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2022: une année riche en investissements, mais…

Claudine Hébert|Publié le 15 mars 2023

2022: une année riche en investissements, mais…

« Dans son ensemble, 2022 s’affiche comme la deuxième année la plus importante pour le capital de risque (2,46 G$) au Québec », signale le PDG de Réseau Capital, Olivier Quenneville. (Photo: 123RF)

FINANCEMENT D’ENTREPRISE. L’incertitude économique et géopolitique, les perspectives d’une récession et l’augmentation des taux d’intérêt ont commencé à peser sur les activités de capital d’investissement au Québec. Malgré tout, l’année 2022 s’est avérée active, soutient le président-directeur général de Réseau Capital, Olivier Quenneville.

Depuis 2013, cet organisme suit de près les activités de l’industrie du capital d’investissement au Québec. En collaboration avec le Canadian Venture Capital and Private Equity Association (CVCA), Réseau Capital produit régulièrement diverses analyses représentatives du marché de l’investissement de la province.

« Dans son ensemble, 2022 s’affiche comme la deuxième année la plus importante pour le capital de risque (2,46 G$) au Québec », signale le PDG de Réseau Capital. Il s’agit d’un recul de 14 % sur les capitaux de risque investis en 2021 (2,87 G$) qui constituait une année record. Le nombre de transactions affiche également une diminution passant de 192 en 2021 à 153 en 2022. « Ce nombre demeure tout de même supérieur à la moyenne historique des dix dernières années », précise Olivier Quenneville qui cosigne le rapport Aperçu du marché québécois du capital de risque et du capital de développement 2022.

Ce sont, dit-il, les entreprises des secteurs des technologies de l’information et des communications (TIC) qui dominent le tableau en termes de montant investi en capital de risque avec plus de 1,3 G$, soit 56 % des investissements, poursuit l’analyste. Les Montréalaises Paper Edu (342 M$) et Talent.com (142 M$) ainsi que la Québécoise LeddarTech (147 M$) figurent parmi les principales transactions de capital de risque déclarées au Québec. Ce sont essentiellement des entreprises des sciences de la vie, des énergies propres et de l’agroalimentaire qui se sont partagées les autres parts du gâteau.

 

Plus de transactions, moins d’argent

Au chapitre du capital de développement, l’année 2022 s’est conclue par un nombre de transactions record avec 550. Il s’agit d’une hausse remarquable de 16 %, signale l’équipe de Réseau Capital. D’ailleurs, le Québec continue de maintenir sa position de tête au Canada pour les investissements en capital de développement. À elle seule, la province représente 62 % des transactions et 58 % des montants investis au Canada en 2022. Les transactions impliquant WSP Global inc. (460 M$), Garda World (300 M$), Pomerleau (150 M$) et Synex Business Performance Group (100 M$) ont justement représenté près de 20 % des montants investis en 2022.

Les montants investis en capital de développement dans la Belle province (5,84 G$) affichent tout de même une baisse substantielle de 37 % en comparaison à ceux de 2021. La taille moyenne des transactions en 2022 (11 M$/transaction) demeure également sous celle de 2021 (20 M$/transaction), soulève le rapport de Réseau Capital.

« Il s’agit d’un changement de dynamique dans ce type de financement », observe Simon Pelletier, directeur du centre d’expertise de Réseau Capital, qui a cosigné le rapport. « Il faudra surveiller les mouvements financiers de l’année 2023 et voir comment vont s’ajuster les quelque 250 principaux acteurs de l’industrie du capital de l’investissement », ajoute cet expert.

 

Un ralentissement notable

De l’avis de Stéphan Morency, vice-président et chef de l’investissement chez Fondaction, les investisseurs de capital privé ont déjà commencé à mettre le pied sur le frein. « Leurs investissements ont déjà fondu d’au moins 25 % en 2022. Et ce ralentissement continue de s’accélérer depuis le début de l’année », observe cet expert. Il y a encore, note-t-il, beaucoup d’argent dans le marché, mais les investisseurs privés ne veulent pas faire d’erreurs. Ils sont plus sensibles sur la période du retour de leur investissement. « Ce qui laisse présager que les joueurs des fonds institutionnels, comme le nôtre, qui favorisent des rendements à plus long terme, seront davantage sollicités dans les mois qui viennent », soutient ce gestionnaire de Fondaction.

Un scénario qu’anticipe justement Simon Pelletier de Réseau Capital pour l’année 2023. « Le Québec détient un écosystème financier particulier qui le distingue des autres provinces avec une forte présence des investisseurs institutionnels, tels que Desjardins Capital, le fonds de solidarité FTQ, Fondaction, la Caisse de dépôt et placement du Québec… », dit-il. D’ailleurs, conclut-il, huit des investisseurs les plus actifs au pays en 2022 étaient basés au Québec. Des acteurs financiers qui vont continuer d’être sollicités en 2023.