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Des investisseurs prêts à donner un coup de main

Claudine Hébert|Publié le 15 mars 2023

Des investisseurs prêts à donner un coup de main

Investissement Québec, Réseau Capital et Fonds de solidarité FTQ sont prêts à donner un coup de main aux entreprises dans le besoin. (Photo: 123RF)

FINANCEMENT D’ENTREPRISE. Bien que l’industrie du financement affiche un repli de la part des acteurs en capital de risque privé au cours des derniers mois, les joueurs institutionnels, eux, se disent prêts à intervenir pour aider les entreprises à braver la tempête qui vient.

« Depuis toujours, nous sommes reconnus pour être des acteurs anticycliques de l’investissement. Ça fait partie de notre mission », soutient Jocelyn Beauchesne, premier vice-président Réseau régional à Investissement Québec.

Lors de la pandémie, le programme Pacte du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) en est un exemple, soutient ce gestionnaire. « Nos outils de financement sont venus à la rescousse de nombreuses entreprises touchées par le contexte pandémique. Ce qui leur a permis, dans une très grande majorité, de passer au travers de cette crise. À ce propos, de telles mesures pourraient fort bien réapparaître sous une autre forme si une récession se pointe le bout du nez », avance-t-il.

Contrairement à plusieurs autres acteurs du financement, Investissement Québec a la capacité d’établir des moratoires de capital allant d’un à quatre ans, affirme Jocelyn Beauchesne. « Le programme Essor permet même d’accorder des prêts sans intérêt. Un programme qui a été adapté en décembre dernier afin d’être encore plus flexible » souligne le dirigeant. En 2022, les transactions inscrites au programme Essor et autre formule similaire ont dépassé les 690 millions de dollars (M$), avise-t-il.

 

C’est le temps des bonnes occasions

Pourquoi investir en temps de crise ? « Parce que c’est une période où les entreprises innovent, renchérit Dany Pelletier du Fonds de solidarité de la FTQ. Ce sont des périodes particulières où l’on voit émerger des opportunités d’affaires inexistantes. »

À ce chapitre, Réseau Capital qui analyse le marché de l’investissement depuis dix ans confirme que le réflexe de survie sert à l’économie du Québec. Son directeur du centre d’expertise, Simon Pelletier cite en exemple le déclin de l’industrie pharmaceutique, qui a été marquée par le départ de plusieurs pharmaceutiques au tournant des années 2010. « Cette crise, note-t-il, a entraîné un recyclage de talents permettant la naissance de dizaines de nouvelles entreprises en biotechnologies. Des jeunes start-up dont les dirigeants disposaient d’un large réseau de contacts, un facteur très apprécié par les investisseurs. »

 

Une autre avenue: le financement participatif

Par ailleurs, le financement participatif demeure également une avenue. Un mode de financement qui pourrait d’ailleurs être fort populaire avec le spectre d’une récession, croit Frédéric Auger, président et directeur général de La Ruche.

Depuis son lancement en 2013, l’organisme est venu en aide à plus de 1500 entreprises au Québec. Lors d’un récent sondage mené auprès de 400 projets entrepreneuriaux ayant fait campagne sur la plateforme entre 2019 et 2021, 98 % des 183 répondants étaient toujours en activité, signale fièrement le dirigeant de La Ruche. Il souligne que son organisation est présente dans plus d’une douzaine de régions au Québec. Le service déploiera des équipes dans Lanaudière et la Côte-Nord d’ici juin. Les Laurentides, l’Abitibi-Témiscamingue ainsi que le Nord-du-Québec s’ajouteront d’ici l’automne.

De l’avis du gestionnaire de la plateforme, cette plateforme offre une excellente analyse de marché. « Pour bénéficier de l’accompagnement de cette plateforme de financement participatif, les entreprises doivent démontrer que leur produit ou service aura un impact local. Elles ont donc intérêt à avoir de bons amis et un réseau de contacts établis au sein de leur communauté. »

La Ruche, ajoute-t-il, a même développé un programme exclusif de financement additionnel en collaboration avec des organismes locaux prêts à égaler les montants obtenus lors du financement participatif. Mais attention, avertit le dirigeant. Peu importe la formule, la règle est très claire. « Pour toucher au financement, les entreprises doivent atteindre leur objectif. Autrement les participants sont remboursés », explique Frédéric Auger.

 

Des contacts utiles

« Si l’on part de zéro, très peu de chances que la formule fonctionne », poursuit Me Philippe Brouillette, avocat en propriété intellectuelle qui propose la plateforme de sociofinancement GoTroo. Depuis 2015, sa plateforme est venue en aide à une vingtaine d’entreprises un peu partout au pays.

Lui aussi est convaincu que le financement participatif sera une option fort populaire dans les mois qui viennent pour les entreprises en démarrage. « C’est un financement qui se situe entre le love money et le soutien financier des Anges. Il permet d’aller chercher des montants entre 50 000 $ et 300 000 $. Ce processus n’est pas plus simple que d’aller frapper à la porte des institutions de financement traditionnelles. En revanche, il constitue une avenue pouvant servir instantanément d’analyse de marché. »

Et justement une réponse positive, soutiennent nos deux experts en sociofinancement, peut servir de solide levier pour passer à l’étape des investisseurs de capital reconnus.