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Transition climatique: quels risques pour les banques?

AFP|Publié le 12 novembre 2024

Transition climatique: quels risques pour les banques?

La Conférence annuelle de l’ONU sur le climat, ou COP29, se tient jusqu'au 22 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. (Photo: Sean Gallup / Getty Images)

Paris — La transition climatique pèse à plusieurs niveaux sur les établissements bancaires à travers le monde: elle peut avoir un effet négatif sur leurs finances, écorner leur image et même les forcer à se défendre devant les tribunaux.

Les organisations non gouvernementales (ONG) déplorent régulièrement le manque d’ambition des banques dans leurs actions mises en place contre le réchauffement climatique.

C’est le cas de plusieurs ONG dont Reclaim Finance, alors que se tient la Conférence annuelle de l’ONU sur le climat, ou COP29, jusqu’au 22 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan.

Risque financier

En finançant une économie «de transition» ménageant une place pour l’industrie fossile, les banques continuent à lier une partie de leur destin avec ce secteur.

Dans un rapport d’octobre 2022, Finance Watch calculait que les soixante plus grandes banques du monde détenaient environ 1,350 milliard de dollars américains d’actifs fossiles dans leur bilan, un ordre de grandeur toujours valable aujourd’hui, selon le chef économiste de l’ONG Thierry Philipponnat.

Or «il n’y a aucun scénario à 50 ans où les énergies fossiles auront une valeur», souligne-t-il auprès de l’AFP.

Dans tous les cas, « des pans entiers d’investissement vont se dégrader du jour au lendemain », abonde la professeure d’économie à l’université Paris-Nanterre Laurence Scialom, qui prévoit une augmentation des créances douteuses des groupes pétroliers ainsi qu’une baisse de valeur de leurs obligations et de leurs actions dans les portefeuilles des établissements bancaires concernés.

Une véritable « bombe à retardement financière » sous-estimée par les acteurs bancaires, selon elle.

Le risque concerne aussi les prêts aux particuliers: le cabinet de conseil américain Bain & Company affirmait l’an dernier que les incendies, sécheresses et autres risques liés au climat menacent entre 10% et 15% de la valeur des portefeuilles de prêts immobiliers des 50 plus grandes banques dans le monde.

Risque de réputation

Les travaux des ONG comme Finance Watch et leur écho médiatique sont à même d’entacher durablement l’image des acteurs bancaires.

En France, Reclaim Finance, qui passe au crible les évolutions du secteur en matière de lutte contre le réchauffement climatique, distribue régulièrement les bons et surtout les mauvais points aux banques.

D’autres associations optent pour des actions plus musclées: une trentaine de militants du collectif Extinction Rebellion se sont par exemple rassemblés le 16 octobre devant le siège de la Société Générale à Paris, dénonçant son effet sur le réchauffement climatique.

Les assemblées générales d’actionnaires sont également des occasions saisies par les ONG pour se faire entendre: c’était le cas cette année pour la banque britannique Barclays ou l’an dernier pour sa consœur HSBC.

Le name and shame (nommer et couvrir de honte) est une arme puissante dans l’industrie, qui repose largement sur la confiance qu’accordent les clients à leur banque.

Risque juridique

Des ONG épaulées par des avocats vont désormais jusqu’à traîner des banques devant les tribunaux.

En France, trois associations de défense de l’environnement, les Amis de la Terre, Oxfam France et Notre affaire à tous, ont assigné en février 2023 BNP Paribas au titre de sa « contribution significative » au réchauffement climatique, en raison de ses clients pétroliers et gaziers.

« Une première, et certainement le début d’une série », observe dans une note Valérie Demeure, directrice de l’analyse ESG chez le gérant d’actifs Ofi Invest Asset Management.

L’angle d’attaque devant le tribunal judiciaire de Paris? Un éventuel manquement au « devoir de vigilance » – un motif déjà utilisé par exemple contre TotalEnergies, mais testé pour la première fois contre une banque.

Depuis 2017, la loi française impose aux grandes entreprises de prendre des mesures effectives pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement sur l’ensemble de leur chaîne d’activité.

Aux Pays-Bas, la branche néerlandaise des Amis de la Terre Milieudefensie a annoncé en janvier lancer une procédure judiciaire climatique contre le géant bancaire ING, accusé par l’ONG de financer des entreprises polluantes.