Mario Venditti, cofondateur et PDG d'Innovobot (Photo: courtoisie)
FINANCEMENT. Innovobot ne fait pas qu’investir dans des start-ups, elle met son savoir-faire commercial et technique au service de jeunes pousses et d’entreprises établies auxquelles elle s’associe.
Fondée en 2018, l’entreprise mise donc sur le partenariat pour innover et dégager le potentiel des entreprises sur lesquelles elle jette son dévolu. Une approche qui fonctionne bien selon son cofondateur et PDG Mario Venditti.
« Je pensais que cela resterait plus petit, mais on a grossi pas mal, car on emploie une quarantaine de personnes, dit-il en entrevue. C’est clair qu’il y a un désir dans le marché pour ce qu’on fait. On n’est pas des opérateurs. On veut que l’entreprise dans laquelle on investit prenne l’initiative. C’est un modèle qui est favorable au fondateur. »
La firme détient de l’expertise dans quatre grands domaines : l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, la robotique et l’interaction humain-machine. Ces technologies se déploient dans plusieurs secteurs comme l’automobile, l’électronique, les jeux en ligne, le secteur industriel, etc.
Innovobot cherche donc à investir dans des start-ups qui développent des solutions innovantes et qui ont besoin de son expertise pour croître. Elle s’intéresse particulièrement à de jeunes pousses dont l’objectif est de contribuer au mieux-être humain et à la durabilité environnementale.
« Nous ne sommes pas la saveur favorite de tous les entrepreneurs, mais ceux qui comprennent comment on peut les aider sont très excités par ce qu’on fait, note Mario Venditti. On est là pour plusieurs années. Idéalement, on prend une participation de 15 % à 30 % de l’entreprise, mais nous sommes parfois majoritaires. »
Créé au Québec
Jusqu’à présent, Innovobot a réalisé huit investissements. Cela s’est fait directement de ses propres poches comme avec Heyday, qui fait de l’IA conversationnelle, et sur laquelle elle a capitalisé lorsque la jeune pousse a été vendue à Hootsuite pour 60 millions de dollars en 2021. Ce fut également le cas pour des start-ups comme MileBox, qui produit des vélos cargos de livraison, Independent Robotics, qui améliore les machines autonomes avec de l’IA et Azzera, qui offre une solution de gestion des émissions polluantes. Elle investit aussi à travers son récent fonds de capital-risque Innovobot Résonance Ventures, qui a placé ses billes dans CarbiCrete, qui offre une solution pour produire du béton sans ciment et sans empreinte carbone.
« Tout le travail qu’on fait est au Québec, explique le patron. On est très fiers de ça. Pendant la Covid, c’était dur de grandir, mais depuis avril 2022, on a lancé notre premier laboratoire officiel en interaction humain-machine, puis d’autres en robotique et en internet des objets. »
Ces laboratoires servent non seulement à desservir les entreprises dans lesquelles Innovobot investit, mais aussi à s’associer à de grandes entreprises qui font appel à elle pour développer des produits innovants.
« On ne vend pas nos services pour élaborer de la technologie ou pour faire des mandats, soutient Mario Venditti. On cherche à investir et à faire du codéveloppement de produit. »
Grâce à cette approche, Innovobot a créé un robot haptique avec le géant américain Dell ainsi qu’un écran tactile avec Microchip Technology, TDK et BOE Varitronix. Pour ces projets, l’entreprise montréalaise investit et partage les revenus avec ses partenaires.
Attirer des investisseurs institutionnels
Son équipe d’ingénieurs, d’informaticiens et d’autres spécialistes a enregistré plus de 750 brevets aux États-Unis. En plus de faire du prototypage, de la conception de logiciel et du design, l’entreprise se focalise aussi sur le développement de la propriété intellectuelle et sur une gamme complète de stratégies de commercialisation, allant de la gestion de produit au service à la clientèle, en passant par la mise en marché, etc.
Pour stimuler sa croissance, Innovobot cherche à attirer des investisseurs institutionnels pour ses prochains projets. « Cela se matérialisera peut-être cette année, croit Mario Venditti. Cela nous donnerait la chance d’investir dans des projets plus grands et plus complets. »
En novembre dernier, elle a également conclu une entente avec l’Université McGill afin d’accélérer la commercialisation des technologies issues des recherches menées par les professeurs de cette institution anglophone montréalaise.
En désirant réaliser de 12 à 15 investissements d’ici trois ans et doubler la taille de son équipe, la PME veut contribuer à stimuler l’écosystème d’innovation québécois.
Cet article a initialement été publié dans l’édition papier du journal Les Affaires du 24 janvier.