Après une maîtrise de recherche sur la gestion thermique des batteries pour véhicules électriques, Antoine Gaillardetz décide de lancer son entreprise pour accompagner la transition énergétique du secteur aérien. (Photo: courtoisie)
FOCUS RÉGIONAL MONTÉRÉGIE. La plupart des véhicules électriques sur le marché sont équipés de batteries lithium-ion (Li-ion) fabriquées en Asie. L’entreprise Volinergy développe une solution de rechange québécoise intelligente, en commençant par s’attaquer aux véhicules volants les plus légers : les drones.
La jeune pousse, établie à Saint-Dominique, s’attaque aux limites des systèmes de batteries Li-ion. Son module breveté permet d’augmenter l’autonomie des drones (+20 % de temps de vol) ainsi que la durabilité (multipliée par quatre) et la sécurité (risques atténués d’incendie des batteries). « Nos performances sont meilleures que l’ensemble de nos concurrents sur le marché nord-américain, y compris les gros joueurs chinois qui détiennent 80 % de ce marché », souligne Antoine Gaillardetz, fondateur de l’entreprise en démarrage.
Des drones qui volent plus longtemps
L’idée d’améliorer les performances et la sécurité des batteries des véhicules électriques est née alors qu’Antoine Gaillardetz effectuait un baccalauréat en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke. « En 2018 et 2019, je travaillais avec d’autres étudiants sur un projet d’électrification d’un avion à gaz, raconte-t-il. Nous avons constaté que nous disposions de moteurs électriques très efficaces, mais que les solutions de batterie qui existaient sur le marché étaient beaucoup trop lourdes pour ce genre d’applications. »
Après une maîtrise de recherche sur la gestion thermique des batteries pour véhicules électriques, il décide de lancer son entreprise pour accompagner la transition énergétique du secteur aérien en s’associant à Stéphanie Duta, rencontrée l’année précédente lors d’un événement de réseautage. « Elle avait un projet très semblable au mien et nous avons décidé de nous lancer ensemble », dit-il.
Le duo choisit les drones pour lancer ses modules de batterie à très haute capacité qui comprennent des systèmes de gestion thermique et de gestion de l’énergie. « Nous nous sommes concentrés sur ce marché accessible et capitalisable dès aujourd’hui, tandis que l’aviation électrique est plus futuriste pour le moment. Quant à l’industrie des voitures électriques, elle demande beaucoup d’investissement, car il faut fabriquer des centaines de milliers de produits avant d’être considéré par les grands manufacturiers », explique Antoine Gaillardetz.
Bientôt une usine de fabrication
L’entreprise, composée actuellement de cinq personnes, compte accélérer le décollage en augmentant sa production. « Nous sommes actuellement en précommercialisation et comptons une dizaine de clients (des fabricants de drones) dans notre pipeline de vente, principalement au Canada et en Amérique, mais aussi en Inde. Notre plus grand défi est de nous préparer à ouvrir notre usine de fabrication de produits en série en 2024, pour passer d’une vingtaine de batteries par mois au maximum fabriquées aujourd’hui à une cinquantaine par mois au minimum l’année prochaine, tout en assurant la même qualité », prévoit Antoine Gaillardetz.
En plus de la vente de batteries pour drones, la jeune pousse a développé une plateforme basée sur des algorithmes d’intelligence artificielle, qui permet de surveiller en temps réel les batteries et d’optimiser leur cycle de vie. « Pour la majorité des entreprises qui gèrent des flottes de véhicules électriques, la batterie est une sorte de boîte noire que l’on remet en valeur après une période prédéterminée par le fabricant. Notre plateforme permet de faire le diagnostic des batteries déployées dans l’écosystème pour mieux comprendre l’état dans lequel elles sont en termes de performances, de fiabilité et de sécurité, et de prolonger leur durée de vie », explique l’entrepreneur de Saint-Dominique, qui propose aussi un service de conseils en ingénierie pour les batteries.
Pour déployer ses solutions innovantes et développer son réseau, l’entrepreneur est allé chercher l’appui de plusieurs incubateurs incluant au Québec la Technopole de Saint-Hyacinthe, Centech Mtl et le CRIAQ, et Sustainable Aero Lab en Allemagne. « Cet incubateur, qui promeut les technologies pour une aviation durable, nous a permis de connaître des entreprises intéressantes en Europe. Quant au programme d’accélération innovation de CRIAQ, il nous a aidés à intégrer le marché québécois de l’aéronautique », dit Antoine Gaillardetz, qui participe au programme Propulsion de Centech Mtl jusqu’à l’été 2024 pour mieux déployer les ailes de ses batteries durables.