partir d’une résidence principale ou de ce qui en tient lieu soit privilégié », note Jean-François Cloutier, associé, du cabinet Fasken, à Montréal. D’autre part, l’article 51 de la LSST prévoit qu’un employeur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé de ses travailleurs et utiliser les méthodes et techniques permettant de contrôler les risques pouvant affecter la santé et la sécurité de ses travailleurs. Le télétravail étant actuellement la mesure qui permet le mieux de contrôler le risque lié à la COVID-19 en milieu de travail, un employeur doit conséquemment prendre les mesures nécessaires pour permettre le télétravail.»
Autrement dit, tant que le virus circule en toute liberté, un employeur ne peut refuser le télétravail à ses employés quand celui-ci est possible. À moins de vouloir entreprendre un bras de fer juridique avec ceux-ci, voire avec leur syndicat…