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Réduire l’empreinte écologique du ski alpin dans les Laurentides

Émilie Parent-Bouchard|Édition de la mi‑septembre 2023

Réduire l’empreinte écologique du ski alpin dans les Laurentides

L'entrepreneur Alexandre Archambault aimerait franchiser son concept un peu partout: en Patagonie, dans l’Ouest américain et dans les Rocheuses. (Photo: 123RF)

FOCUS RÉGIONAL. L’entreprise Planches Lacroix, qui avait pignon sur rue dans le Mile-End à Montréal, a déménagé ses pénates au pays de la glisse l’été dernier. L’objectif ? Réinventer la manière de faire du ski tout en réduisant l’empreinte écologique de ce sport.

Le Mont-Royal était devenu un terrain de jeu trop petit pour répondre aux ambitions d’Alexandre Archambault, fondateur des Planches Lacroix. Après avoir utilisé le dénivelé de cette montagne urbaine pour développer une planche à roulettes électrique haut de gamme vendue partout dans le monde, l’entrepreneur voyait difficilement comment y tester les prototypes de son remonte-pente électrique qui permet de s’adonner au ski hors-piste en toute autonomie. 

« Ça ne marchait pas vraiment de mettre des cordes overnight sur un endroit public. Ça me semblait être une source à problèmes. Donc, je me suis mis à regarder les terrains à vendre où il y avait une montagne », laisse tomber l’avocat spécialisé en propriété intellectuelle qui a délaissé la pratique du droit pour se consacrer à son projet entrepreneurial en 2018. La demande était telle qu’elle lui a permis de tripler en cinq ans son chiffre d’affaires, désormais « dans les sept chiffres ».

 

Une transition pratique

C’est à Montcalm qu’Alexandre Archambault trouve la perle rare : un domaine de 365 acres, un dénivelé de 400 mètres — soit deux fois le sommet de Morin Heights —, et un zonage autorisant la construction d’une station de ski. Il fait ainsi d’une pierre deux coups en dénichant ce qui est tout à la fois un terrain de jeu propice aux itérations nécessaires au perfectionnement de son remonte-pente électrique, et un endroit où en accroître la production. 

« Faire de la manufacture dans 1300 pieds carrés, c’est un casse-tête incroyable. Depuis juillet 2022, on a un siège social ultra moderne de presque 5000 pieds carrés. À l’époque [où on a acheté], les taux d’intérêt étaient plus raisonnables, le pied carré était beaucoup moins cher qu’à Montréal », illustre le dirigeant. Ce nouvel emplacement lui permet aussi de tester les innovations directement sur le terrain.

 

Nouvelle expérience alpine 

Grâce à cet espace, Alexandre Archambault peut rêver grand. Il souhaite maintenant y développer un domaine privé entièrement skiable où seuls 25 skieurs installés dans de petits chalets pourront profiter de la poudreuse et du remonte-pente électrique : le Flow Ranch

« L’idée est d’en faire une maison modèle ici dans les Laurentides et d’ensuite en franchiser le concept un peu partout : en Patagonie, dans l’Ouest américain, dans les Rocheuses. Ça devient un entre-deux, une offre qui se situe dans le même type que l’héli-ski, le quad-ski, mais qui laisse une empreinte écologique inexistante et qui coûte beaucoup moins cher », dit-il. 

Finalement, il n’aura investi que quelques milliers de dollars pour éclaircir la forêt et créer un immense sous-bois skiable, alors qu’il lui aurait fallu des dizaines de millions de dollars pour développer une station de ski conventionnelle.

 

Du manufacturier à l’immobilier

Les innovations réalisées autour des trois produits phares de Lacroix ont rapidement plu à la communauté internationale des planchistes, ce qui a accéléré la croissance de l’entreprise.

Le dirigeant doit aussi ce succès à sa capacité à s’entourer des bonnes personnes. Il cite par exemple cet ingénieur brésilien qui a retenu son attention avec les dessins 3D qu’il publiait sur des forums spécialisés. « Avoir deux, trois ou quatre ingénieurs à temps plein qu’on paie dans les six chiffres, ce n’était pas possible. Sans internet, les réseaux sociaux, l’accès à ces personnes de pays où la rémunération est différente, Lacroix n’aurait pas été possible », assure-t-il. 

Pour le Flow Ranch que Lacroix souhaite développer à Montcalm, l’art de bien s’entourer est aussi névralgique. Alexandre Archambault salue à cet effet le coup de pouce offert par l’espace d’accélération et de croissance Connexion Laurentides qui l’a mis en contact avec Constellations espaces innovants, un fabricant de microhabitations autonomes, autosuffisantes et écoresponsables appelées des écopods, lui aussi nouvellement installé dans les Laurentides, à Lachute. 

« Je ne me lancerais pas dans un projet immobilier sans avoir des partenaires solides, dit Alexandre Archambault. Ça prend vraiment un village et ce village-là est très actif, positif dans les Laurentides en ce moment. »

À compter de l’hiver 2024-2025, les amateurs de glisse devraient pouvoir chausser leurs skis sur le pas de leur porte pour profiter de l’expérience nouveau genre du Flow Ranch… avant que le concept que Lacroix souhaite franchiser puisse faire boule de neige ailleurs dans le monde.