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Réco: la réutilisation comme modèle d’affaires

La Presse Canadienne|Publié à 8h00 | Mis à jour à 8h03

Réco: la réutilisation comme modèle d’affaires

Ces choses auront une nouvelle vie et c’est aussi une économie d’énergie, une démarche qui associe écologie et préservation de l’environnement», indique Sylvain Lessard, directeur ventes et opérations chez Réco. (Photo: Amine Essghir, Initiative de journalisme local)

Le commerce est autant une brocante qu’une quincaillerie. Celui qui regarderait attentivement certains articles croirait se trouver carrément dans la réserve d’un musée. Réco est une quincaillerie d’économie sociale, ouverte il y a presque une année dans le quartier Ahuntsic, à Montréal. Elle donne une seconde vie à des matériaux de construction.

Ce magasin est la destination du citoyen qui rénove sa vieille maison, de l’entrepreneur qui mène un gros chantier ou de l’organisation qui remplace des dizaines de portes ou de fenêtres. Réco, c’est un centre de rénovation sur 10 000 pieds carrés installé non loin de Chabanel, dans le District Central.

Il s’y vend des produits d’occasion que certains n’hésiteraient pas à qualifier de vintage. En fait, cela épargne quantité d’objets de l’enfouissement. Chaque objet accepté est un don pour lequel un reçu est émis.

«Il y a une dimension essentielle aujourd’hui et on n’arrête pas d’en parler: ce matériel, on n’aura pas besoin de le refabriquer. Ces choses auront une nouvelle vie et c’est aussi une économie d’énergie, une démarche qui associe écologie et préservation de l’environnement», indique Sylvain Lessard, directeur ventes et opérations en entrevue avec le Journal des voisins (JDV).

C’est Architecture sans frontières Québec, un OBNL qui met l’architecture au service de l’humanitaire, qui a trouvé ce nom.


Contact humain

Au-delà de la réutilisation des matériaux, le magasin renoue avec la  vieille façon de magasiner. Il n’y a ni catalogue sur Internet ni vente  en ligne. Pour trouver ce qu’il cherche, un client devra se déplacer.

«Quand ils font des rénovations, il faut que les gens viennent régulièrement. Une fois qu’ils sont ici, nous pouvons faire partie du projet. Nous pouvons les aider», relève le directeur des ventes de Réco au milieu d’une longue rangée de portes soigneusement alignées.

Effectivement, même si tous les objets sont méticuleusement triés et  classés, seuls les employés sur place connaissent les trésors que  renferme RÉCO.

«Mes poignées de porte, ce n’est pas exactement celles-là que je voulais. Je reviendrai plus tard», résume-t-il.

La diversité des objets, dont plusieurs n’existent plus dans les  commerces, offre également autant de pistes pour inspirer architectes,  décorateurs, designers ou rénovateurs amateurs.

Toutefois, RÉCO agit dans les limites de son espace et de ses  capacités à écouler les marchandises. Il ne peut accueillir tous les  vieux matériaux du monde.

«Il faut que ce soit accessible, de bonne qualité et non endommagé», précise M. Lessard.


Une vraie seconde vie

Ce qui est exposé est vendu tel qu’il a été apporté. Tout ce qui est  trop usé ou ce qui remplit déjà les stocks n’est pas accepté.

«Je ne prends plus de lavabo de salle de bain à moins que ce soit  quelque chose que je n’aie pas en magasin. Si la personne veut m’en  offrir, mais que j’en ai 12 du même modèle, je ne l’accepte pas. Non pas  que [le produit] ne soit pas bon. C’est juste que mon objectif n’est  pas d’accumuler. Si je ne le revends pas, il n’a aucune valeur pour  moi», prévient M. Lessard.

Cela vaut tout autant pour de vieilles portes qui ne sont plus aux  normes ou qui ont été redécoupées pour s’adapter à une maison trop  ancienne.

En même temps, RÉCO a été l’endroit où l’Université McGill, après  d’importants travaux, a déposé portes, fenêtres et tables anciennes  parfaitement conservées.


Un modèle de collaboration généralisé?

Une démarche comme celle de Réco a besoin, certes, d’investisseurs qui font de la réutilisation un modèle d’affaires, mais elle a aussi besoin de gens et d’entités qui pensent redonner vie aux objets anciens au lieu de s’en débarrasser.

«J’ai visité l’an dernier Portland, aux États-Unis. Là-bas, il y a  une loi. Si une maison a été construite avant 1950, on ne peut pas la  démolir, on doit la déconstruire. Donc, si vous faites des rénovations,  vous ne pouvez pas tout [détruire] et tout envoyer à l’enfouissement»,  mentionne M. Lessard.

Pour lui, c’est ainsi qu’on devrait faire au Québec ou au Canada pour la plus grande réutilisation possible de vieux matériaux.

Par Amine Essghir, Initiative de journalisme local, Journaldesvoisins.com