Paula Andrea Angarita a immigré au Québec avec l’idée d’importer des fruits de son pays natal, la Colombie. (Photo: courtoisie)
FOCUS RÉGIONAL MONTÉRÉGIE. Fraises, framboises, bleuets, camerises : on voudrait pouvoir étirer la saison estivale des petits fruits. La jeune pousse Lyoterra rend le rêve possible grâce à la lyophilisation. Portrait d’une entrepreneuse qui veut conquérir les parts de marchés une collation à la fois.
Paula Andrea Angarita part de loin. Titulaire d’un baccalauréat en génie industriel, forte de formations en gestion de projets et de la qualité, et dotée d’expérience dans le secteur de l’exportation de fruits exotiques depuis la Colombie, elle immigre au Québec avec l’idée d’importer des fruits de son pays natal.
Alors qu’elle suit des cours de francisation, tout en occupant un emploi de livreuse pour subvenir à ses besoins, elle décide de donner du temps à la banque alimentaire pour « redonner à sa société » d’accueil. C’est là qu’elle remarque que trop de produits reçus d’épiceries et d’autres organismes prennent le chemin de la poubelle. Un voyage en Europe lui fait découvrir la lyophilisation, un processus qui consiste à geler des aliments pour ensuite en retirer l’eau, ce qui permet de conserver toutes leurs qualités nutritionnelles.
« Je constatais qu’il y avait beaucoup de nourriture gaspillée et [qu’il existait] ce processus qui garde tous les bénéfices, les vitamines, les minéraux des aliments. Je me suis dit que j’allais changer mon projet : prendre les fruits d’ici, les aliments qui sont à la veille d’être gaspillés et les transformer. C’est le moment où est née l’idée de Lyoterra », explique-t-elle.
La formation pour bâtir son réseau
Arrivée seule au pays, la jeune entrepreneuse multiplie les formations pour réaliser son rêve. Après des cours de francisation à l’école des adultes de Saint-Hyacinthe, elle entreprend une attestation de spécialisation professionnelle en lancement d’entreprise. « L’école m’a mise en contact avec Saint-Hyacinthe Technopole, un organisme qui aide au développement économique de la région. Au début, c’était comme un rêve, on s’est dit qu’on allait le faire dans la réalité », dit celle qui est la lauréate nationale 2022 du Défi OSEntreprendre, volet Création d’entreprise.
Le rêve devient réalité, entre autres, grâce au maillage avec Just Bite, une entreprise spécialisée dans le segment de la collation qui cherchait alors à agrandir ses locaux et à avoir pignon sur rue dans la Cité de la biotechnologie agroalimentaire et vétérinaire de Saint-Hyacinthe, premier parc technologique exclusivement consacré au secteur du bioalimentaire d’Amérique du Nord.
« [Le local] était un peu trop grand : ça aidait Just Bite parce que ça diminuait ses coûts, et moi, ça m’aidait aussi parce que Just Bite a beaucoup d’expérience dans le marché de la collation », note Paula Andrea Angarita.
À la rencontre de la clientèle
Immatriculée au registre des entreprises en juin 2021, Lyoterra travaille depuis à rencontrer la clientèle pour faire goûter ses produits et surtout pour faire connaître la lyophilisation. « Ce n’est pas un produit que tout le monde connaît. Mais c’est évident qu’il y a une croissance. J’ai commencé avec trois machines, et maintenant, j’en ai huit. Cette année, je commence à avoir des ventes en ligne. Ce sont des gens que j’ai vus dans les marchés : on commence à voir les résultats du démarchage ; parler, montrer les produits », indique-t-elle.
La femme d’affaires voit d’ailleurs d’un bon œil la concurrence qui commence à émerger dans son segment dans la province. « Ça aide à faire connaître le processus, ça rend mon travail plus facile. Il y a des aliments lyophilisés qui viennent des États-Unis, de la Chine, de l’Inde. Ils sont moins chers, mais je crois que les gens vont comprendre que nous faisons l’effort ici pour faire des aliments du Québec », fait-elle valoir, misant sur la certification Aliments du Québec et sur des valeurs d’économie circulaire et de réduction du gaspillage alimentaire.
À l’avenir, Paula Andrea Angarita compte poursuivre la recherche de financement pour acquérir des équipements qui lui permettront d’augmenter ses capacités de production — déjà, des entrepreneurs l’appellent pour de la sous-traitance à volume. Puis, éventuellement, elle veut travailler au développement du marché nord-américain.
« Peut-être qu’on pourrait recevoir de l’aide étant donné que c’est un processus d’innovation, espère-t-elle. Je vais approcher certains organismes pour aller chercher une subvention, un prêt, une bourse pour acheter une plus grosse machine. Au début, on n’était pas concentrés sur les profits, on était concentrés à faire connaître le processus, les produits et leur qualité. Après, l’idée est de faire la distribution au Québec, au Canada. »
Après avoir fait la conquête des distributeurs Tau, Avril, Rachelle Béry et d’autres marchés d’aliments naturels, Paula Andrea Angarita maintient son rêve d’exportation vers l’Europe et les pays arabes. « Je travaille presque 20 heures par jour ! »