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Âgé de 20 ans, ce Rimouskois est aux commandes d’Orbit 3D

Emmanuel Martinez|Publié le 04 janvier 2024

Âgé de 20 ans, ce Rimouskois est aux commandes d’Orbit 3D

Fabien Gaudreau a construit sa première imprimante 3D à 14 ans. (Photo: courtoisie)

FOCUS RÉGIONAL. Peut-être que dans 40 ans, un film sera tourné sur la vie de l’entrepreneur Fabien Gaudreau, de Rimouski. Il faudra attendre de voir si Orbit 3D, l’entreprise d’impression de pièces 3D fondée par le jeune homme de 20 ans, connaîtra un vif succès. Mais les éléments pour un excellent scénario sont déjà là.

Celui qui a abandonné le cégep pour lancer sa PME dans le garage de ses parents est un autodidacte dans l’âme. À l’âge de 14 ans, il construit une imprimante 3D avec du bois. Cette idée lui est venue après avoir participé à l’élaboration d’un robot l’année précédente au club de robotique Rikitik de Rimouski.

« C’est sûr à 100 % que cette expérience a forgé ma passion pour l’ingénierie et l’entrepreneuriat, confie-t-il en entrevue. Il fallait tout apprendre par nous-mêmes pour créer un robot de métal. On allait sur YouTube pour se guider. »

Même si l’armature de cette première imprimante 3D est en « contre-plaqué coupé un peu croche », Fabien Gaudreau estime que tout fonctionne bien. Il s’en sert d’ailleurs pour en fabriquer une deuxième, élaborée avec des pièces construites par sa première machine.

De plus en plus spécialisé, il en réalise une troisième qu’il dessine lui-même et qui est montée encore une fois à partir de pièces produites par la précédente. Puis, une quatrième machine voit le jour en 2022. C’est une de celles qu’il utilise pour sa PME.

« Chaque modèle était mieux que la version antérieure, mentionne-t-il. Pour les concevoir, je me suis basé sur une communauté Internet de personnes passionnées qui travaillent sur les imprimantes 3D en projet à code ouvert. »

 

Un jeune expert

Les moteurs, les guides linéaires, les courroies, les éléments chauffants et les autres composants de ces machines n’ont plus de secrets pour lui. Le jeune homme a englouti des milliers de dollars de ses propres économies pour nourrir cette passion.

« Je mettais tout mon argent de poche là-dedans, explique-t-il. Je travaillais 20 h par semaine au IGA et je ne dépensais pas grand-chose. »

L’idée de lancer son entreprise est venue en constatant qu’il existe une demande pour le prototypage de pièces 3D. Fabien Gaudreau l’a d’abord remarqué grâce à son père, ingénieur, dont l’entreprise conçoit de l’équipement pour les scaphandriers .

Il a donc pigé dans ses propres fonds en plus d’obtenir des prêts et des subventions auprès de sociétés de développement économique local et chez Desjardins. Il a rassemblé plus de 100 000 $ pour son projet entrepreneurial. 

Le jeune homme a suivi une formation en entrepreneuriat de six mois pour en apprendre davantage sur le lancement d’une entreprise, l’élaboration d’un plan d’affaires et d’études de marché, l’établissement de prévisions financières, etc.

 

Poursuivre son expansion

Orbit 3D offre des services de prototypage ou de fabrication de pièce rapide avec une imprimante 3D basée sur une technologie de dépôt de fil fondu. Le plastique liquide est placé avec précision pour créer la forme désirée.

« Je fais de la conception et de l’impression de pièce, détaille Fabien Gaudreau. Le client arrive avec une pièce brisée ou qu’il veut reproduire. On le conseille, puis on travaille avec différents types de plastique et du caoutchouc. »

Que ce soit pour une armature de composants électroniques, des pièces pour des voiliers et même des serres pour des tables lors d’un mariage, la PME répond à diverses demandes sur mesure pour des entreprises et des particuliers. Puisqu’il n’a pas besoin de concevoir un moule pour produire une pièce, il est capable de les livrer en 24 h. De plus, chaque morceau est facilement personnalisable.

« Cela ne coûte pas plus cher de faire une pièce différente d’un même volume, affirme-t-il. Je peux faire 60 morceaux différents pour un prix identique. C’est un gros avantage. »

Environ les trois quarts de sa clientèle se trouvent dans la région de Rimouski, mais il reçoit aussi des commandes de Montréal et Québec.

Son inventivité déborde également du côté informatique. Avec un ami programmeur, il a développé une plateforme de soumissions qui est accessible sur son site web. « Les clients peuvent soumettre leur projet et on leur offre un prix, précise-t-il. Les ventes augmentent continuellement même si on a arrêté de faire de la publicité. »

Il faut dire que celui qui travaille seul avec des contractuels met déjà son argent et ses énergies pour croître davantage. Un de ses défis est de s’attaquer au marché des prothèses dentaires. Il est présentement en phase de test.

Fabien Gaudreau voit donc grand. Il quittera bientôt le garage de ses parents, puisqu’il se magasine un local. Il compte également s’envoler du nid familial. La suite du récit s’annonce ainsi captivante pour lui.

 

Cet article a été publié dans l’édition du journal Les Affaires du 8 novembre 2023.