SBI mise sur les subventions pour son projet d’efficacité énergétique
Karl Rettino-Parazelli|Édition de la mi‑septembre 2024L'usine de Saint-Augustin-de-Desmaures (Photo: courtoisie)
FINANCEMENT. Ce que l’entreprise SBI entrevoyait au départ comme un simple remplacement d’équipements en fin de vie s’est transformé en projet intégré d’efficacité énergétique. Dans ce cas-ci, l’accompagnement et les généreuses subventions offertes ont complètement changé la donne.
« Si nous n’avions pas eu les subventions pour obtenir une période de retour sur investissement intéressante, nous n’aurions pas pu faire le projet », affirme sans détour Guy Valois, vice-président opérations de SBI, un fabricant de poêles et de foyers dont le siège social est situé à Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec.
Grâce aux aides financières provenant d’Hydro-Québec, d’Énergir et du gouvernement du Québec qui permettent de réduire substantiellement le coût des différentes étapes du projet, l’entreprise estime qu’elle sera en mesure de rentabiliser son investissement en moins de trois ans. « Sans les subventions, notre retour sur investissement aurait de presque dix ans », fait remarquer Guy Valois.
Un projet qui évolue
Le projet d’efficacité énergétique de SBI commence à se mettre en branle à la fin de l’année 2020. À l’époque, la compagnie se demande par quoi elle pourrait remplacer les deux unités au gaz naturel qui permettent de chauffer et d’apporter de l’air frais à son usine de Saint-Augustin-de-Desmaures, puisqu’elles sont en fin de vie.
Le gestionnaire de la maintenance, Hugues Bergeron, effectue d’abord des soumissions pour des appareils du même type, au gaz naturel. Il obtient ensuite des prix pour des thermopompes électriques. « Seulement pour climatiser l’usine, les sommes à investir étaient astronomiques, se souvient-il. On était sur les freins. »
L’entreprise aimerait bien implanter un projet de plus grande envergure, avec des systèmes permettant de récupérer la chaleur de ses fours et des contrôles pour gérer la consommation en période de pointe, mais elle se bute à un mur. « Personne n’avait une solution complète et intégrée, dit Hugues Bergeron. En faisant des recherches, on ne trouvait pas un entrepreneur qui était en mesure de tout faire. »
Le projet de remplacement des unités au gaz naturel prend une tournure complètement différente lorsque SBI se met à échanger avec son conseiller commercial chez Hydro-Québec — l’entreprise a accès à un conseiller parce qu’elle est considérée comme un client de moyenne puissance (tarif M).
La personne-ressource au sein de la société d’État propose aux dirigeants de SBI d’entrer en contact avec Ambioner, une firme d’ingénierie qui accompagne des clients commerciaux, industriels et institutionnels dans leurs projets de décarbonation et qui a des bureaux à Montréal et à Québec. À ce moment, des échanges à trois débutent entre SBI, Hydro-Québec et Ambioner. Cette dernière effectue une étude de faisabilité qui permet d’établir les besoins du fabricant de poêles et de foyers, les mesures pouvant être mises en place et les subventions associées à chacune d’entre elles.
SBI va de l’avant à partir de novembre 2023, elle met en place un bouquet de mesures d’efficacité énergétique et de décarbonation : thermopompes électriques, systèmes de récupération de chaleur, aspiration de la fumée de soudure à vitesse variable, contrôles de la consommation énergétique, etc. « Nous sommes dans la phase finale d’installation et de mise en marche des différents systèmes », se réjouit Guy Valois.
L’entreprise a suivi les conseils d’Hydro-Québec et d’Ambioner, mais elle a choisi l’entrepreneur qui a réalisé les travaux. « Nous sommes demeurés maîtres d’œuvre du projet », souligne le vice-président opérations.
Avancer l’argent
Les différentes subventions disponibles ont pesé très lourd dans la balance au moment de réaliser l’investissement. Selon Guy Valois, elles ont permis de couvrir 75 % du coût de l’étude de faisabilité et plus de 50 % de celui des travaux.
Le hic, c’est que certaines aides financières sont versées tout de suite après l’installation des équipements, alors que d’autres arrivent dans le compte de banque seulement lorsque des objectifs d’efficacité énergétique ont été atteints (et mesurés).
Cela signifie que SBI a dû débourser des sommes importantes en attendant les subventions. Pour ce faire, elle a fait appel aux partenaires financiers qui l’épaulent de manière générale dans la mise en œuvre de ses plans de croissance.
Lorsque les aides financières seront toutes encaissées et que les économies d’énergie auront permis à l’entreprise de rentabiliser son investissement de départ, Guy Valois pourra dire mission accomplie, à la fois sur plan financier qu’environnemental. « On réduit de beaucoup nos émissions de GES, on contribue à la gestion de demande de pointe, ce qu’Hydro-Québec souhaite. C’est gagnant-gagnant », dit-il.
Et si le projet de Saint-Augustin-de-Desmaures se déroule comme prévu, SBI n’a pas l’intention d’en rester là. « Les prochaines étapes vont se faire dans les autres usines de SBI, lance Hugues Bergeron. On va se demander quelles mesures peuvent être appliquées ailleurs. »