Une PME d’ici spécialisée dans la correction d’examens en ligne
Isabelle Delorme|Publié le 12 janvier 2024Près de 100 000 copies ont été rédigées par des candidats et des étudiants sur Nexam. (Photo: courtoisie)
FOCUS RÉGIONAL. Lorsqu’elle a lancé Solution Nexam il y a quatre ans, Marie-Sophie Dionne avait mis au point une plateforme de pratiques d’examens pour préparer les candidats aux épreuves officielles des comptables professionnels (CPA). La pandémie a donné une autre tournure à la jeune pousse, devenue la première entreprise québécoise spécialisée dans la gestion et la correction d’examens numériques. Simples à utiliser, peu intrusifs et… sans triche !
En 2019, Marie-Sophie Dionne a fondé son entreprise avec deux associés, Josiane Trudel et Hubert Perron. Au programme de la plateforme : utiliser des outils d’annotation et de rétroaction intelligents pour centraliser les activités de révision, de rédaction et de correction d’examens préparatoires pour l’Examen final commun (EFC) de CPA Canada.
« Je me demandais pourquoi les examens étaient encore corrigés au stylo rouge », raconte l’ancienne correctrice d’études de cas universitaires en comptabilité. Elle observait aussi que les étudiants voulaient un retour plus précis sur leurs performances. À l’époque, les examens à distance ne faisaient pas encore partie du quotidien…
Un virage éclair
Au total, 1,6 milliard d’étudiants dans le monde ont été touchés par les fermetures d’établissements en 2020 et 78 % des examens ont été annulés ou reportés en raison de la pandémie, raconte Marie-Sophie Dionne qui a reçu pendant le confinement des demandes d’organismes de secteurs divers pour organiser des évaluations sécurisées en ligne.
Son entreprise a saisi cette opportunité pour pivoter sur une plateforme d’examen 2.0. « En un mois, nous avons développé un système robuste de captures de l’écran et vidéo par la webcam du candidat pour sécuriser les évaluations. Nous avons pu accueillir des examens certificatifs d’ordres professionnels, d’universités, de ministères ou d’autres organismes », explique l’entrepreneuse.
Le système de transcodage des vidéos de surveillance, pour lequel une demande de brevet a été déposée, permet de détecter des comportements non autorisés. La plateforme utilise également des modules de détection d’identité et prévient le plagiat en repérant les textes rédigés à l’aide de ChatGPT, par exemple.
Une croissance rapide
Près de 100 000 copies ont été rédigées par des candidats et des étudiants sur Nexam. La plateforme est notamment utilisée par des universités canadiennes, des ordres et des associations professionnelles et des ministères. « L’accès aux examens est simple et peu intrusif, car il ne nécessite aucun téléchargement ni droit d’accès à gérer et les données sont supprimées très rapidement. Cela nous distingue de nos concurrents qui ne sont pas spécialisés dans l’évaluation comme nous, mais proposent aussi des capsules d’apprentissage par exemple », précise Marie-Sophie Dionne, qui souligne aussi le niveau très avancé des grilles de correction de sa plateforme par rapport à la concurrence.
Depuis 2019, l’entreprise de six employés a doublé son chiffre d’affaires chaque année pour atteindre 600 000 $ en 2023 et vise le million de dollars en 2024. « Notre croissance est organique, sans investissement externe comme du capital de risque », précise Marie-Sophie Dionne. La jeune pousse a bénéficié de l’appui de plusieurs partenaires pour soutenir sa croissance, comme celui du Conseil national de recherches Canada (CNRC), de la Ville de Québec et du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. Elle a pu investir 674 000 $ en recherche et développement au total.
Suivre le rythme
« Les technologies comme l’intelligence artificielle vont extrêmement vite. Nous ne voulons pas manquer le bateau ! » lance Marie-Sophie Dionne qui sélectionne les éléments qui apportent la plus grande valeur ajoutée pour les intégrer dans sa plateforme. « Cela demande beaucoup d’agilité et de réactivité », souligne-t-elle.
Gérer sa croissance tout en gardant le cap est son plus gros défi. « Nous recevons des demandes constantes de clients pour procéder à des développements spécifiques qui sont toujours intéressants, mais nous ne devons pas perdre de vue notre roadmap », confie l’entrepreneuse. Son objectif à cinq ans ? Être reconnue mondialement dans la gestion et la correction d’examens sécurisés aux quatre coins de la planète.
Cet article a initialement été publié dans l’édition du 13 décembre 2023.