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Le masque de la discorde

François Normand|Édition de la mi‑septembre 2020

Le masque de la discorde

(Photo: 123RF)

Solution : ayez un message clair, ferme et cohérent

Les entreprises ne sont pas nécessairement à l’abri de tensions internes entre les employés sur l’utilité de porter ou non le masque ou de se désinfecter les mains, ce qui pourrait miner votre climat de travail.

Si vous estimez que votre organisation est à risque, la meilleure stratégie est d’avoir un message clair, ferme et cohérent sur la nécessité de porter le masque pour limiter la propagation de la COVID-19, comme le démontrent les études, souligne Angelo Dos Santos Soares, spécialiste dans la gestion des situations critiques au travail. «Il ne peut pas y avoir un discours ambigu comme il y a eu entre le directeur national de santé publique du Québec, Horacio Arruda, et le premier ministre François Legault. Ça, c’est mortel», souligne à grand trait ce professeur titulaire au Département d’organisation et ressources humaines à l’UQAM. D’abord facultatif en mars, le masque est devenu essentiel au Québec en juillet (obligatoire dans le transport en commun depuis le 13 juillet, puis dans les lieux publics fermés depuis le 18 juillet), après avoir été fortement recommandé au courant du printemps.

Or, cette incohérence dans le message des autorités aurait contribué à alimenter le doute sur cette mesure, selon les experts. Une opinion que partage Angelo Dos Santos Soares, qui cite l’expérience de Milgram. «Le problème survient quand il y a un désaccord au sein de l’autorité, qu’il y a un manque de cohérence. L’obéissance tombe alors à zéro», explique ce spécialiste.

Dans les entreprises qui veulent maximiser leurs chances d’avoir un climat de travail paisible dans les prochains mois, la haute direction doit parler d’une seule voix sur l’importance de porter le masque. «Les dirigeants doivent eux-mêmes adopter le masque, car leur rôle est de prêcher par l’exemple, dit le professeur de l’UQAM. Si le patron porte le masque, les employés vont le porter.»

À ceux et celles qui pensent que leur entreprise est moins à risque de tension interne parce qu’elle emploie des gens plus scolarisés, Angelo Dos Santos Soares rétorque que la révolte contre l’autorité n’a rien à voir avec les classes sociales. Quand il y a une incohérence dans un message, la remise en question des règles tient plutôt aux traits de personnalité des individus, qui sont généralement bien répartis dans l’ensemble de la société, et ce, peu importe le milieu de travail ou la localisation géographique des entreprises.

Pour autant, un sondage CROP publié à la fin juillet montrait que des segments de la population résistent plus que d’autres au port du masque, à commencer par les résidents de la région de Québec et la cohorte des 18 à 34 ans.

 

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