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Agropol: commencer par le Québec, viser la Californie

Dominique Talbot|Publié le 16 février 2024

Agropol: commencer par le Québec, viser la Californie

Bien implantés à Sherbrooke, où il est possible de trouver des prêts-à-manger Agropol «partout à moins de six minutes en auto», ceux-ci sont également bien présents ailleurs en Estrie, sur la Rive-Sud de Montréal et dans la métropole. (Photo: Facebook)

FOCUS ESTRIE. « On s’est rencontré en tranchant du jambon. » Quand Samuel Sigouin et son associé Marc-Antoine Larente travaillaient ensemble dans une charcuterie, ils étaient loin de se douter que quelques années plus tard, ils seraient à la tête d’une entreprise spécialisée dans la nourriture à base de plantes. 

Aujourd’hui à la tête d’Agropol, une entreprise de Sherbrooke spécialisée dans les prêts-à-manger à base de plantes, les deux entrepreneurs sont bien positionnés dans un marché en pleine expansion. Mais tout aurait pu mal tourner en 2020.

À leurs débuts, ils produisaient « uniquement » des micropousses qu’ils vendaient à des restaurants. Entre 80 et 90. « Mais en une journée, le 13 mars 2020, on a perdu 100 % de notre business », dit Samuel Sigouin 

« Tout ce qui nous restait, c’était un local de 1200 pi2 et des pousses. Je me suis alors posé la question : “Comment vendre plus de pousses, sans vendre plus de pousses ? ” La réponse : des salades. On s’enlignait déjà vers là, mais ç’a vraiment accéléré les choses. On l’a fait et on n’a plus jamais regardé en arrière par la suite. »

En 2020, donc, leur chiffre d’affaires était de 280 000 $. Il est passé à 750 000 $ l’année suivante, puis à 1,1 million en 2022. Cette année, ils planifient voir le compteur s’arrêter à 1,3 million.

Une croissance moindre, mais volontaire, pour optimiser les procédés et les marges. Autrement dit, pour être moins « réactionnaires » par rapport à la hausse constante de la demande. « On repense la structure de notre production pour en arriver avec une offre plus cohérente avec nos canaux de ventes. Ça veut dire : les épiceries qui ont des besoins X. Les consommateurs qui ont des besoins Y. Les campus et les cafétérias qui ont des besoins Z. On veut adapter notre offre de manière plus adéquate avec les différents marchés. On veut une approche plus agile et flexible », explique Samuel Sigouin.

 

De Sherbrooke à Toronto, en passant par le Centre Bell 

Bien implantés à Sherbrooke, où il est possible de trouver des prêts-à-manger Agropol « partout à moins de six minutes en auto », ceux-ci sont également bien présents ailleurs en Estrie, sur la Rive-Sud de Montréal et dans la métropole. Dans la province, le prochain marché visé est celui de Québec. 

Disponibles dans les épiceries, les campus, certains gymnases d’escalade et des cafétérias de grandes entreprises, les prêts-à-manger de Samuel Sigouin s’apprêtent aussi à faire leur entrée au Centre Bell cette saison.

Et les autres possibilités sont immenses. Selon une étude économique de Bloomberg en 2022, le marché de la nourriture à base de plantes, à l’échelle planétaire, pourrait passer de 29,4 milliards de dollars américains en 2020, à 162 milliards dans la prochaine décennie.

Dans cette optique, Samuel Sigouin souhaite positionner dans les cinq prochaines années son entreprise dans les principaux marchés nord-américains. Partout au Québec, évidemment, mais aussi en Ontario, en Colombie-Britannique et en Californie, un État « qui a une vingtaine d’années d’avance » dans ce type d’alimentation.

Pour le moment, le premier marché ciblé à l’extérieur du Québec sera Toronto.

 

Contrôle des coûts 

Alors que l’inflation alimentaire frappe de plein fouet les consommateurs, la nature même d’Agropol semble lui conférer un certain avantage pour contrôler ses coûts, et par conséquent, ses prix.

« La beauté de notre modèle, c’est le côté végétalien. On n’est pas affecté par le prix de la viande, du lait, des œufs, de tout ce qui est animalier. On fait affaire avec un gros distributeur qui a de bons prix. Les prix des transformateurs n’ont pas augmenté au même rythme que ceux à l’épicerie. Et nous produisons nous-même le principal intrant de nos salades : les micropousses », dit Samuel Sigouin. 

Ce qui lui permet, dit-il, d’être en mesure d’offrir son produit le plus cher à… 10,99 $. S’il se retrouve plus cher en épicerie, affirme-t-il, « ce n’est pas notre décision. »

Voilà, qui, en ces temps d’inflation, a de quoi plaire aux consommateurs. « On contrôle nos coûts au maximum pour garder nos prix le plus bas possible. Les gens ne vont pas nous adopter si nos bols sont à 18,99 $ et qu’ils sont frustrés quand ils les achètent. » 

 

Cet article a initialement été publié dans l’édition papier du journal Les Affaires du 10 octobre 2023.