Le réaménagement des bureaux d’Eidos Montréal a coûté 11 millions de dollars. (Photo: Maxime Brouillet)
ESPACES DE TRAVAIL. Fondé 2007, le studio de jeux vidéo Eidos Montréal a connu une croissance rapide. Ses bureaux se sont étendus dans le bâtiment du boulevard de Maisonneuve, où l’entreprise est installée depuis ses débuts.
Dix ans après sa création, «notre studio ne correspondait plus à notre mode de fonctionnement. Il était temps de le repenser», raconte le directeur d’Eidos Montréal, David Anfossi. Ce dernier a envisagé un déménagement, mais puisque le studio se trouve à proximité de plusieurs services de transport en commun, il y a renoncé pour préserver la qualité de vie de ses employés.
Pendant un an, l’entreprise – qui est notamment reconnue pour avoir mis sa touche sur la trilogie Tomb Raider – a donc réfléchi au réaménagement de son espace. L’objectif était d’assurer la productivité, de stimuler l’innovation, mais surtout, de veiller au bien-être de son personnel.
Des inconvénients liés au bruit et à la lumière ont entre autres été soulevés au cours d’un sondage réalisé auprès des employés. «On vit tous les jours dans le studio. Il n’y a rien de mieux que les « eidossiens » et les « eidossiennes » pour savoir ce dont on a besoin», estime David Anfossi.
La professeure au Département d’analytique, opérations et technologies de l’information de l’Université du Québec à Montréal, Claudine Bonneau, juge qu’il est «primordial» de consulter le personnel lorsqu’un réaménagement des bureaux est envisagé. «Ça prend une approche participative avant, pendant et après le projet, insiste-t-elle. Ce n’est pas juste changement physique. C’est aussi un changement culturel.»
Comme à la maison
Ce qui est ressorti des consultations faites auprès des employés d’Eidos Montréal, c’était qu’ils souhaitaient que le studio soit réaménagé à l’image d’un chez-soi. «Il n’y a pas de raison qu’on n’ait pas le même confort, la même chaleur et la même tranquillité au travail alors qu’on y passe huit heures par jour», explique David Anfossi.
Après avoir étudié plusieurs propositions, le comité de travail créé pour choisir les architectes a jeté son dévolu sur La Shed, une firme d’architecture résidentielle. Celle-ci avait suggéré de concevoir les nouveaux bureaux tel un village. «L’idée, c’était de créer une impression de communauté», explique l’associé de La Shed, Sébastien Parent.
Ainsi, les postes de travail des employés ont été aménagés le long des fenêtres pour qu’ils puissent profiter de la lumière naturelle. Les salles de réunion fermées et semi-privées se trouvent, quant à elles, à l’intérieur du studio.
Au centre, il y a le forum, qui prend la forme de larges escaliers sur lesquels s’ouvrent les ascenseurs. C’est à la fois un lieu de rassemblement et une structure architecturale qui fait le lien entre les deux étages qu’occupe l’entreprise. La Shed a par ailleurs proposé d’illuminer les couloirs et de surplomber les espaces de travail par un plafond de mousse permettant d’absorber le son.
De nouvelles fonctions
Les travaux de réaménagement se sont étendus sur presque deux ans. La logistique a été cruciale, aux dires de David Anfossi, puisque des employés sont demeurés dans le studio pendant le chantier et qu’ils devaient poursuivre la production de quatre jeux vidéo. Pour atténuer les dérangements, les étapes les plus bruyantes ont été exécutées le soir ou la fin de semaine.
Tous les employés ont réintégré le studio en juin 2019. Après s’être approprié ce nouvel espace pendant près de dix mois, ils ont dû le quitter abruptement lorsque le confinement a été décrété. Ils le retrouveront à l’automne, sous réserve de la progression de la COVID-19.
Dans tous les cas, le studio n’aura pas la même fonction. À cause de la pandémie, Eidos-Montréal a accéléré la mise en place d’une nouvelle culture organisationnelle, centrée sur le «travail nomade». «On pourra travailler au studio, à la maison ou dans un espace de travail partagé, mentionne David Anfossi. On veut rendre les gens plus efficaces et plus flexibles dans l’aménagement de leur temps de travail, pour que ça coïncide avec leurs réalités personnelle et familiale.»
Eidos-Montréal regrette-t-elle d’avoir investi autant d’argent et d’effort dans le réaménagement de ses bureaux ? «En toute franchise, je reste convaincu que ça valait la peine, assure le directeur. Pour nous, le studio, c’est une image de marque. Il représente visuellement l’entreprise.»
«Le studio va aussi nous permettre de continuer à accueillir des partenaires externes, des collaborateurs, des clients et de nouveaux employés, ajoute-t-il. Il va nous permettre de faire de la formation. Quoi qu’il arrive, on aura aussi besoin de regrouper.»