Chloé Legris, présidente-fondatrice et cheffe de l’innovation à Espace-inc un service aux entreprises qui accompagne plus de 80 jeunes pousses et PME annuellement sur divers aspects, dont la ronde de financement. (Photo: courtoisie)
FINANCEMENT D’ENTREPRISE. Peu importe la situation économique, une entreprise qui désire se lancer dans une ronde de financement ne devrait jamais aller cogner à la porte des investisseurs sans être solidement préparée. Et plus particulièrement si ces investisseurs font partie de ses éventuels partenaires de rêve.
C’est ce que conseille fortement Chloé Legris, présidente-fondatrice et cheffe de l’innovation à Espace-inc un service aux entreprises qui accompagne plus de 80 jeunes pousses et PME annuellement sur divers aspects, dont la ronde de financement. « Un investissement prend en moyenne 6 à 12 mois à mener à terme. Il ne faut pas négliger son importance et ses enjeux », insiste-t-elle.
Non seulement l’équipe de direction doit préparer plusieurs documents sur ses activités, mais elle doit être prête à recevoir mille et une requêtes de la part des investisseurs qui vont examiner leurs demandes sous toutes les coutures, avise-t-elle. Si l’entreprise n’est pas en mesure de répondre aux questions, le processus devient interminable et l’investisseur peut passer au dossier suivant.
« En fait, la clé pour réussir sa ronde de financement est de bien connaître l’écosystème dans lequel on se lance », précise la gestionnaire de l’organisme en affaires depuis 2015. Quels sont les investisseurs sur le marché et le type d’investissement qu’ils favorisent ? Quels sont leurs forces, leurs qualités et leurs intérêts financiers ? Qui dans notre entourage peut nous introduire auprès d’eux ? À ce propos, Espace-inc suggère fortement aux entrepreneurs d’approcher certains investisseurs pour tâter le terrain… avant même d’avoir besoin de financement. « Ça ne coûte rien de leur demander des conseils et quelles sont leurs attentes auprès des entreprises qu’ils acceptent de commanditer. Cette stratégie, explique-t-elle, fait partie des conditions gagnantes. »
Espace-inc, qui travaille essentiellement avec des entreprises dont le chiffre d’affaires varie de quelques centaines de dollars à près de cinq millions de dollars (M$), favorise une approche d’accompagnement. « Chaque PME est mise en relation avec une entreprise qui a vécu le même type d’expérience. Cette stratégie de partage d’expérience aide l’entrepreneur à accélérer ses compétences de façon concrète et à mettre en place un bon plan de match », note Chloé Legris.
Les conditions gagnantes
De leur côté, les investisseurs recherchent des entreprises aux conditions gagnantes. Au Fonds de solidarité FTQ, l’équipe menée par Dany Pelletier mise sur la solidité du plan d’affaires ainsi que de ses dirigeants. Le plan de croissance ainsi que la maturité ESG des entreprises font partie des facteurs clés. Le gestionnaire rappelle que les investissements du siège social du Fonds sont de plus de 5 M$, alors que ceux des Fonds régionaux vont de 100 000 $ à 5 M$. Les fonds locaux, qui sont administrés par des organismes partenaires, offrent du financement de moins de 100 000 $, avec une moyenne de 30 500 $ au cours de leur dernier exercice, précise-t-il. Même discours chez Investissement Québec dont les transactions de capital frôlent les 1,3 milliard de dollars (G$) en 2022, selon les données de Réseau Capital. « Quels sont les résultats financiers des entreprises ? Ont-elles les reins assez solides pour passer au travers des prochains écueils de l’économie ? Ce sont des fondamentaux qu’analysent nos équipes chez Investissement Québec afin que l’on s’associe avec les bons projets » soulève son premier vice-président Réseau régional, Jocelyn Beauchesne.
L’aide d’Investissement Québec n’a pas vraiment de montant limite, indique le gestionnaire. Il précise que les participations d’équité de son institution ne dépassent pas habituellement 10 et 15 %. Mais peut parfois atteindre jusqu’à 30 % des parts.
La bonne attitude
Enfin, il va de soi que l’arrogance n’est pas de mise. Et ce, des deux côtés de la table, avertit Chloé Legris. Propos que soutient Christopher Gillam, vice-président, soutien et stratégie de BDC Capital dont les transactions en capital de développement ont frôlé les 270 M$ au Québec l’an dernier, selon les données de Réseau Capital. « L’entreprise doit être à l’aise avec ses futurs partenaires financiers. Si la relation coince dès les premières discussions, ce n’est pas le bon partenariat », soulève cet expert.
Certes, l’entrepreneur doit accepter de diluer la valeur de ses parts au sein de son entreprise. Il s’agit d’un processus qui est très exigeant, reconnaît-il. « Le principal avantage pour l’entreprise d’aller chercher du capital d’investissement, c’est de pouvoir bénéficier d’un morceau dans un bien plus grand gâteau », dit-il. Sans compter que l’expérience lui permet de cheminer en compagnie d’experts en capital de risque ou d’investissement. Et ça, d’insister Christopher Gillam, c’est aussi payant que le montant qui lui est accordé !