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Braver: une plateforme pour dégripper le système de santé

Isabelle Delorme|Édition de la mi‑Décembre 2023

Braver: une plateforme pour dégripper le système de santé

Marie-Lou Gagnon et Mathieu D’Amours, cofondateurs de la plateforme Braver (Photo: Première ligne en santé)

FOCUS RÉGIONAL. Avoir le courage de faire autrement : c’est cette ambition qui a inspiré le nom de l’entreprise Braver, établie à Québec. Ses cofondateurs, Marie-Lou Gagnon et son compagnon Mathieu D’Amours, ont développé une plateforme sécuritaire qui permet aux professionnels de santé de mieux se coordonner en quelques clics. 

« Je traitais des patients avec des problématiques complexes et j’avais toujours des difficultés à travailler en équipe avec les autres professionnels de santé parce qu’il était difficile de leur parler », raconte Marie-Lou Gagnon, qui préside l’entreprise. Lorsque la physiothérapeute partage cette réalité le soir avec son compagnon, développeur de logiciel et expert en cybersécurité, ils imaginent une solution pour améliorer cette communication grippée. 

Leur entreprise de dix employés, fondée en 2019, a lancé la commercialisation de son application multi plateformes (mobile et web) en 2022. Cet outil de communication fonctionne un peu comme iMessage ou Messenger tout en étant adapté au domaine de la santé, décrit Marie-Lou Gagnon. Il permet par exemple à un physiothérapeute de demander au médecin de famille d’un patient si une imagerie serait pertinente, ou à un pharmacien d’hôpital de mieux se coordonner avec un pharmacien communautaire. « Grâce à Braver, un patient de l’hôpital de Montmagny a pu démarrer un sevrage médicamenteux dès sa sortie sans attendre d’obtenir une prescription médicale, illustre la présidente. L’échange d’informations optimisé entre les deux pharmaciens lui a permis de gagner plusieurs semaines pour arrêter un médicament entraînant des effets secondaires et présentant un risque de dépendance. »

 

Un réseau interprofessionnel et sécuritaire 

Les membres du réseau Braver peuvent échanger toutes sortes d’informations au sujet des patients et partager des documents en toute confidentialité. « Ce qui distingue Braver des logiciels qui existent sur le marché, c’est qu’il peut être utilisé par une organisation en interne pour ses employés, mais qu’il permet aussi de briser les silos du logiciel utilisé, du lieu de travail ou de la profession grâce à notre engin d’intégration qui permet de faire des ponts entre les systèmes », explique Marie-Lou Gagnon. Cette perspective de collaboration interprofessionnelle et intersectorielle plus efficace (dans le réseau public, privé et communautaire) est particulièrement pertinente pour les patients atteints de maladies chroniques ou âgés.

La sécurité de la plateforme, qui est commercialisée sous forme d’abonnement mensuel par nombre d’utilisateurs, a été soignée. « Nous étions convaincus de l’importance de construire dès le départ une solution qui respecte les plus hauts standards de cybersécurité », précise la cofondatrice qui a obtenu une certification TGV du Bureau de certifications et d’homologation (BCH) du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec.

 

Des ambitions internationales 

La jeune pousse en santé numérique se porte bien, avec un revenu annuel récurrent (ARR) de 300 000 $ et un déploiement en cours dans 24 maisons des aînés, maisons alternatives et centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) regroupant près de 2000 patients. Elle a conclu en 2022 un partenariat avec l’entreprise Gustav, qui commercialise un logiciel intégré de gestion des soins et services cliniques pour ce type d’établissements, avec qui elle réalise ce développement. 

Des milieux aussi divers que la santé mentale, les services à domicile ou de première ligne, s’intéressent aussi à la plateforme, indique Marie-Lou Gagnon qui ambitionne de « devenir le plus grand réseau de professionnels de la santé pour catalyser leur collaboration et leur permettre de communiquer sans friction à la hauteur des besoins des patients ». Au-delà du Québec et du Canada (l’entreprise se lance dans l’Ontario), elle perçoit un bon potentiel de croissance dans certains pays du Commonwealth comme l’Australie ou Singapour, dont les systèmes de santé sont assez similaires.

Actuellement en ronde de financement (la quatrième), la présidente recherche des soutiens qui comprennent le milieu de la santé : « C’est un marché particulier avec des dynamiques particulières. Nous aimerions trouver des financeurs qui peuvent aussi nous apporter une intelligence d’affaires », dit celle qui annonce pour 2024 de nouveaux partenariats qu’elle ne peut pas encore dévoiler, mais qui « auront un impact majeur dans l’écosystème de la santé québécois ».