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FOCUS CENTRE-DU-QUÉBEC. La consommation de kombucha, cette boisson millénaire à base de thé vantée pour ses propriétés bénéfiques pour la santé, a explosé ces dernières années. Au grand plaisir de Kefiplant, une entreprise de Drummondville qui a développé un procédé unique pour la fermentation de plantes biologiques justement utilisées par les fabricants de kombucha. Et ce, partout en Amérique du Nord et même en Australie.
La popularité grandissante du kombucha est telle que la PME vient d’ailleurs d’investir 10,6 millions de dollars dans l’agrandissement de son usine et l’acquisition de nouveaux équipements, afin de pouvoir augmenter sa capacité de production et ainsi répondre à cette demande sans cesse croissante. À preuve : en dix ans, le marché du kombucha serait passé de quelques millions à 1 milliard de dollars américains et les revenus pourraient atteindre 5 G$ US d’ici 2025, estime la firme de consultation Grand View Research.
« Il y a un fort engouement depuis plusieurs années et ça ne se dément pas. On suit le rythme », confirme la fondatrice Chantale Houle, en précisant que la hausse des revenus de Kefiplant est tout aussi exponentielle, ayant plus que doublé chaque année depuis six ans.
La recette du succès
Chantale Houle s’est lancée dans cette aventure en 2004, à 34 ans, après avoir quitté l’entreprise familiale de son père, un fabricant de planchers de bois francs, avec l’objectif de lancer sa propre entreprise qui refléterait davantage ses désirs et intérêts. « J’ai décidé de prendre une année sabbatique pour réfléchir à mon avenir et à mon projet d’entreprise », raconte-t-elle.
Il lui est clairement apparu que les plantes allaient jouer un rôle essentiel dans cette future aventure, de même que le volet alimentation-santé. Après avoir jonglé avec l’idée de se lancer dans la culture de fleurs ou de tomates, ses recherches sur Internet lui ont permis de découvrir le kombucha. « À l’époque, il n’y avait que deux ou trois petits joueurs américains. J’ai pressenti qu’il y avait un grand potentiel de développement », se rappelle-t-elle. L’avenir allait de toute évidence lui donner raison.
Comme bien d’autres qui ont essayé depuis, elle s’est alors mise à concocter ses propres recettes de kombucha dans sa cuisine. Sans grand succès. « Les essais n’étaient pas concluants parce que je ne connaissais rien aux procédés de fermentation symbiotique », explique-t-elle.
Ces échecs l’incitent donc à adopter une approche plus scientifique. Elle se tourne vers un bactériologiste français, expert en la matière, qui accepte de collaborer avec elle pour trouver la bonne recette. Kefiplant consacre alors ses trois premières années d’existence à des travaux de recherche et développement qui, en 2007, mènent au dépôt d’un brevet portant sur ses méthodes de fermentation de plantes.
Elle décide du même coup de ne pas se lancer dans la production de kombucha, mais plutôt d’offrir ses produits de fermentation aux fabricants qui, eux-mêmes, « n’avaient pas l’expertise de produire du kombucha de qualité, selon les règles de l’art », explique Chantale Houle.
Kefiplant se dote alors d’une usine sans même avoir de clients, sinon de très petits volumes de ventes. Jusqu’en 2010, elle vivra des années d’apprentissage. « Elles m’ont enseigné la confiance en soi et l’importance de continuer malgré les obstacles. Mais quand le marché s’est emballé, j’étais prête », souligne-t-elle.
Aujourd’hui, ses produits de fermentation se retrouvent dans une trentaine de boissons de Kombucha vendues aux États-Unis qui génèrent plus de 80 % de ses revenus. L’Australie accapare plus de 10 % de ses ventes, le Canada le reste. Des pourparlers sont en cours avec des clients potentiels en Europe et en Asie.
Nouveau marché
L’innovation est toujours au coeur de cette entreprise qui consacre 10 % de ses revenus à la recherche et développement. Kefiplant vient d’ailleurs de déposer un autre brevet pour un nouveau produit. « On a réussi la fermentation symbiotique d’une plante qui a un goût très sucré et pourrait être utilisée comme édulcorant naturel hypocalorique », précise Chantale Houle.
Or, ce produit pourrait donc faire concurrence notamment au stévia, cet édulcorant largement utilisé dans l’industrie des aliments et les boissons. « Nous avons le produit idéal pour une industrie qui veut réduire les calories et le sucre », affirme Mme Houle qui précise que certains fabricants de boissons gazeuses et énergisantes en font présentement l’essai.
Si les résultats s’avèrent concluants, ce nouveau produit lui ouvrirait toutes grandes les portes d’un plus vaste marché puisque celui du kombucha, bien que populaire, ne représente qu’environ 1 % de l’ensemble de l’industrie des boissons.
Entre temps, l’entreprise se prépare à déménager dans sa nouvelle usine qui accueillera 26 nouveaux employés pour porter ses effectifs à 45 d’ici la fin de l’année. Kefiplant a bénéficié d’un prêt de 5 M$ du gouvernement du Québec et d’un prêt remboursable de 750 000 $ de Développement économique Canada pour la construction de cette nouvelle usine qui, selon Mme Houle, pourrait déjà être trop petite dans un an ou deux.