3 étapes pour un projet de rénovations écoénergétiques réussi
Karl Rettino-Parazelli|Édition de la mi‑septembre 2024Tout débute par l’élaboration d’une vision stratégique au sein d’une entreprise. (Photo: Adobe Stock)
FINANCEMENT. Chaque projet de rénovations écoénergétiques est unique, mais les dirigeants d’entreprise doivent généralement passer par les mêmes étapes pour les mener à terme.
Le Guide de décarbonation pour les entreprises publié en 2022 par la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) est un bon point de départ pour toute entreprise québécoise qui se demande par où commencer. Le rapport rédigé en collaboration avec l’entreprise Dunsky détaille les étapes clés d’un projet réussi.
Le guide énumère sept étapes clés, qu’on peut essentiellement rassembler en trois grandes catégories.
1. Planifier
Tout débute par l’élaboration d’une vision stratégique au sein d’une entreprise, affirme Jean-Philippe Hardy, leader technique en énergie et décarbonation à Ambioner. « Il faut qu’il y ait une adhésion au sein de la haute direction, dit-il. Il ne faut pas que ce soit seulement l’affaire d’une personne motivée. »
Lorsque le niveau d’adhésion est suffisant, le temps est venu de définir des objectifs de décarbonation. Et pour ce faire, il faut savoir d’où on part, fait remarquer Kristopher Chapman, responsable technique en matière de décarbonation à Dunsky. « Avoir un inventaire de la consommation énergétique actuelle, c’est important, affirme-t-il. On ne peut pas améliorer ce qu’on ne mesure pas. »
Une firme spécialisée peut réaliser une étude d’efficacité énergétique qui permet à la fois de savoir ce qu’un immeuble consomme en énergie — et de quelle façon — et d’identifier les améliorations qui sont le plus susceptibles d’être rentables, selon les subventions disponibles.
« L’étude permet au client d’avoir un portrait clair et détaillé, explique Jean-Philippe Hardy, dont l’entreprise fournit de type de services. Pour chacune des mesures, il voit le coût, les économies potentielles, les subventions associées, etc. […] Il peut ensuite décider d’aller de l’avant ou non. »
2. Passer à l’action
Si la direction de l’entreprise donne son feu vert, il est temps d’aller chercher le financement nécessaire, qu’il s’agisse d’un prêt conventionnel, d’un financement adapté aux rénovations écoénergétiques ou de subventions.
Lorsque le financement est obtenu, on peut mettre le projet en branle. Le guide de la FCCQ recommande de désigner un « porteur de ballon » qui fera cheminer le projet de décarbonation du début à la fin.
« Le gestionnaire de projet à l’interne sera bien sûr le point de contact avec les entrepreneurs et les professionnels liés au projet. Cette personne devra prévoir la modification des contrats de service des équipements affectés, et de fourniture d’énergie selon le cas (modifier le tarif, annuler la fourniture, etc.). Il sera également responsable de bien planifier les interruptions de service et les interventions dans les espaces occupés », souligne le rapport.
3. Mesurer
Les nouveaux équipements sont installés ? Le travail n’est pas terminé. Il faut ensuite mesurer les résultats obtenus à partir d’indicateurs adaptés à l’immeuble en question et à la nature du projet.
« Pour être en mesure de constater un retour sur investissement, il faut que les entreprises puissent mesurer les économies qui sont générées », fait remarquer Bernard Melameth, responsable, Accélérateur climat à la BDC.
Une firme spécialisée, comme celle embauchée pour la planification ayant précédé les travaux, peut se charger de ce genre d’analyse.
Plusieurs façons de s’y prendre
Il existe essentiellement deux méthodes pour réaliser un projet de décarbonation, note le rapport de la FCCQ : le mode traditionnel et le mode « clé en main ».
Dans un projet en mode traditionnel, l’entreprise propriétaire de l’immeuble mène la barque. Elle engage d’abord une firme externe pour cibler les travaux à effectuer et produire les plans et devis, puis elle cherche du financement et effectue des soumissions pour trouver des entrepreneurs en mesure d’exécuter les travaux. Elle peut ensuite payer pour une étude post-travaux. En mode « clé-en-main », le projet est plutôt confié à une firme externe, qui s’occupe essentiellement de tout : la planification, la recherche de subventions, les travaux et le suivi.
La BDC offre par ailleurs une sorte d’entre-deux aux PME canadiennes dans le cadre d’un projet-pilote lancé le printemps dernier. Elle ne s’occupe pas elle-même des plans ou des travaux, mais elle offre gratuitement les services d’experts pour cibler les améliorations à implanter et repérer les subventions disponibles.
« Si l’entrepreneur va de l’avant avec le projet, on met à sa disposition du financement adapté à ce type de projet, dont les termes et conditions sont plus flexibles », affirme Bernard Melameth. Jusqu’à maintenant, une vingtaine d’entreprises ont participé à ce projet-pilote, mais la BDC espère en accompagner beaucoup plus dans les prochains mois.