Des capteurs pour détecter les charges de neige sur les toits
Emmanuel Martinez|Publié le 17 janvier 2024Maxime Lavigueur a créé Tensio avec la firme Can-Explore en 2020. (Photo: courtoisie)
FOCUS RÉGIONAL. Maxime Lavigueur rêve du jour où ses capteurs qui servent à détecter les charges de neige sur les toits de bâtiments commerciaux, institutionnels et industriels feront partie des équipements de base de ces édifices.
Tensio, qu’il a créée avec la firme Can-Explore en 2020, propose une solution unique pour éviter des dégâts à la structure d’un entrepôt, d’une école, d’un aréna, d’un centre commercial ou de tout autre bâtiment avec une toiture construite avec du métal. Il s’agit de capteurs sans fil qui envoient des données aux serveurs de l’entreprise de Québec, qui les analyse et qui avertit son client en temps réel si le poids de la neige sur la toiture est trop élevé.
« Déneiger le toit d’un gros centre de distribution peut facilement coûter plus de 50 000 $, affirme le directeur général de Tensio. Il arrive que des compagnies déneigent trop ou aux mauvais endroits, ce qui revient à jeter de l’argent par les fenêtres, ou pas assez, ce qui peut entraîner des dommages onéreux. »
L’ingénieur de formation souligne que le vieillissement des édifices et le réchauffement climatique, qui provoque plus de pluie en hiver, font en sorte que de tels capteurs permettent d’économiser.
« La plupart du temps, les gens se servent de la hauteur de la neige sur le toit pour déneiger, mais la densité varie, mentionne-t-il. Dans certaines circonstances, 1 pied de neige peut peser autant que 9 pieds. S’il y a eu de la pluie, elle se compacte. »
Avec Can-Explore
L’idée de développer un tel outil est survenue à l’hiver 2019, alors que de nombreux bâtiments au Québec connaissaient des problèmes en raison des fortes précipitations. Comme les clients lui demandaient s’il existait une solution pour assurer une surveillance des toits, le cofondateur et président de Can-Explore, Louis Légaré-Lapointe, réalise qu’il y a là un marché à exploiter. Il propose alors à Maxime Lavigueur de s’y atteler, lui qui s’est spécialisé en développement de produits durant toute sa carrière et qui revenait s’installer dans la capitale nationale après avoir travaillé à Vention et à CAE, à Montréal.
Tensio voit ainsi le jour grâce aux capitaux de Can-Explore, qui possède 80 % de cette filiale, et aux efforts de Maxime Lavigueur, qui détient l’autre 20 %.
Après des tests à l’hiver 2020 dans un entrepôt de Sobeys en partenariat avec Groupe Canam, le géant des poutrelles métalliques, Tensio commence à commercialiser sa solution.
L’intérêt se fait rapidement sentir puisque l’entreprise a connu une croissance phénoménale de son chiffre d’affaires : 500 % en 2021, ainsi que 200 % en 2022 et en 2023, comparativement aux années précédentes. Ayant dépassé la barre du million de dollars annuellement, les revenus proviennent de l’achat d’équipement par les clients et de leur abonnement subséquent pour recevoir les données traitées qui sont transmises toutes les heures à Tensio.
« Notre taux de rétention est de 100 % jusqu’à présent », se réjouit l’entrepreneur.
Un avenir prometteur
Réalisant 95 % de ses revenus au Québec, Tensio fait appel aux ingénieurs et aux techniciens de Can-Explore, qui agit comme sous-traitant, pour installer ses capteurs. Ne nécessitant aucun branchement, ils envoient des signaux à des bornes placées dans l’édifice, qui les transmettent ensuite à Tensio.
« Avec une seule batterie de format D, on a huit ans d’autonomie par capteur, fait remarquer Maxime Lavigueur. Pour une bâtisse d’un million de pieds carrés, on peut en fixer six si c’est très uniforme. En moyenne, il y a 11 capteurs par bâtiment. »
En plus de transmettre des données en temps réel, Tensio offre aussi des conseils grâce à de l’intelligence artificielle en se fiant aux prévisions météorologiques à venir pour éviter d’être mal pris.
L’avenir s’annonce radieux pour l’entreprise, qui se spécialise dans des édifices plus âgés ou qui ont connu des agrandissements « Dans le monde municipal, 95 % des bâtiments datent d’avant 1989 et 30 % d’avant 1969, soutient le directeur général. Les grandes villes ont des centaines de bâtiments à gérer et elles doivent prioriser leur déneigement. On leur offre une solution clé en main pour prendre les meilleures décisions. »
L’entreprise se concentrera sur le nord du Québec et le nord-est des États-Unis à court et moyen terme, mais elle vise l’Europe et le reste de l’Amérique du Nord dans quelques années.
« Dans trois ans, on désire devenir un nouveau standard dans le bâtiment, souhaite Maxime Lavigueur. On veut que les gens de l’industrie se disent : “As-tu ton Tensio ?” »
Cet article a initialement été publié dans l’édition papier du journal Les Affaires du 13 décembre 2023.